Une retraitée, syndiquée du SNUipp, a écrit à l’IA et au Recteur.

Nombreux-ses sont ceux ou celles qui saisissent la CNIL.

Modèle de courrier sur le site du SNUipp

Madame Ronflé Jocelyne, Connerré le 28 janvier 2009

Professeur des Ecoles à la retraite

72160 Connerré

Monsieur le Recteur,

Monsieur l’Inspecteur d’Académie,

S/c de Monsieur le Maire de Connerré

Monsieur le Recteur, Monsieur l’Inspecteur,

Dans votre courrier en date du 23 janvier 2009, vous sollicitez mon concours pour la mise en œuvre du droit d’accueil dans certaines petites communes les jours de grève des enseignants.

L’effet de surprise passé, j’ai été saisie d’un sentiment de malaise devant une telle démarche.

Si je comprends bien, vous me demandez de servir de supplétif au Ministre de l’Education nationale qui rencontre les plus grandes difficultés dans la mise en œuvre de sa loi sur le service minimum d’accueil dans les écoles qui, pour la majorité de mes collègues, s’apparente, dans les faits, à une tentative de remise en cause de leur droit à faire grève.

Vous ajoutez que si je souhaite m’engager dans ce cadre, les municipalités me communiqueront tous les documents administratifs nécessaires.

Si je me réfère à la loi et aux textes d’application, les documents administratifs auxquels vous faites référence doivent correspondre aux documents à remplir pour que je puisse être indemnisé sur les fonds constitués par les retenues sur salaire des enseignants grévistes…

Pour parler clair, vous me demandez d’être ce qu’on appelle communément un « jaune ».

Le comble me paraît de le demander aussi à des enseignants qui travaillaient en RASED alors que l’avenir de ces RASED est plus qu’incertain.

Bien sûr, vous allez me répondre qu’il ne s’agit pas de cela mais de venir en aide aux familles qui ont des difficultés à faire garder leurs enfants les jours de grève.

Permettez-moi de réfuter un tel argument qui n’est qu’un prétexte.

D’abord, parce qu’avant la loi, et vous le savez comme moi, les choses se passaient globalement bien.

D’ailleurs, il a été rappelé à Monsieur le Ministre que les enseignants, qui sont des gens responsables, prenaient toujours les dispositions nécessaires en cas de grève pour prévenir les parents suffisamment tôt afin d’éviter les problèmes. Ce dont Monsieur DARCOS avait convenu.

Et puis surtout, je n’accepte pas qu’on évoque le «bien être » des élèves alors que toute la politique ministérielle en matière scolaire va à l’encontre de cet objectif.

Je ne vous ferai pas l’injure de vous rappeler l’ensemble des mesures prises contre l’enseignement public, en particulier ces derniers mois.

Vous l’aurez compris : non seulement je ne suis pas « disponible pour assurer ce travail », mais je m’oppose fermement à cette initiative qui, si j’en crois mes informations, émane du ministère.

Et puis, parce que pour moi la solidarité entre les salariés (qu’ils soient actifs chômeurs ou retraités) n’est pas un vain mot

D’ailleurs, je vous informe que le 29 janvier, je ne pourrai pas me libérer car je serai avec mes amis qui seront en grève et qui manifesteront contre une réforme idiote, une
politique de remise en cause de nos droits et un gouvernement qui vote des lois ridicules, à l’emporte-pièce, sans, en plus, se donner les moyens de les appliquer !

Persuadé que vous comprendrez le sens de ma démarche, je vous prie de croire, Monsieur le Recteur, Monsieur l’Inspecteur d’Académie , en ma fidélité à l’école publique laïque (dont j’ai été l’un des maîtres pendant 38 ans et que j’entends bien continuer servir en la défendant) mais aussi en mon attachement au droit de grève inscrit dans la Constitution de notre pays, aux droits obtenus tout au long de notre histoire par les travailleurs et enregistrés dans les Conventions de l’Organisation Internationale du Travail que la France a ratifiées.

Jocelyne Ronflé

Professeur des Ecoles à la retraite