La FSU est présente à Copenhague avec les autres froces syndicales et ATTAC.

Des photos de la manifestation du samedi 12 décembre et les deux derniers communiqués d’ATTAC.

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Communiqué Attac France, 10 Décembre 2009, de Copenhague

Entre les pays industrialisés, prêts à enterrer le protocole de Kyoto,qui leur impose des contraintes particulières liées à leur responsabilité historique, et les pays du Sud et les petits États insulaires, qui veulent conserver le protocole, proposent des amendements pour une deuxième période d’engagement, entre 2012 et 2017, et lancent des appels terribles au monde et à l’ONU tout au long des réunions plénières.

Entre les pays du Sud qui demandent des financements publics conséquents et les propositions sur la table, soit 10 milliards de dollars d ?ici 2012, vécus comme une charité mal ordonnée, alors que les plus pauvres subissent déjà les conséquences du changement climatique.

Entre les fanatiques du marché comme le ministre français Borloo, qui n ?hésite pas à déclarer, « Puisque le marché a été choisi pour limiter les émissions de gaz à effet se serre, soit, alors allons-y à fond » et ceux qui pensent que la crise climatique est une affaire trop sérieuse pour être laissée aux appétits infinis de la finance globale.

Entre ceux, qui comme la délégation bolivienne affirment que la crise climatique n’est pas le problème mais le symptôme : « Si vous nous demandez si nous voulons vivre comme des américains ou des européens, la réponse est non. Non, parce que nous ne les aimons pas, mais parce que leur mode de développement est insoutenable. Voilà pourquoi nous devons changer de système. Il faut délivrer la « mère-terre » de l ?esclavage »… et ceux qui souhaitent gérer la crise climatique comme une nouvelle opportunité ou une nouvelle providence.

Le ciel est bas et le climat est lourd à Copenhague. Mais la parole des pays du Sud, omniprésente dans la conférence, relayée par les mouvements sociaux présents à Copenhague, ne peut plus être étouffée par les discours vides des pays riches.

BROWN ET SARKOZY BIENTOT ADHERENTS D’ATTAC ?

On croirait un scénario de politique-fiction. Gordon Brown, depuis treize ans gardien de l’orthodoxie financière au Royaume-Uni, et Nicolas Sarkozy, le président le plus à droite que la France ait jamais connu, décident de taxer les bonus des banquiers. Ils se prononcent pour une taxation des transactions financières, et les vingt-sept chefs d’État ou de gouvernement européens demandent au FMI « d’examiner toutes les options disponibles », y compris « une taxe globale sur les transactions financières ».

L’invraisemblable décalage n’est donc plus tenable entre les discours creux sur la « moralisation » et la « régulation » du capitalisme, et l’exaspération populaire devant les nouveaux records de profits bancaires. Effrayés devant l’ampleur abyssale des déficits publics provoqués par le sauvetage des banques et la récession, et les craquements qui annoncent de nouvelles catastrophes (Dubaï, Grèce), nos dirigeants s ?interrogent : comment faire accepter aux populations, dans ces conditions, de nouvelles réductions des dépense publiques. Attac ne peut évidemment que se réjouir de la taxation annoncée des bonus bancaires, et surtout de la montée en puissance du débat sur la taxation des transactions financières.

Pourtant les vrais responsables de la crise financière ne sont pas les traders : ce sont les gros actionnaires des banques, qui leur ont fixé des objectifs de rentabilité absurdes et insoutenables. C’est la rémunération des actionnaires (et de tous les très riches) qu’il faut en priorité plafonner par la fiscalité directe, si on veut leur retirer la tentation de trop payer leurs traders.

Le vrai problème n’est pas dans les bonus, mais dans les profits des banques, de l’ensemble de l ?industrie financière et aussi des principales multinationales. C’est pourquoi une taxe Tobin sur les transactions financières est indispensable : elle permettrait de dissuader les opérations les plus spéculatives, qui se jouent à très court terme et font appel à un fort endettement (« effet de levier ). Elle réduirait ainsi l’instabilité de la finance ainsi que son pouvoir social.

Elle permettrait en outre de trouver des fonds pour éviter l’échec dramatique qui se profile à l’horizon, aussi bien pour les objectifs du Millénaire pour le développement que pour la lutte contre le réchauffement climatique. Au taux extrêmement modéré de 0,1%, la taxe rapporterait plus de 400 milliards de dollars par an. L’Union européenne peut parfaitement la mettre en place sans les États-Unis, et cela rapporterait encore 180 milliards.

Après les paroles, il faut des actes. Nous demandons la mise en place par l’Union européenne d ?une taxe sur l’ensemble des transactions financières, y compris les produits dérivés, à un taux significatif. Nous demandons la hausse du taux marginal de l’impôt direct à 90% – comme l ?avait fait Roosevelt – sur les revenus les plus élevés. Alors seulement nous accepterons les adhésions de MM. Brown et Sarkozy.

