A l’appel de RESF 72, malgré une date difficile, une centaine de personnes mobilisée contre l’expulsion d’un père de famille ukrainien de 38 ans
Un troisième courrier a été déposé à la préfecture qui a refusé de recevoir une délégation. Voir les deux autres dans l’article précédents. Tous les arguments de droit et de fait sont maintenant sur le bureau du préfet pour permettre une régularisation administrative de VIKTOR.
Article de O-F du dimanche 2 janvier 2010
Il peut être expulsé d’un moment à l’autre : cet Ukrainien est en rétention à Rennes depuis le débutdes vacances. Sa compagne, avec qui il vit depuis 5 ans, va bientôt accoucher.
Hier, une petite centaine de personnes s’est rassemblée, devant les grilles de la préfecture du Mans, à l’appel du Réseau éducation sans frontière, pour demander sa libération.
« On ne peut pas laisser faire ça en silence, martèle Bernard Lebrun, porte parole du réseau. Quand il a été arrêté, Viktor a été défendu par un avocat commis d’office, qui n’avait pas toutes les pièces du dossier. »
L’arrêté préfectoral de reconduite à la frontière, pris le 22 décembre, ne prend pas en compte un certain nombre d’éléments décisifs : Viktor Ketsman vit avec sa compagne, qui a deux enfants dont un polyhandicapé, depuis cinq ans ; ils vont bientôt avoir un enfant ensemble ; et enfin, Viktor a entamé des démarches pour régulariser sa situation. Il bénéficie, d’ailleurs, d’une promesse de contrat de la part d’un employeur. « Je le connais depuis longtemps, témoigne par exemple Jannick. Il s’occupe des enfants de sa compagne et travaille régulièrement, étant qualifié dans son métier. »
« Pas la bonne adresse »
Pourquoi Viktor Ketsman s’est-il retrouvé dans cette situation ? Arrivé en France en 2000, il a fait deux demandes d’asile, qui lui ont été refusées. « Juif, il subissait là-bas des persécutions, assure Bernard Lebrun. Il a été obligé de laisser son ex-femme et ses deux enfants, avec qui il est toujours régulièrement en contact. »
Par la suite, sa situation ayant évolué, il a déposé plusieurs dossiers de régularisation auprès des préfectures du Maine-et-Loire, où il a habité pendant trois ans, et de la Sarthe. Pas de réponse. « On lui a demandé des nouvelles pièces, mais la lettre n’est jamais arrivée, l’adresse n’étant pas la bonne, assure Bernard Lebrun. Et ça, la préfecture le sait. Elle connaît aussi parfaitement la situation de Viktor Ketsman, qui était indiquée dans ses demandes. »
Depuis l’interpellation, au début des vacances, au départ pour un problème d’immatriculation, les autorités restent sur leur position : l’arrêté de reconduite à la frontière a été validé par le juge des détentions et le tribunal administratif. Pas de raison de changer d’avis.
Hier, la préfecture indiquait cependant qu’elle étudierait, dès lundi matin, le nouveau courrier déposé, dans l’après-midi, par le Réseau éducation sans frontière.
Sans doute au moins un répit jusque-là, donc, pour Viktor Ketsman.