Le communiqué de la FSU

Solidarité avec la Grève Générale du 29 mars en Espagne

Les Espagnols sont appelés aujourd’hui à une grève générale par de nombreuses organisations syndicales notamment les CCOO, l’UGT, le STES, la CGT, la CNT, ELA… La FSU s’adresse à elles pour leur apporter leur soutien.

Communiqué de la FSU

Les Lilas, le 29 mars 2012

Le 29 mars prochain, la population de l’Etat espagnol est appelée à une Grève Générale en riposte aux dernières réformes du code du travail imposées par le gouvernement Rajoy.

Les syndicats dénoncent « la décision unilatérale » du gouvernement conservateur « de mettre en œuvre une réforme du travail et un nouvel et dur effort budgétaire ». Cette réforme du travail remet en cause directement les droits fondamentaux des salarié-es : licenciement facilité et à moindre coût pour le patronat, modification de la règlementation de la convention collective qui rend possible sa non-application, flexibilisation et déqualification de catégories professionnelles, et introduction d’un contrat dit de formation pour les jeunes – jusqu’à 33 ans – avec un salaire de seulement 500 €.

Cette réforme ressemble à celle infligée à la Grèce. C’est le « modèle » de révision générale des droits sociaux et des droits du travail qu’on cherche à imposer partout en Europe, au nom des politiques d’austérité, et qui donne lieu au développement de la mobilisation syndicale, sociale et citoyenne.

La FSU tient à exprimer son plein soutien au mouvement syndical espagnol ainsi qu’aux mouvements sociaux et citoyens qui se sont engagés pour combattre ensemble contre les mesures brutales qui frappent le cœur des droits sociaux et du travail.

Le communiqué de la CES :

La CES soutient la grève générale en Espagne

Le 28 mars 2012

La Confédération européenne des syndicats (CES) soutient la grève générale en Espagne le 29 mars prochain. Cette grève générale a été convoquée par ses affiliés espagnols pour protester contre la réforme du marché du travail.

Les réformes du marché du travail poursuivies actuellement dans de nombreux pays européens, et particulièrement en Espagne, préoccupent gravement la CES. Elles sont injustes et inacceptables car elles attaquent les politiques de protection sociale, le droit du travail et la négociation collective.

Les dirigeants politiques espagnols -poussés par les exigences de l’Union européenne- poursuivent une logique désastreuse qui conduit à la récession et au chômage. Un dialogue social constructif est indispensable pour empêcher que les travailleurs et travailleuses soient ceux qui paient pour la crise.

La Confédération européenne des syndicats est et sera aux côtés de ses affiliés espagnols dans leur lutte pour le droit des travailleurs, la négociation, le dialogue et la démocratie, contre le démantèlement de la cohésion sociale.

29 M Huelga General !

par Juliette Estivill, Guillaume Beaulande et Céline Meneses, sur le Blog de Médiapart et le site du Parti de Gauche

La journée de grève générale a été massivement suivie en Espagne, malgré les difficultés financières auxquelles fait face une part croissante de la population. 10,4 millions d’espagnols en grève, plus de 2,5 millions d’entre eux (dont près d’1 million à Madrid) dans les rues, drapeaux rouges à la main, pour dire non à la contre-réforme du travail et non aux plans d’austérités, des rassemblements partout sur les places après les heures de travail : ce 29 Mars aura été une réussite !

Le nombre de manifestants était tel que certaines manifestations ont dû débuter avant l’heure prévue pour cause d’affluence massive, à Madrid, tous les accès à la Puerta des Sol étaient bloqués…

Les grèves générale sont un fait raissime en Espagne. Celle-ci est à peine la 8ème depuis le retour à la démocratie. C’est aussi la première a sous le gouvernement Rajoy moins de cent jours après son investiture. La dernière remonte à septembre 2010. A l’époque le gouvernement social démocrate de Zapatero avait fait voter un plan d’austérité de près de 50 milliards d’euros et une première réforme du travail.

Ce 29 Mars, plus de 110 manifestations et cortèges avaient été convoqués à l’appel notamment des deux principales centrale syndicales UGT et CCOO. Une centaine d’actions symboliques à l’initiative des indignés ont également jalonné cette journée. Le peuple espagnol a répondu massivement présent face à un gouvernement qui refuse toute marche arrière concernant son abjecte réforme du travail et qui ne cesse de minorer la réussite de la grève. Mais les faits sont là.

77% de grèvistes dans l’industrie, les transports et la construction (97% dans l’industrie – la quasi-totalité du secteur de l’automobile et de la métallurgie, 57 % dans l’Administration Publique). La grève a aussi été particulièrement suivie dans l’Education à plus de 70% dont 87% dans les Universités. Comme prévu, les étudiants qui avaient fait grève le 29 février dernier pour protester contre les violences policières pendant ce qu’on appelle « le printemps valencien », contre les coupes budgétaires et le plan Stratégie Universités 2015 ont rejoint les cortèges dans toute l’Espagne.Au lendemain de la grève générale qui a jeté dans les rues plus de 800 000 personnes contre la réforme du marché du travail, le gouvernement conservateur de Mariano Rajoy ne vacille pas. A l’issue du Conseil des ministres, la vice-présidente, Soraya Sáenz de Santamaría, a présenté le budget annuel de l’Etat le plus austère de l’histoire de la démocratie espagnole.

