Ci-dessous :

"-" le communiqué de presse de la FSU

"-" le communiqué de presse du SNES-FSU

"-" un lien vers une analyse de Choukri Ben Ayed sur le site du café pédagogique

Maintenant, ouvrir les négociations pour construire la loi.

La concertation ouverte au début du mois de juillet pour la Refondation de l’Ecole vient de se terminer. Tous les acteurs de l’Education ont échangés depuis le 6 juillet dernier sur l’avenir du système éducatif. La FSU s’y est pleinement impliquée en mettant sur la table un grand nombre de propositions. Elle a jugé ces débats intéressants quand bien même des questions importantes n’ont pas toujours pu être approfondies et restent au milieu du gué.

Le rapport de la concertation dégage des questions centrales (refondation de la formation des enseignants, évolutions des pratiques pédagogiques, nécessité du travail collectif, rupture avec le socle Fillon…) où l’on retrouve parfois des propositions de la FSU mais il affiche aussi des préconisations fondées sur de pseudo consensus et majoritairement refusés par les personnels concernés ( enseignements au collège, réforme des lycées, du service public d’orientation, rapport enseignement professionnel – apprentissage, orientation de santé).

Le rapport réaffirme une priorité à l’Ecole primaire. Si la FSU est satisfaite de cette confirmation, elle veillera à ce que la loi envisage bien l’unité du système éducatif, du premier degré au lycée en articulant mieux les premier et second degrés dans le respect de leur spécificité. Le rapport évoque à peine la nécessaire articulation entre lycée et enseignement supérieur. Or, c’est en organisant la cohérence du parcours scolaire de l’élève puis de l’étudiant que l’on permettra d’en finir avec les sorties sans qualification et d’aller vers la relance de la démocratisation du système éducatif, de la maternelle à l’université.

Si des sujets ne sont pas sans lien avec le débat qui s’ouvre aujourd’hui sur la décentralisation, particulièrement en ce qui concerne l’enseignement professionnel, l’enseignement supérieur, l’orientation ou la gouvernance du système, la loi ne devra pas faire comme si des décisions étaient déjà actées.

La FSU regrette que le rapport soit particulièrement silencieux sur les personnels non enseignants. Car pour lutter contre les inégalités sociales, qui dans notre pays déterminent fortement la réussite scolaire, il faut aussi améliorer la prise en charge des jeunes par des personnels spécialisés et le renforcement des équipes pluri-professionnelles.

La bonne marche du système éducatif nécessite que soient confortées les missions des personnels administratifs, sociaux, de santé et d’encadrement.

Mais le rapport n’est qu’une étape et la loi d’orientation et de programmation devra maintenant proposer des solutions aux problèmes du système éducatif. Elle devra en cela marquer une rupture avec les politiques éducatives précédentes, associer à la réflexion les autres ministères concernés comme par exemple le MESR, en ce qui concerne la formation des enseignants au sein des universités (ESPE).

La FSU veillera particulièrement à la mise en œuvre de mesures pour les élèves les plus en difficulté et pour que soit assurée une réelle égalité d’accès à l’éducation sur tout le territoire.

Et si la loi est attendue pour améliorer la scolarisation des élèves, elle l’est aussi pour améliorer les conditions d’exercice de l’ensemble des personnels (dont le rapport ne fait pas un levier de la transformation), leur formation, leur revalorisation. Les personnels ne pourraient concevoir que les évolutions nécessaires du système éducatif conduisent à dégrader ou alourdir leurs conditions de travail.

La FSU regrette que les personnels n’aient pas jusqu’ici été associés réellement à cette consultation. Aucune réforme ne pourra se faire sans eux. Les quelques consultations de certaines académies ont été particulièrement hétérogènes tant dans leurs modalités que dans leurs contenus.

La FSU et ses syndicats s’attacheront à avancer leurs propositions, les mettre en débat en prenant l’avis des personnels sur toutes les questions posées pour la Refondation de l’Ecole.

Maintenant les travaux pratiques doivent commencer. Le temps incontournable de la négociation est venu.

Le ministre de l’Education Nationale doit préciser les objets de la négociation, la méthode et le calendrier. La FSU s’engage dans ces discussions avec la volonté de donner une nouvelle orientation au système éducatif pour assurer réellement la réussite de tous les jeunes et pour que soient programmés les moyens nécessaires pour y parvenir.



Rapport de la concertation sur la refondation de l’école : Pour le second degré, des préconisations en rupture avec l’avis des personnels concernés

8 octobre 2012 – SNES-SNEP

Le rapport de la concertation a été remis au ministre de l’Education nationale vendredi.

Il prétend pointer les consensus que les discussions ont permis de dégager, en particulier sur l’état du système éducatif aujourd’hui, et il dégage des propositions.

Les constats, qui reflètent les débats de la concertation, prennent bien la mesure des grippages actuels du système éducatif et tentent de les replacer au regard des évolutions profondes de la société française.

