La manifestation s’est dispersée place des Jacobins après la lecture d’une intervention commune très écoutée.
27 mai 2010
Intervention commune CGT, CFDT, Solidaires, UNSA, FSU et UNEF
Nous sommes ici des milliers encore plus nombreux que le 23 mars et le 1er mai et n’en doutons pas nous serons ce soir des millions de grévistes et des centaines de milliers à avoir défilé pour dire clairement NON aux régressions sociales qui se profilent et pour dénoncer l’opération de manipulation et d’intoxication des opinons publiques conduites par le Medef et le gouvernement.
Partout en Europe le discours est le même, l’aggravation faramineuse des déficits et de la dette suite à la crise est telle que la rigueur doit s’appliquer mais d’abord, surtout, uniquement pour le monde du travail. Payer, il faut payer nous disent en chœur, patronat et gouvernements. Et la note est salée pour les salarié-es grecs mais aussi portugais, espagnols, irlandais et bientôt français.
Patronat et gouvernements, responsables de la crise qu’ils n’ont pas vu venir présentent partout à la population la même facture :
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attaque contre les régimes de retraite et de protection sociale,
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diminution du nombre de fonctionnaires,
privatisation de services publics,
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blocage quand ce n’est pas diminution des salaires.
Et partout, une augmentation terrible du chômage et de la précarité.
Depuis les manifestations de janvier 2009, ensemble, nous l’avons dit, cette crise n’est pas celle du monde du travail, ensemble nous avons dit et écrit que la sortie de crise devait passer par des mesures en faveur de l’emploi, des salaires et des pensions.
Nous le réaffirmons très fort aujourd’hui, aucune discussion ou négociations sérieuses ne peut avoir lieu sans remise en cause des politiques économiques et fiscales qui ont produit une énorme aggravation des inégalités, sans une autre répartition de la valeur ajoutée c’est à dire des richesses produites par les salarié-e-s !
Le gouvernement vient d’annoncer un plan d’austérité sans précédent pour tout ce qui concerne les dépenses publiques. Tous les services publics et en premier lieu la santé et l’éducation vont voir une diminution brutale de leurs crédits, une poursuite des suppressions d’emplois. Mais la cure ne s’arrêtera pas là, c’est l’aide au logement, l’allocation aux adultes handicapés, les crédits pour l’emploi qui vont se réduire comme peau de chagrin, tous les budgets sociaux sont menacés.
Réduire la dépense publique de 90 milliards d’ici 3 ans c’est à coup sûr faire basculer encore plus de ménages dans la pauvreté, c’est écarter du droit à la santé un nombre toujours plus important de personnes. C’est une remise en cause sans précédent de l’intérêt général et des principes de solidarité des services publics et de la fonction publique.
Qui peut croire que les marchés et les entreprises répondront aux besoins sociaux non satisfaits ?
Réduire brutalement la dépense publique c’est à coup sûr bloquer tout reprise économique. C’est aggraver les destructions d’emplois et donc amplifier la hausse du chômage.
Et tout ça pour satisfaire les marchés financiers qui spéculent sur l’euro et la dette des États. Les mêmes qui, hier, ont profité, en pleine crise, avec notre argent des crédits quasiment illimités mis à leur disposition spéculent et exigent des gouvernements le démantèlement des systèmes de protections sociale.
C’est là et fondamentalement là qu’il faut chercher les prétextes du projet gouvernemental de la réforme des retraites.
Partout, le recul de l’âge de la retraite et l’augmentation du nombre d’années de cotisations est à l’ordre du jour.
En effet, partout, pour parvenir à justifier cette contre-réforme, on assiste à une formidable entreprise de manipulation et de mensonges pour convaincre les opinions publiques qu’il n’y aurait pas d’autres solutions que la régression. Pour ce faire, le gouvernement joue la montre en espéran
t profiter de la coupe du monde et des vacances qui arrivent pour passer en force. Il adresse un document de travail aux organisations syndicales et s’empresse aussitôt de distiller dans la presse que les choix sont faits, ce sera 63 ans pour l’âge de départ et 42 annuités de cotisations. Il prétend entendre la parole de l’intersyndicale mais n’arrête pas de déblatérer sur les différences d’approche entre organisations espérant auprès de certains jouer la division pour casser la dynamique des mobilisations.
