Les places aux concours de recrutement de fonctionnaires diminuent, le gouvernement ne remplace plus qu’un départ à la retraite sur deux, dans le même temps le nombre de précaires explosent… et le Ministre fait mine de s’interroger !!!

Le document ministériel adressé aux syndicats

Le communiqué de la FSU

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Dans l’interview du 30 décembre qu’il accorde au journal Les Echos, Georges TRON, secrétaire d’Etat à la Fonction publique, fait état de propositions pour lutter contre la précarité dans la Fonction publique.

S’il minimise l’importance de celle-ci et récuse tout « plan de titularisation », pourtant revendiqué par la majorité des organisations syndicales et annoncé par le Président de la République : «La situation des contractuels dans la fonction publique est tout à fait anormale. Je suis tout à fait prêt à envisager la titularisation des contractuels» *, il est cependant contraint d’avancer des pistes pour réduire la précarité, lutter contre les abus des employeurs publics, faciliter les titularisations par la reconnaissance de l’expérience et renforcer les droits des agents non titulaires.

Pour la FSU, la précarité des personnels n’est jamais « justifiée ». Les garanties de la Fonction publique doivent s’appliquer à l’ensemble des agents de la même façon que les obligations statutaires s’imposent actuellement à tous. C’est aussi pour défendre des services publics de qualité répondant aux besoins des usagers, qu’elle interviendra dans les négociations annoncées en faveur d’une politique systématique de recrutement de fonctionnaires permettant la limitation des recours au contrat (ou bien la fin des recours abusifs). La FSU est favorable à un plan de titularisation aux modalités adaptées à la diversité des situations et pour la reconnaissance des droits des agents.

La FSU récuse l’exclusion des contrats aidés du champ de la discussion. Elle revendique les moyens d’une véritable politique d’insertion de ces agents publics qui sont actuellement maintenus dans la précarité du fait de l’extrême faiblesse de leurs rémunérations, de la durée réduite des contrats et de l’absence de formation.

Elle appelle l’ensemble des personnels à peser sur l’issue des négociations, en particulier par la mobilisation de tous à l’occasion de la journée intersyndicale de rassemblements prévue le 20 janvier 2011.

Voir sur le site national de la FSU, la note sur la précarité dans la Fonction publique, décembre 2010

* émission « la parole aux français » de janvier 2010

Interview de Georges Tron, ministre de la Fonction Publique, dans les Echos du 30 décembre

Quel est l’objectif de votre plan d’action pour les agents contractuels de la fonction publique ?

Le président de la République s’est inquiété l’an dernier de la situation difficile de certains agents contractuels, avec la volonté d’y remédier. Cet engagement a reçu un écho d’autant plus favorable des syndicats que nous avons constaté une insuffisance du cadre juridique, qui crée de nombreuses failles dans le système. On ne peut pas maintenir de façon artificielle des agents en CDD quand leurs emplois permanents ne le justifient pas. Notre objectif est de mettre fin rapidement aux abus et de prévenir la survenance de nouveaux cas.

Le chef de l’Etat avait invoqué la titularisation des contractuels…

L’objectif est double. D’abord, et c’est un point essentiel, nous voulons faciliter la transformation des CDD en CDI quand les agents non titulaires occupent des emplois permanents. Il s’agit d’empêcher le détournement, fréquent de la part de certains employeurs, de la loi de 2005 qui permet de bénéficier d’un CDI au terme de six années d’ancienneté continue en CDD. Nous proposons que cette ancienneté de six ans puisse être justifiée sur une durée de référence de huit ans, et donc éventuellement de manière discontinue. Ce meilleur accès vers le CDI va d’abord profiter aux agents des catégories B et C, je pense en particulier à la fonction publique territoriale. Le deuxième objectif est de faciliter l’accès à la titularisation des agents qui le souhaitent, alors que les conditions sont aujourd’hui très difficiles. Mais attention : il ne suffit pas de faire un énième plan de titularisation. Il y en a eu seize depuis 1946 et la preuve est faite que cela ne marche pas.

Comment cela va-t-il concrètement se passer ?

Nous allons ouvrir des concours spécifiques professionnalisés au profit des agents non titulaires en CDI, qui valoriseront l’expérience acquise, sans condition de diplôme. Ces procédures de recrutement seront strictement encadrées : il s’agit de reconnaître les compétences indiscutables d’agents occupant des emplois permanents, pas de dévaloriser ou de contourner les concours.

On comptabilise 872.000 non-titulaires. Vous fixez-vous un objectif chiffré de réduction de ces effectifs ?

