Nous sommes aujourd’hui rassemblés, enseignants, parents d’élèves, étudiants, élus, au Mans, comme dans toutes les villes de France. Nous sommes ensemble pour manifester notre opposition à ce qui désormais ne peut plus être nommé autrement que : la casse du service public d’éducation.

On peut saluer tout spécialement la présence des parents et des élus. Notre IA pérorait fin août sur une rentrée davantage marquée par le contexte national que par les événements sarthois, il s’autocongratulait pour avoir tout organisé dans la concertation… Il a été rattrapé par le principe de réalité, avec sa méthode qui consiste à pervertir les mots, il s’est piégé lui-même en confondant concertation et information, préparation et improvisation. Il a ainsi réussi à mettre dans la rue aux côtés des enseignants, les parents d’élèves, les maires et les conseillers municipaux. Saluons la présence aujourd’hui de l’association des maires ruraux qui envoie un signal fort à l’inspecteur d’académie : il n’est pas question d’accepter sans broncher, les regroupements et autres RPI concentrés !

Avec bientôt près de 80 000 emplois supprimés en six ans, dont 16 000 en cette rentrée, la révision générale des politiques publiques organise méthodiquement et froidement le démantèlement du service public d’éducation !

Partout, de la maternelle à l’université, l’articulation entre la réduction des moyens et les réformes structurelles transforment l’école en profondeur.

Dans le premier degré, c’est 8937 postes qui viennent d’être supprimés à cette année. Ils se traduisent par

  • la fermeture de 1500 classes, une hausse des effectifs par classe, la disparition supplémentaire de 600 postes de RASED, la réduction du nombre de remplaçants, la suppression de la scolarisation des enfants de 2 ans hors éducation prioritaire, une scolarisation et un accompagnement au rabais des élèves en situation de handicap, des directrices et directeurs d’école qui croulent sous les tâches administratives et les pressions diverses, la disparatiion des AVS-co sous statut AED et des EVS pour l’aide à direction,des écoles rurales menacées dans leur existence même par les objectifs de récupération d’emplois !

Dans le second degré, où la hausse démographique est générale, la rentrée est calamiteuse ! Au-delà des classes à 30, 35 voire plus, nombre d’économies sont réalisées sur tout ce qui se voit le moins :

  • réduction de l’offre d’enseignement, du nombre de cours à effectifs réduits, non-respect des horaires nationaux, notamment dans les zones rurales et les lycées professionnels et agricoles. Les collèges défavorisés sont particulièrement touchés par des dotations en nette baisse. Un nombre de plus en plus important d’enseignants affectés sur 2, 3 voire 4 établissements, et un recours croisant aux heures supplémentaires Des postes non pourvus faute d’un recrutement suffisant. Des problèmes de remplacement. Un nombre croissant de personnels en statut précaire.

  • Et la cerise sur le gâteau trois collèges manceaux dirigés en cette rentrée par un seul chef d’établissement, manière sans doute de préparer une restructuration alors que le conseil général avait annoncé un moratoire de 5 ans !

Dans l’enseignement supérieur, avec la loi LRU et le plan licence, l’autonomie renforcée exacerbe la sélection et la compétition. Les inégalités territoriales se renforcent et mettent en difficulté les petites et moyennes universités, comme l’université du Maine, dont la valeur des diplômes se trouve peu à peu dégradée.

Ajoutons au tableau

  • la suppression d’emplois administratifs et la restructuration des services de l’inspection académique à très court terme, avec les incidences prévisibles en terme de proximité tant pour les personnels que pour les familles !

  • l’asphyxie des mouvements d’éducation populaire, d’éducation nouvelle, et des associations d’éducation complémentaires de l’enseignement public,

  • la démolition de la formation initiale des enseignants, le découragement et la mise en difficulté des jeunes enseignants, ainsi que des élèves dont ils ont la charge. Avec la réforme et la supression programmée des IUFM, on confie désormais des classes en responsabilité à des jeunes étudiants en master2 qui n’ont pas encore passé le concours !

