Etats généraux des migrations 72 : lettre aux parlementaires.

Objet : situation des personnes sans papier / COVID19

                                                                      Mesdames et Messieurs les parlementaires,

      Dès l’annonce du confinement par le gouvernement, dans un précédent courrier, le 17 mars, nous vous demandions,«alors que l’épidémie du COVID19 est en pleine expansion, d’intervenir en urgence pour le rétablissement d’une situation protectrice de tous reprenant les recommandations portées par l’académie de médecine dans son rapport du 25 février 2020 sur la situation sanitaire et sociale des populations d’origine étrangère en France. »

En l’absence de réponse de votre part, nous nous permettons de ré-insister, la protection de chacun étant la protection de tous, il y a urgence à rétablir l’accès inconditionnel à un hébergement décent et aux soins pour toute personne résidant sur le territoire.

Cette mesure immédiate qu’impose le respect de la dignité, de la vie et des droits fondamentaux de la personne humaine, doit aussi s’accompagner d’un réexamen de toutes les situations administratives des personnes et des familles concernées.

Des jeunes majeurs toujours en formation, des familles déboutées de l’asile dont les enfants sont scolarisés depuis quelques années, aujourd’hui sans droit, vivent dans des conditions très difficiles avec la peur de subir un contrôle d’identité alors qu’ils /elles se rendent aux différents points de distribution alimentaire. Ils / elles sont, soit dans l’attente d’une réponse à leur demande de titre de séjour, soit ont reçu des refus de titres de séjour ou des obligations de quitter le territoire.

Nous savons tous qu’aucune sortie de cette crise sanitaire ne sera possible sans prise en compte de toute la population résidant sur le territoire.

Cette pandémie est mondiale. Les relations entre pays, quand elles ne sont pas totalement interrompues, sont réduites au minimum. Croyez-vous que demain lorsque l’on commencera à en apercevoir la sortie la priorité soit de renvoyer ces jeunes, ces familles, ces enfants, dans des pays frappés hier par la guerre ou la misère et aujourd’hui totalement meurtris et désorganisés par  cette épidémie ?

    Notre pays, au contraire, a besoin aujourd’hui de toutes les énergies dans les mouvements de solidarité comme demain dans le travail. Ces jeunes, ces familles sont d’ores et déjà disponibles pour s’engager. La presse a d’ailleurs relayé des initiatives qui illustrent cette volonté d’engagement pour l’intérêt commun.

Le Président de la République a appelé à une mobilisation générale « quoi qu’il en coûte ». Délivrer dès maintenant un titre de séjour à tous ces jeunes et ces familles nécessite bien entendu de revenir sur des politiques que vous avez voté ou avez pu voter. « Quoi qu’il en coûte », et chacun voit bien que la priorité et les urgences vont à la solidarité et la santé de tous.

Mesdames, Messieurs les parlementaires nous vous demandons donc, au vu de la gravité et du caractère exceptionnel de la situation, de prendre toute initiative allant dans ce sens en demandant au gouvernement de régulariser au plus vite, par l’attribution d’un titre de séjour, toute personne résidant depuis plusieurs années sur notre territoire.