Mais le rapport prétend en tirer des préconisations pour le second degré qui non seulement ont été fortement contestées dans les groupes mais frappent par leur pauvreté : il ne s’agit que du recyclage de représentations convenues, nullement étayées par de quelconques études et qui n’aboutiraient qu’à affaiblir la professionnalité des enseignants sans gain réel pour les élèves.

Force est donc de constater que ces propositions concernant l’avenir du second degré et de ses personnels sont problématiques, d’autant qu’elles n’ont pas fait accord dans les débats et en particulier avec les organisations les plus représentatives des personnels enseignants.

Ainsi, l’analyse des politiques éducatives précédentes se limite-t-elle à une absence de moyens, de cohérence et d’accompagnement des réformes qui, sur le fond, ne sont pas remises en cause.

Rien n’est dit sur la dégradation continue des conditions de travail, du grand bazar dans les lycées provoqué par la réforme des voies générales et technologiques, du refus très largement exprimé par les personnels du socle commun et de son livret…

Sur ces points, le rapport s’inscrit donc dans la continuité des politiques ségrégatives mises en place notamment avec et depuis la loi Fillon, tout en développant un discours de justice sociale, partagé par toute la communauté éducative, sur l’indispensable égalité qui reste à construire.

Le rapport propose de revenir sur le socle commun de la loi Fillon pour « définir un ensemble de compétences et de connaissances obligatoires pour tous » et affirme « la nécessité d’un programme obligatoire de culture et de compétences ».

Le SNES et le SNEP sont prêts à travailler à cette définition mais le maintien de la conception « socle commun », même assorti de la préoccupation qu’il ne soit pas « conçu comme un savoir minimum », fait craindre que l’on retombe dans les travers dénoncés à propos de la loi Fillon.

Même s’il est affirmé que : « les objectifs du collège doivent clairement s’inscrire dans la double logique du socle commun de la scolarité obligatoire et de la poursuite d’études dans le second cycle », le collège est de fait recroquevillé sur la seule scolarité obligatoire, actant ce faisant que l’objectif du socle commun n’est pas la poursuite d’études et reprenant la logique de viatique portée par le socle commun de la loi Fillon.

En affirmant, sans jamais en apporter la moindre preuve, que « pour gérer l’hétérogénéité scolaire, le collège unique doit assumer la continuité avec l’école primaire », les rapporteurs justifient leurs propositions d’échanges de services entre enseignants du premier et du second degré, d’enseignement par « champs disciplinaires », ouvrant ainsi la voie au retour de la bivalence au collège et à l’installation de « réseaux du socle », même si l’expression n’est pas utilisée.

La limitation du nombre d’heures de cours au collège se traduirait par une diminution des horaires disciplinaires. Cela risque de renvoyer aux familles le contenu de ce qui ne sera plus fait en classe, aggravant ainsi les inégalités.

Couplée aux propositions de parcours culturels et artistiques en dehors de ces heures et au discours sur les fondamentaux elle fait craindre pour l’avenir des disciplines artistiques et de l’EPS.

L’absence totale de référence au sport scolaire du second degré, y compris lorsque le rapport parle de l’accès des jeunes à la culture et à la vie associative n’est pas sans inquiéter !

En ce qui concerne l’avenir du lycée, l’affirmation que « la majorité des participants à la concertation n’a pas souhaité remettre en cause la réforme en cours dans les voies générales et technologiques » fait fi de l’opinion largement majoritaire des personnels qui subissent cette réforme dans des conditions douloureuses et déstabilisatrices, réforme qui notamment, condamne les séries technologiques industrielles d’une part et la série L et les enseignements artistiques d’autre part à une mort certaine à court terme.

Les préconisations concernant l’orientation sont totalement inscrites dans le désengagement de l’Etat, anticipant les décisions à venir dans le cadre d’un nouvel acte de décentralisation. Restant cependant floues dans leur traduction concrète, elles portent de lourdes menaces sur l’avenir de l’orientation scolaire et de ses personnels.

Concernant la formation des enseignants, le SNES et le SNEP se félicitent que le rapport reprenne plusieurs des propositions qu’ils portent :

"-" pré-recrutement au niveau licence

"-" écoles supérieures du professorat et de l’éducation (ESPE) composantes de l’université ; nécessité d’un cadrage national
"-" équilibre entre formations académique et pédagogique
"-" entrée progressive dans le métier
"-" nécessité de formation continue…

Le SNES-FSU et le SNEP-FSU espèrent que la phase de négociations qui va s’ouvrir après les premiers arbitrages du ministre Vincent Peillon permettra d’éviter des choix partisans contre les personnels de second degré et ce qui fonde leur professionnalité et leur engagement dans le service public d’Education nationale, choix qui ne permettraient pas aux collèges et lycées d’assumer pleinement leur rôle dans la réussite de tous les jeunes.

Refondation de l’école : le compte n’y est pas

Par Choukri Ben Ayed sur le site du café péda