Cette politique est lourde de danger.
L’intersyndicale CGT, CFDT, Solidaires, UNSA, FSU et UNEF de la Sarthe, dans la suite des déclarations nationales tient à dénoncer fermement les méthodes et les orientations de fond qui sous-tendent le projet gouvernemental.
Si le gouvernement était si sûr de son argumentation il ne fuirait pas le débat public et transparent en voulant faire passer son projet pendant les vacances. Toutes les mesures envisagées s’appuient sur une déformation de la réalité quand ce n’est pas sur des mensonges.
Pour l’intersyndicale, il y a urgence à rétablir quelques vérités et réalités fondamentales :
Allonger le nombre d’annuités de cotisations quand déjà deux salariés sur trois ne peuvent cotiser le nombre d’annuités exigées depuis la loi Fillon relève de l’escroquerie. 60 % des salariés ne parviennent pas à cotiser les 41 annuités exigées pour avoir une retraite à taux plein.
Le gouvernement fait semblant d’ignorer le rapport de l’INSEE, et c’est pourtant un organisme public, qui montre que pour 3/4 des salariés le nombre moyens d’annuités cotisées est passé de 37,5 à 36,5. Dans la vie réelle, pas dans les rapports ou dans les prospectives, les salariés français travaillent en moyenne 36,5 annuités ! Alors quand les ministres disent qu’il va falloir travailler 42 annuités, cela ne marchera pas et cela conduira obligatoirement à faire baisser le niveau des pensions !
Maintenir les seniors au boulot pour allonger le nombre d’annuités de cotisations. Encore une fausse bonne idée . C’est du baratin surtout quand 25 % des « juniors » sont sans emploi !.
Rappelons que si on compare la situation d’un salarié entré sur le marché du travail en 1976 et un jeune d’aujourd’hui qui a 30 ans, le nombre d’annuités cotisées a diminué de 4 ans et demi. Il est et sera impossible à un jeune d’aujourd’hui d’arriver à 42 annuités de cotisations. Allonger la durée de cotisations, en pleine crise économique et avec un taux de chômage supérieur à 10% est donc profondément discriminatoire pour les jeunes mais aussi pour les femmes et tous les précaires qui ont des carrières incomplètes. Comment accepter encore une fois que ce soit les plus fragiles qui paient la facture de la crise ?
Nicolas Sarkozy voudrait reporter l’âge de la retraite à 63 ans pour maintenir les seniors au travail. Mais cela ne serait vrai ou possible que dans une société du plein emploi. Et pour ceux qui ont déjà atteint leur nombre d’annuités avant 60 ans, augmenter le nombre d’annuités serait une profonde injustice. Le problème ce n’est pas l’âge de la retraite c’est le nombre d’emplois que les entreprises sont capables d’offrir. Parce que les entreprises aujourd’hui avec la loi TEPA préfèrent payer des heures supplémentaires exonérées de charges que de créer des emplois à 35h pour les jeunes ou les seniors.
Faire travailler plus, qu’est ce que cela veut dire quand dans les entreprises comme dans les services publics s’étendent la souffrance au travail, le stress, les accidents cardiaques et vasculaires, vers 55/65 ans. A partir de 55 ans, 2 maladies sur 5 sont liées au travail. A partir de 60 ans, c’est 3 maladies sur 5. La souffrance est telle que 2 salariés sur 3 sont inaptes, malades et qu’ils sont licenciés, écartés du travail par les employeurs à partir de 55, 56, 57 ans.
La ministre de l’économie, Christine Lagarde, elle, a voulu flatter son public en déclarant « à 57 ans, on n’est pas foutu »… Est-ce que cela voudrait dire qu’on a droit à la retraite « quand on est foutu » ?
Si la retraite à 60 ans mis en place en 1982 a été et est toujours plébiscité c’est parce que les plus belles années de la retraite, c’est entre 60 et 65 ans. Les plus dures années au travail, c‘est entre 60 et 65 ans. Et rappelons ce que dit l’Insee, sur l’espérance de vie « en bonne santé », la statistique est de 63 ans pour les hommes et de 64 ans pour les femmes… et de 59 ans pour les ouvriers.
