Lettre ouverte aux membres des CA
et aux équipes présidentielles des Universités de Nantes, Angers et Le Mans par des personnels de l’université
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Le dispositif de masterisation des formations des métiers de l’enseignement primaire et secondaire, imposé dans l’urgence par le ministère, menace de remettre en cause le recrutement sur concours national des enseignants fonctionnaires d’Etat, disposant d’une solide et large qualification mêlant à la fois les dimensions académiques et professionnelles. Dans le flou des injonctions des uns et des autres, de nombreux collègues, de bonne foi, travaillent dans l’urgence dans les différentes universités à la conception d’une foison de maquettes de formation très hétérogènes suivant qu’elles s’appuient sur les potentiels de tels ou tels établissements ou académies, de telles ou telles équipes, ou de telles ou telles disciplines. Outre l’hétérogénéité de ces dispositifs, ce contexte est propice à la mise en oeuvre d’une multitude de rapports de force, à l’accroissement des tensions entre collègues et conduira inévitablement à la production de maquettes au rabais. Nous refusons ce nivellement par le bas et cette mise en concurrence artificielle et contre productive.
Nous considérons comme inacceptables les conditions dans lesquelles cette réforme est mise en place et nous nous inquiétons de la détérioration qu’elle entraînerait, dans la formation des enseignants et, en conséquence dans le service public d’éducation.
Nos préoccupations portent en particulier sur :
– La superposition, au milieu de la même année d’études, de la préparation aux épreuves du concours, de la formation au métier d’enseignant, et des travaux d’études et de recherche conditionnant l’obtention du Master ;
– La réduction, pour de pures raisons financières, du nombre des épreuves des concours de recrutement et la modification de leur contenu qui, si le projet actuel était mis en œuvre, ne garantiraient pas que les enseignants recrutés aient bien les compétences et les savoirs nécessaires pour assurer leurs missions ;
– La suppression d’une année de stage de formation rémunérée et les problèmes pécuniaires que poserait, de façon désormais plus aiguë, l’allongement des études pour les étudiants qui se destinent aux métiers de l’enseignement ;
– Le danger que la mastérisation des enseignants soit détournée par le gouvernement pour diminuer le nombre de postes de fonctionnaires en leur substituant des personnels précaires détenteurs, notamment du master « enseignement ».
Nous demandons que soit revu en totalité ce dossier de façon à parvenir, si cela est jugé opportun par la communauté, à une véritable mastérisation de la formation des enseignants. Ce qui suppose de :
– Revoir la conception même de la réforme et en particulier le couplage master – concours ;
– Revoir les modalités et les contenus envisagés par la réforme pour les concours ;
– S’appuyer sur le potentiel des personnels en IUFM et dans les universités qui concourent à la préparation des concours et à la formation ;
– Financer les revenus des étudiants suivant une formation au métier d’enseignant (bourses sociales, allocations, pré – recrutement, salaire de fonctionnaire stagiaire) ;
Le dépôt des maquettes n’est pas une garantie de pérennité des IUFM et du potentiel des enseignants et enseignants-chercheurs qui leur sont rattachés, bien au contraire : dans son discours du 16 décembre 2008, le Président de la république a clairement indiqué que cette réforme visait à terme la disparition des IUFM.
Sur la base de cette hétérogénéité de diplôme non régulée nationalement, le ministère restant sourd aux multiples appels des personnels et refusant d’ouvrir la moindre négociation sur le fond comme sur les calendriers, nous considérons comme légitime de s’affranchir de la note de la DGES du 17/10/2008 et demandons aux Conseils des Universités de refuser de transmettre les maquettes de « master enseignement ».
Nous considérons que ce processus doit s’engager dans le cadre de décisions collégiales mises en débat dans les conseils d’université. En conséquence nous interpellons l’ensemble de nos élus dans les conseils des universités de Nantes, d’Angers et Le Mans et les équipe présidentielles de ces Universités. Ne bradons pas la formation des futurs enseignants de la République !