L’Association pour la Recherche en Didactique des Mathématiques (ARDM) se pronoce pour le retrait du projet ministériel.

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L’Association pour la Recherche en Didactique des Mathématiques (ARDM) a toujours revendiqué une formation initiale et continue des professeurs ayant à enseigner les mathématiques qui prenne en compte les résultats acquis depuis près de quarante ans par les recherches en didactique des mathématiques. Le projet gouvernemental actuel visant à recruter à l’issue d’un master 2 les enseignants du primaire et du secondaire est porteur du danger de voir disparaître cette dimension dans les formations initiales.

Malgré le flou qui l’entoure encore à six mois de sa mise en œuvre, le projet du gouvernement réussit le tour de force :

de faire croire qu’il est raisonnable d’articuler master, stage, préparation au concours, rédaction d’un mémoire au cours de la même année universitaire, sans que soit lésée la qualité de la formation reçue,

d’envisager, pour préparer à l’enseignement, des stages d’observation en classe de durée beaucoup plus courte qu’actuellement et d’une nature différente des stages en véritable responsabilité : il ne s’agit plus d’une formation en alternance (pourtant valorisée dans d’autres domaines),

de revenir, pour des raisons de nature idéologique et financière, à l’archaïsme du compagnonnage pour la formation professionnelle, notamment au cours de la première année d’exercice,

d’employer immédiatement pour un service complet, et avec les risques qui en résulteront pour la qualité de l’enseignement délivré aux élèves, des professeurs débutants venant tout juste d’obtenir master et concours, alors que la sagesse imposerait la progressivité de l’entrée dans le métier.

La place faite à la didactique devrait être centrale dans la formation des enseignants, sa connaissance un des piliers d’un métier tourné vers l’éducation des jeunes générations à travers la transmission des savoirs parce que son objet est précisément celui-là. Au lieu de cela, les quelques maquettes de masters susceptibles d’être actuellement déposées ignorent trop souvent les acquis des dix-huit années d’existence des IUFM ; elles montrent ainsi ce qui résulte d’un travail mené dans l’urgence, sans aucun recul. Ainsi la formation des enseignants, qui est toujours perfectible, fait-elle un pas en arrière considérable au lieu de recevoir les moyens d’une progression.

L’organisation d’une formation professionnelle à l’enseignement ne saurait ni prendre la forme d’un émiettement des contenus à travers une multitude d’unités d’enseignement, ni celle qui verrait un supplément d’âme généraliste, relatif à l’éducation, adjoint aux actuels masters disciplinaires. Elle doit au contraire prendre la forme d’un enseignement disciplinaire, ou pluridisciplinaire selon les cas (en particulier pour les professeurs d’école et de lycée professionnel, mais pas seulement) qui soit intégré ; c’est-à-dire associant les contenus de savoirs aux outils permettant d’identifier les problèmes relatifs à leur enseignement et d’agir afin de les traiter, ce que proposent les didactiques disciplinaires.

Parce qu’il tourne le dos à cette orientation, l’ARDM se prononce pour le retrait du projet de mastérisation de la formation initiale des enseignants tel qu’il est actuellement porté par le gouvernement. Elle souhaite l’ouverture d’un débat dans lequel les arrière-pensées politiques laisseraient place à une réflexion démocratique sur la formation, prenant en compte les acquis des recherches menées en didactique. Tel qu’il est, le projet gouvernemental est inapplicable à la rentrée 2009 ; sauf à vouloir, pour des considérations politiques, démolir durablement la formation professionnelle des enseignants de l’enseignement public.

Le 14 février 2009