Mercredi 21 puis 28 juin 2023 à 19h    

  des citoyen-nes se sont rassemblé-es Place Aristide Briand, devant la préfecture

Appel à rassemblement contre la dissolution des Soulèvements de la Terre.

Pour rappel les mots des Soulèvements de la Terre eux-mêmes, bien loin de toute revendication « terroriste »… :

« Nous sommes des habitantes en lutte attachées à leur territoire… Nous sommes des jeunes révoltées qui avons grandi avec la catastrophe écologique en fond d’écran et la précarité comme horizon… Nous sommes des paysannes. La France n’en compte presque plus. Avec ou sans label, nous sommes les dernieres qui s’efforcent d’établir une relation de soin quotidien à la terre et au vivant pour nourrir nos semblables… »

 

Intervention de la FSU 72 le 28 juin 2023

Quelle brutalité immense que celle de la mort d’un jeune de 17 ans sous l’arme d’un policier !

Quoi de plus injuste, inacceptable, injustifiable. Autant de mots qu’a pu utiliser depuis hier soir Emmanuel Macron.

Pourtant, qu’a fait le président de la République pour diminuer la brutalité dans notre pays ?

Sa politique n’est-elle pas d’une exceptionnelle brutalité à l’égard de ses opposant·es politiques ? A l’égard du monde du travail, des milieux populaires ?

Nous sommes là parce que la violence et la répression sont des réponses devenues habituelles contre les militants et militantes qui se mobilisent pour répondre à la crise sociale, à la crise climatique, à la crise politique. Partout en France des militant·es sont fiché·es, arrêté·es, mis-es en garde à vue, certain·es sont blessé-es voire tué-es sous des grenades et des LBD, dont le Conseil de l’Europe appelle à « suspendre l’usage dans le cadre des opérations de maintien de l’ordre », afin de « mieux respecter les droits de l’Homme ».

Ainsi, défendre le commun que sont les forêts, l’eau, l’air, la terre, le vivant, cela expose à des coups, des atteintes aux personnes, des poursuites… Que de brutalité.

Le pouvoir développe un autoritarisme policier général en réponse à des violences de circonstance, à des pratiques marginales d’affrontement revendiqué. Le mouvement des retraites a été exemplaire de ce point de vue dans sa tenue.

Ce qui est défendu assidûment au fond, nous le savons, par ce gouvernement, c’est l’ordre néo-libéral, productiviste, qui fait la richesse d’une petite élite de très riches.

C’est le retour d’une aristocratie des riches, « la pire de toutes », selon la formule de Robespierre.

Au fur et à mesure que cette réalité s’éclaire, la force reste la seule alliée de ce gouvernement. Sa seule protection. Ce gouvernement la nie, mais en est l’instigateur.

A force de brutaliser l’État de droit, l’image de la démocrature se précise, ce système qui garde les aspects formels d’une démocratie, le vote, des assemblées, mais qui est gouverné par un seul à la solde d’un petit nombre.

Regardons bien si en disant cela nous serions dans un effet de grossissement, d’exagération.

Nous avons :

-Un président qui impose une réforme des retraites contre l’avis général du peuple, sans aucun vote au Parlement.

-Un ministre de l’Intérieur qui ordonne la dissolution des Soulèvements de la Terre,

-Qui envisage de faire de même à propos d’ATTAC dont la FSU fait partie,

-Qui menace la ligue des droits de l’Homme, sentinelle de la République, …

Où s’arrêtera ce reproche et cette condamnation d’agir et de penser ? Quelles oppositions seraient donc dignes d’exister pour ce gouvernement ?

On parle bien du même président qui a justifié matraquage, répression, poursuite en justice des gilets jaunes, qui réclamaient justice sociale et démocratie véritable.

Le même qui ne fait rien, ou si peu, contre le réchauffement climatique causé par l’homme. Processus qui s’annonce comme le pire crime jamais commis par les riches contre les pauvres dans toute l’histoire de l’humanité.

C’est toujours le même qui multiplie les coups contre la séparation des pouvoirs, contre la Protection sociale, contre la démocratie parlementaire.

Lui qui regrette même, de façon explicite que « la figure du roi (soit) absente de la vie politique française », au motif que « la démocratie comporte toujours une forme d’incomplétude car elle ne se suffit pas à elle-même »

C’est encore lui qui préfère se prosterner devant le cercueil de Napoléon, qui fit tomber la 1ére République de 1793 par un coup d’état, République dont nous avons fêté les 230 ans ce 24 juin.

C’est enfin lui qui refuse de commémorer les 150 ans de la Commune de Paris, car, comme l’a expliqué l’Élysée, « la République, c’est Thiers ». En disant cela Emmanuel Macron se situe dans cette lignée de République bourgeoise qui a massacré le peuple de Paris, et rejeté la République sociale et émancipatrice.

Rappelons encore ces propos qu’il a tenus : on « passe trop par la loi dans ce pays ».

Voilà le vrai visage de la start-up nation, autoritaire contre la décision et l’action citoyenne.

Mais nous le redisons la crise écologique ne pourra pas être dissoute. Et même si la FSU ne se revendique pas des soulèvements de la terre, parce qu’elle n’a pas encore cerné dans le jeu des accord et désaccords ce qui peut nourrir des dissensus ici ou là, elle dit immédiatement et sans hésitation non à leur dissolution.

Non à une dérive autoritaire de répression et d’interdiction administrative de contestations légitimes. Ce choix a d’ailleurs été condamné récemment par l’ONU qui s’inquiète du « recours à une rhétorique criminalisante des défenseurs des droits humains et de l’environnement de la part du gouvernement français» ainsi que « d’une tendance à la stigmatisation et à la criminalisation des personnes et organisations de la société civile œuvrant pour la défense des droits humains et de l’environnement qui semble s’accentuer et justifier un usage excessif, répété et amplifié de la force à leur encontre ».

La crise écologique majeure que nous affrontons mérite d’autres réponses que la justice administrative.

La FSU souligne la nécessité d’un large combat de toute la société pour la justice écologique et appelle à participer aux rassemblements unitaires et pacifiques dénonçant la décision ministérielle de dissolution.

Terminons par un retour sur le drame de Nanterre :

Le 18 août à Vénissieux, le 4 juin à Paris, le 24 avril également à Paris, le 26 mars à Sevran… en tout 13 contrôles de police se sont terminés cette année par des tirs mortels, au motif d’un « refus d’obtempérer ».

Personne ne peut plus s’aveugler sur des causes structurelles qui dépassent l’erreur individuelle.

Il y a bien une « doctrine d’usage de la force de police » qui défie la raison et provoque des drames.

Plutôt que d’envisager de participer à la marche blanche demain, l’exécutif ferait beaucoup mieux de revoir en toute urgence la doctrine de maintien de l’ordre qu’il a installée et dont ils est pleinement et dramatiquement responsable.