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80.000 manifestants, samedi, à Copenhague. De l’enthousiasme, de l’intérêt. Et un autre monde, totalement ignoré par les experts et diplomates qui ont continué à disséquer les virgules d’un mauvais texte. Explications de Claude-Marie Vadrot, journaliste féru d’écologie politique (article paru sur le site du journal Mediapart)

Le mépris glacé des hommes en gris

«Business vert as usual »

Il y a eu par le passé des conférences où les officiels, malgré leurs différends, tentaient vraiment d’esquisser un dialogue, même rugueux. Ainsi à Seattle, au sommet de l’OMC coulé par la contestation, malgré l’énormité de la pression de la foule, malgré les heurts, malgré les incidents, on vit Pascal Lamy, l’actuel patron de l’organisme et quelques autres, nouer une polémique avec ceux qui ne voulaient pas de son sommet. Propos vifs, mais échanges.

Ce fut même encore un peu le cas à Johannesburg en 2002, où des ministres s’empoignèrent dans des joutes sévères avec la piétaille de la société civile. Comme dix ans plus tôt à Rio de Janeiro. Mais cette année, c’est fini, on ne mélange plus les torchons et les serviettes.

Samedi, il ne s’est donc rien passé : « business as usual », plus exactement «business vert as usual ». Les politiques et surtout les technocrates du climat, la tête déjà dans le prochain sommet qui se déroulera à Mexico, la seule certitude du grand marchandage en cours, n’ont eu ni l’idée ni l’envie de rencontrer la jeunesse et les représentants des peuples qui souffrent. Ceux qui leur disent : « pour la planète, ne cherchez pas, il n’y a pas de Plan B ».

En juin 1972, à la conférence de Stockholm des Nations unies sur l’environnement, quand pour la première fois des milliers d’écologistes et de hippies ont défilé et revendiqué avec les représentants des peuples premiers, les Indiens, les Lapons, les Inuits ou les Aborigènes d’Australie, ils ne trouvèrent que quelques policiers débonnaires pour les empêcher gentiment de rentrer dans les bâtiments officiels. Le patron de la conférence, le canadien Maurice Strong, s’était avancé sur le haut de l’escalier, avait demandé un micro. Il s’était amicalement adressé aux manifestants qui réclamaient des décisions plus énergiques pour sauver la planète de la pollution, des destructions, de la déforestation, du massacre de la nature et, déjà, du réchauffement climatique.

Ils avaient discuté avec acharnement, échangé vivement mais en restant sur la même planète. Je me souviens même que, dans un geste peut-être machinal, il avait fini par lever le poing pour répondre à l’ovation des manifestants. Plusieurs ministres et négociateurs de petits et grands pays l’avaient rejoint et s’étaient également adressés à la foule.

A l’intérieur, les travaux avaient été suspendus pour que tous puissent venir accueillir un cortège bigarré aux premiers rangs duquel figuraient comme aujourd’hui des Africains, des Indiens et des Lapons : un esprit, association du développement, du social et de l’écologie, qui a fait un retour remarqué samedi, toutes les revendications, y compris celles des peuples exploités, étant à nouveau confondues comme en ce début des années 1970 où la conférence inventait un slogan : « L’écologie, c’est de la politique ».

Autres temps, autres mœurs dans les rues de Copenhague. D’abord, pour encadrer 80.000 manifestants, près de 10.000 policiers armés jusqu’aux dents et habillés, comme partout, comme des figurants pour un mauvais film de science-fiction. Il y en avait même devant le seul Mac Do du parcours. Impossible d’approcher du centre de conférence, isolé par plusieurs kilomètres de grillages mis en place dans la nuit. La scène devant laquelle se sont succédé les orateurs et où ont été stoppés les manifestants était exilée à 600 mètres du Bella Center.

Les experts, les diplomates et déjà quelques ministres n’ont même pas cessé d’évaluer les virgules du mauvais texte dont il disent tous, sauf les Etats-Unis et la Chine, que c’est la plus mauvaise des conclusions possibles à la bataille diplomatique qui se poursuit en coulisse. Ils ont vaguement regardé la télé, comme on contemple le spectacle d’une autre planète. Alors qu’ils auraient parfaitement pu le faire, même discrètement, par l’avenue rendue déserte par la police, ils ne sont jamais « venus voir ».

Mais surtout, l’incroyable, l’insupportable est que ces hommes en gris, qui nous servent de ratiocinantes conférences, ne sont aucunement venus tenter d’expliquer et de s’expliquer devant les manifestants. En dehors d’Yvo Boer, le Néerlandais secrétaire exécutif de la convention climat, venu débiter rapidement et sans sourire ses platitudes habituelles mais renforcées à la langue de bois durable. Pas de mouvement, pas de sortie en masse pour dire, comme le fit Maurice Strong à Stockholm, que les politiques comprennent leurs inquiétudes, voire que rien n’est simple ou que les égoïsmes nationaux dominent les débats.

Rien. Pas de regard vraiment intéressé pour cette population, pour ce peuple de jeunes enthousiastes et sincèrement angoissés. Pas même un communiqué pour remercier ces pèlerins du climat d’être venus de loin. Rien qu’un mépris glacé ou la peur d’affronter des jeunes aussi « étranges » vivant dans un autre monde.