Sommé par Bruxelles de ramener le déficit public de 8 à 5,3%, Madrid va effectuer des coupes franches dans les dépenses publiques à hauteur de 27,3 milliards d’euros en 2012. Les mesures drastiques sont à la hauteur de la crise que traverse le pays : une dette publique qui grimpe vertigineusement, une prime de risque se situant bien au-dessus de celle de l’Italie, et un retour à la récession… Le couperet est tombé dans les ministères nationaux, qui devront fonctionner avec un budget revu à la baisse de 16,9%. Le gel des salaires des fonctionnaires est maintenu aussi cette année, avec en outre une augmentation des horaires de travail de deux heures trente par semaine. Enfin, les 17 communautés autonomes (les régions espagnoles, surendettées) ont pour consigne de ramener leur déficit sous la barre des 2% d’ici à la fin de l’année « sous peine de sanctions pénales ».

La réduction des dépenses est accompagnée d’une hausse fiscale censée renflouer les caisses à hauteur de 12,3 milliards d’euros. Le gouvernement ne touchera pas à l’IVA (TVA), dont le taux de 4% est un des plus faibles d’Europe. En revanche, les entreprises seront davantage taxées, avec une augmentation de l’impôt sur les sociétés. La fraude fiscale est dans le collimateur du ministère des Finances, qui entend récupérer 8,1 milliards d’euros. Fléau des finances espagnoles, l’économie au noir représente 20% du PIB total… Pour convaincre la population de déclarer ses revenus et de rapatrier ses comptes nichés dans les paradis fiscaux, une « amnistie fiscale » est prévue : une amende unique de 10% sera appliquée aux contribuables souhaitant régulariser leur situation.

Le gouvernement de droite veut aussi aller chercher de l’argent auprès des foyers ; la facture d’électricité augmentera de 7% et celle du gaz de 5%.

Mais les syndicats fustigent surtout la réforme du marché du travail. Forts du succès de la grève générale, la confédération des commissions ouvrières et l’Union générale des travailleurs ont donné à l’exécutif jusqu’au 1er mai pour négocier le texte, faute de quoi la tension sociale montera encore d’un cran.

Il faut dire que les raisons de la colère sont nombreuses : deux plans d’austérité annoncés à peine 15 jours après l’arrivée au pouvoir du PP (équivalent de l’UMP) pour réaliser 38 milliards d’économie et une réforme du marché du travail particulièrement brutale annoncée en février. Dès demain, de nouvelles annonces du gouvernement prévoient encore d’accentuer les mesures austéritaires .

La colère monte en Espagne pays où le chômage touche déjà 5,2millions de personnes (23% de la population active). Ils étaient 1 million dans la rue le 19 février dernier, première démonstration de force contre la réforme, près de 1, 5 million le dimanche 12 mars et encore plus nombreux aujourd’hui.

Après cette réussite, les organisations syndicales préparent déjà la suite. Une nouvelle grève générale pourrait avoir lieu si le gouvernement persiste à refuser de négocier dans les quatre semaines à venir. Et la manifestation du 1er mai se prépare avec ardeur.

Basta ya !

Espagne : Rajoy ne cède rien à la rue

Par Par DIANE CAMBON Correspondante à Madrid pour le journal Libération

Au lendemain de la grève générale qui a jeté dans les rues plus de 800 000 personnes contre la réforme du marché du travail, le gouvernement conservateur de Mariano Rajoy ne vacille pas. A l’issue du Conseil des ministres, la vice-présidente, Soraya Sáenz de Santamaría, a présenté le budget annuel de l’Etat le plus austère de l’histoire de la démocratie espagnole.

Sommé par Bruxelles de ramener le déficit public de 8 à 5,3%, Madrid va effectuer des coupes franches dans les dépenses publiques à hauteur de 27,3 milliards d’euros en 2012. Les mesures drastiques sont à la hauteur de la crise que traverse le pays : une dette publique qui grimpe vertigineusement, une prime de risque se situant bien au-dessus de celle de l’Italie, et un retour à la récession… Le couperet est tombé dans les ministères nationaux, qui devront fonctionner avec un budget revu à la baisse de 16,9%. Le gel des salaires des fonctionnaires est maintenu aussi cette année, avec en outre une augmentation des horaires de travail de deux heures trente par semaine. Enfin, les 17 communautés autonomes (les régions espagnoles, surendettées) ont pour consigne de ramener leur déficit sous la barre des 2% d’ici à la fin de l’année « sous peine de sanctions pénales ».

La réduction des dépenses est accompagnée d’une hausse fiscale censée renflouer les caisses à hauteur de 12,3 milliards d’euros. Le gouvernement ne touchera pas à l’IVA (TVA), dont le taux de 4% est un des plus faibles d’Europe. En revanche, les entreprises seront davantage taxées, avec une augmentation de l’impôt sur les sociétés. La fraude fiscale est dans le collimateur du ministère des Finances, qui entend récupérer 8,1 milliards d’euros. Fléau des finances espagnoles, l’économie au noir représente 20% du PIB total… Pour convaincre la population de déclarer ses revenus et de rapatrier ses comptes nichés dans les paradis fiscaux, une « amnistie fiscale » est prévue : une amende unique de 10% sera appliquée aux contribuables souhaitant régulariser leur situation.

Le gouvernement de droite veut aussi aller chercher de l’argent auprès des foyers ; la facture d’électricité augmentera de 7% et celle du gaz de 5%.

Mais les syndicats fustigent surtout la réforme du marché du travail. Forts du succès de la grève générale, la confédération des commissions ouvrières et l’Union générale des travailleurs ont donné à l’exécutif jusqu’au 1er mai pour négocier le texte, faute de quoi la tension sociale montera encore d’un cran.