Les tables de mortalité des assurances, ces entreprises qui veulent mettre en place la retraite par capitalisation prennent elles en compte ces données. Elles calculent que si vous travaillez un an de plus vous avez six mois de moins d’espérance de vie, si vous travaillez deux ans de plus vous avez un an de vie en moins…
En fait c’est entre autre grâce à la retraite à 60 que l’espérance de vie s’est allongée. Si on travaille plus longtemps, on risque de mourir plus tôt.
C’est pourquoi l’intersyndicale exige que soit garanti pour tous
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le droit à la retraite à 60 ans à taux plein, c’est à dire sans décote avec prise en compte de la pénibilité,
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le droit à une retraite décente c’est à dire aucune retraite inférieure au SMIC
Cela implique la remise en cause des effets néfastes des réformes de 1993 et 2003.
On y a droit et c’est possible !
Possible, si on décide d’agir sur les recettes.
Parce que pour l’intersyndicale, le dossier retraite n’est pas contrairement aux affirmations gouvernementales un problème démographique, c’est un problème d’emplois, c’est un problème de salaires, c’est un problème de fiscalité et de cotisations, c’est un problème de recettes.
Comme le gouvernement s’est interdit de toucher aux recettes, il prépare fondamentalement une diminution du niveau des pensions. Affirmer le contraire comme il le fait dans le document envoyé aux organisations syndicales est un pur mensonge.
Refuser toute discussion sur le mode de calcul ou toute hausse des cotisations au motif que cela affecterait la compétitivité est un autre mensonge.
Ce sont les dividendes versées, les stocks options, les plus values boursières et toutes les formes de revenus qui doivent être soumis à cotisation comme nos salaires. C’est donc toute la politique d’exonération fiscale et sociale qui doit être réinterrogée, c’est la lutte contre l’évasion fiscale pratiquée par les entreprises du CAC 40, c’est bien entendu la remise en cause de la loi TEPA et son cortège d’avantages pour les plus nantis.
Il y a certes entre nos organisations syndicales des différences d’approche sur les différentes manières d’augmenter les ressources mais il n’y a aucun désaccord sur le fait qu’assurer le financement des besoins sociaux et des retraites exige un autre partage des richesses. « Il faut faire des efforts » n’arrêtent pas de répéter en chœur Laurence Parisot et Nicolas Sarkozy. Et bien, dans ce cas, que les privilégiés de ce pays, les porteurs de stocks options, les détenteurs de capitaux, les spéculateurs et bénéficiaires des marchés financiers passent les premiers.
Oui, il y a urgence, mais ce ne sont pas les retraités de demain qui posent problème aujourd’hui. C’est la crise qui a creusé les déficits. D’ailleurs pour trouver le plus rapidement possible de l’argent frais, le gouvernement envisage de baisser les salaires des fonctionnaires d’Etat de 3%. Les fonctionnaires seraient privilégiés, prétend le gouvernement,. Encore un mensonge, le niveau des retraites entre public et privé est comparable. Quant au taux de cotisation salariés employeur il est dans la fonction publique totalement fictif. L’objectif est donc bien de diminuer les salaires de tous les fonctionnaires. C’est inacceptable !
Il y a donc urgence à refuser ces régressions inacceptables, à rappeler que la richesse produite doit profiter à tous et à dénoncer les mensonges gouvernementaux
Ensemble, nos organisations vous appellent, vous, manifestants d’aujourd’hui, adhérent-e-s ou non à l’une de nos organisations à devenir les militants au quotidien de la défense du contrat social qui lie toutes les générations.
Pour répondre aux mensonges et à la manipulation, l’intersyndicale va éditer un tract unitaire. Il est disponible auprès des unions départementales. Partout, dans toutes les entreprises, dans les services et les bureaux, sur les marchés, avec votre voisin, la diffusion doit être la plus massive possible. Le mardi 1er juin, l’intersyndicale organisera une journée unitaire de diffusion massive. Partout il faut s’organiser pour faire de la prochaine semaine, une semaine de mobilisation et de diffusion.
Inlassablement, il faut expliquer les régressions qui se préparent et expliquer que d’autres solutions sont possibles.
Rien n’est joué, nous devons peser au maximum. C’est e
nsemble, sans attendre, sur le terrain, dans les entreprises et les services que la bataille se gagne pour être, la prochaine fois, encore plus nombreux et plus forts dans la grève et la manifestation,