  • l’éducation prioritaire sacrifiée avec la mise en place des ECLAIR,

  • la réforme du lycée conduite à marche forcée, dans l’improvisation la plus totale et qui se solde par une réduction du nombre d’options

  • le développement de l’apprentissage dès 14 ans…

Partout, les personnels sont mis dans l’impossibilité d’assurer convenablement leurs missions.

Au-delà du vernis des grands discours ministériels, relayés par le recteur et l’inspecteur d’académie, c’est bien aujourd’hui, tout ce qui pourrait contribuer à aider les élèves les plus fragiles qui est remis en cause. L’insistance à développer une individualisation des parcours ne vise qu’à construire une école fortement ségrégative (d’excellence pour les uns, de relégation pour les autres).

Ce sont des choix qui nous sont imposés et qui sont contraires à nos valeurs et alors que l’opinion publique place l’éducation parmi ses préoccupations prioritaires (juste après l’emploi !) et désavoue les mesures actuelles.

La coupe est pleine !

Et n’en déplaise à notre IA qui donnait à cette rentrée dans la métaphore patissière en considérant que ce n’était pas la quantité d’ingrédients qui rendait le gâteau meilleur, un récent rapport de l’OCDE vient de lancer une "alerte grave" à propos de l’état du système éducatif français, les conclusions sont sans appel : OUI, il y a bien concomitance entre désengagement de l’Etat, baisse des taux de scolarisation et hausse des inégalités.

  • De 1995 à 2009, un net recul du taux de scolarisation entre 15 et 19 ans nous distingue nettement des autres pays de l’OCDE.

  • Autre constat, sur la même période, la part des dépenses d’éducation dans les budgets publics a augmenté en moyenne dans l’OCDE, alors qu’en France elle a baissé.!

  • Et ce rapport confirme de nouveau que notre pays se distingue des autres pays par un poids plus élevé de l’origine sociale dans la réussite scolaire. Ce ne sont pas les réformes mises en oevure qui contrediront ces constats !

  • Enfin, autre aspect qui n’est pas négligeable, pointé par ce rapport, "le salaire moyen des enseignants du primaire ou du secondaire est inférieur à la moyenne de l’OCDE", L’écart est d’environ 4000 euros de moins entre le salaire annuel d’un enseignant français et la moyenne des pays de l’OCDE…

Nous le réaffirmons, toute politique de progrès en matière d’éducation passe par la promotion et la défense du service public et des missions qui sont les siennes.

Sur cette base, nous exigeons

  • le rétablissement des postes, des heures, des options supprimés en cette rentrée 2011 en conséquence de la suppression des 16 000 postes,

  • l’abaissement des effectifs par classe,

  • et la création de tous les postes nécessaires.

A l’opposé de nos revendications, le discours gouvernemental sur la nécessaire maîtrise des déficits publics et la réduction de la dette, est insupportable ! Il est insupportable car il légitime un nouveau plan d’austérité qui ne fera que renforcer les inégalités sociales et démanteler les services publics, sans jamais s’attaquer réellement aux véritables causes du déficit et de la crise financière.

C’est bien la politique fiscale mise en oeuvre qui a asséché les recettes publiques.

Alors que les niches fiscales accordées aux entreprises du CAC 40 et aux riches représentent 60 milliards d’euros, ce sont une fois de plus les salariés qui devraient supporter l’essentiel du plan de rigueur.

C’est pourquoi, nous le disons haut et fort, tous ensemble, il est temps de considérer les services publics et la Fonction publique comme des investissements d’avenir, créateurs de richesses et facteurs de cohésion sociale !

Il est temps d’investir dans dans le service public d’Education pour assurer la réussite de tous les jeunes.

Pour imposer ces débats et peser sur les choix, pour « donner un avenir à la Fonction publique », la mobilisation de tous est indispensable.

Le 27 septembre appelle à des suites, à d’autres rendez-vous. Le 11 octobre est une nouvelle étape qu’il nous faut réussir.

Unis, mobilisés, déterminés, imposons d’autres choix et d’autres valeurs !