L’été est toujours propice aux mauvais coups. C’est un recul social de plus d’un siècle qui a été voté en catimini en plein mois de juillet.

Le Sénat a voté le 10 juillet, en seconde lecture, le projet de loi relatif aux réseaux consulaires, aux commerces et aux services, qui a été adopté dans les mêmes termes par l’Assemblée nationale, malgré le vote négatif des députations de gauche.

L’article 14, relatif à la totale libéralisation du placement des demandeuses et demandeurs d’emploi ainsi que des salarié-es, n’a pas fait l’objet de nouvelles discussions.

En votant définitivement cette loi, la majorité parlementaire porte une lourde responsabilité. En toute discrétion et sans débat démocratique, la France opère une régression sociale la ramenant plus de cent ans en arrière, à l’époque où des émeutes, plus d’une fois sanglantes, déversaient dans la rue et contre les officines des placeurs privés appelés les « marchands d’hommes », une population ouvrière exaspérée par la misère et l’exploitation. C’est en 1904, en effet, que pour contrer les abus de ces placeurs, une loi avait limité le champ des activités qu’ils pouvaient simultanément exercer, leur interdisant par exemple de cumuler débits de boisson, restauration, hébergement et placement.

Aujourd’hui en 2010, les placeurs privés sont de retour. La logique du profit vient de nouveau envahir le champ de l’accompagnement des personnes privées d’emploi pour retrouver un travail. Autour des appels d’offres faussés de la sous-traitance de Pôle emploi se développe une affaire juridico-médiatique qui montre le visage hideux d’un monde sans foi ni loi, où la recherche du profit, voire l’escroquerie financière, se substituent à toute éthique sociale. L’arrivée en masse des entreprises de travail temporaire sur ce marché juteux fait peser une menace supplémentaire à tout le salariat : la remise en cause du droit au CDI à temps plein. Sur ce terrain, la France va plus loin encore que la directive européenne sur les services, cette dernière excluant explicitement de son champ d’application les entreprises de travail temporaire.

Le SNU pôle-emploi FSU a réussi à faire éclater sur la place publique les enjeux considérables de cette loi, votée en catimini par les député-es, les sénatrices et sénateurs de la majorité présidentielle. Nous ne nous résignons pas et chercherons toutes les opportunités pour remettre en cause cet article de loi inique. Nous n’accepterons pas que la mission d’accompagnement des chômeuses et des chômeurs pour trouver un emploi soit subordonnée à la logique du profit.