Nous ne sommes pas dans une logique quantitative. L’idée n’est pas de ne plus avoir d’agents contractuels, mais d’éviter qu’ils restent dans la précarité quand ce n’est pas justifié. De manière générale, il faut mieux reconnaître leur statut, donner des possibilités d’évolution. Nous allons appliquer aux contractuels la même logique qu’aux titulaires : rendre à nouveau la fonction publique attractive. Ils doivent bénéficier de droits renforcés en matière de conditions de recrutement, de formation tout au long de la
vie, de mobilité, d’un entretien annuel avec leur supérieur, etc. Je le rappelle, tous les contractuels ne sont pas en situation précaire, ils ont la possibilité de passer des concours internes et leur ancienneté dans la fonction publique est prise en compte.

Certains contractuels perdant leur emploi ont des difficultés à toucher des indemnités chômage…

C’est un vrai sujet. Les agents doivent parfois attendre des mois avant d’obtenir un paiement, ce qui est absolument inacceptable. J’ai envoyé ces jours-ci, avec François Baroin, une circulaire aux ministres rappelant que les contractuels qui ne le sont plus doivent obtenir rapidement l’attestation leur permettant de demander des droits à chômage. L’Etat va aussi proposer à Pôle emploi une convention de gestion afin que ce soit systématiquement le service public de l’emploi qui paie les indemnités. Pôle emploi demandera ensuite le remboursement à l’Etat quand il apparaîtra que la charge de cette indemnisation relève de l’administration. Aujourd’hui, on perd du temps à établir qui doit payer en fonction de la carrière de la personne.

Les syndicats s’inquiètent de la création d’un « contrat de projet » qui viendrait, selon eux, écorner le statut de la fonction publique…

Je sais que c’est un point de crispation, mais ce ne doit pas devenir un point de blocage. Le contrat de projet n’a pas vocation à être étendu, à devenir un outil de gestion courante. Simplement, et je vous parle là en tant que maire, quand vous embauchez quelqu’un sur un projet important dont le terme n’est pas connu à l’avance, il peut être intéressant de le faire sur la base de ce projet et non plus d’une durée déterminée. Il s’agit là de situations très spécifiques. J’espère que nous pourrons trouver un accord global avec les syndicats, afin d’amplifier la dynamique engendrée par les accords sur le dialogue social, la santé au travail, etc.

Ce plan d’action va-t-il coûter cher ?

Je reste prudent sur ce point. La précarité aussi a un coût puisque l’Etat est son propre assureur en matière de chômage. Pour le reste, il n’y a pas nécessairement de surcoût entre un CDD et un CDI ou entre un CDI et un titulaire. Ce qui nous motive, c’est avant tout une question de justice sociale.

Propos recueillis par Etienne lefebvre, Les Echos


Article des Echos (30 décembre)

Un recours aux CDD qui va au-delà du cadre légal

Depuis une décennie, le nombre de contractuels progresse deux fois plus vite (2,8 %) que l’ensemble des effectifs publics (1,3 %).

L’Etat peut balayer devant sa porte : la précarité y est autant, voire plus répandue que dans le secteur privé. A la fin 2008, l’Etat employait 872.600 contractuels, dont les trois quarts en CDD, soit 16,5 % de ses effectifs, selon le dernier rapport sur l’état de la fonction publique. C’est 2 points de plus qu’il y a dix ans. Depuis 1998, le nombre de contractuels – qui ne bénéficient ni du statut de fonctionnaire ni des avantages du Code du travail -progresse ainsi deux fois plus vite (2,8 %) que l’ensemble des effectifs publics (1,3 %). Et la situation a plutôt tendance à s’aggraver, à mesure que se généralise le principe de non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite : la progression a été de 3,8 % en 2008.

Les jeunes premiers touchés

Même si tous les contractuels ne se sentent pas précaires, la comparaison avec le privé n’est guère flatteuse : les CDD, missions d’intérim et contrats aidés ne représentent que 12,3 % des salariés en entreprise, selon les dernières données de l’Insee. Comme dans le privé, les jeunes sont les premiers victimes : 4 contractuels du public sur 10 ont moins de trente ans.

La loi a déjà clairement encadré les possibilités de recours aux contractuels : en théorie, ils ne peuvent occuper qu’un emploi saisonnier ou vacant (congé maladie, maternité, etc.) ou pour lequel il n’existe pas de corps de fonctionnaires adapté. Dans la pratique, pourtant, ces agents précaires comblent souvent des besoins permanents. Depuis 2005, les agents en CDD sont également censés obtenir un CDI au bout de six ans. Mais la règle est peu appliquée, reconnaît Bercy.

Un accroissement alarmant

L’accroissement de la proportion des contractuels est particulièrement alarmante dans les hôpitaux, où leur nombre a bondi de 6,5 % en 2007 et de 5,9 % en 2008. Ils représentent désormais 14,6 % des contrats, 5 points de plus qu’il y a dix ans. Il s’agit moins du personnel soignant que des agents techniques et du personnel administratif.

La hausse est plus modérée dans les collectivités locales. Mais ce sont elles qui affichent encore le plus fort taux de précarité : 20 % des agents. Dans la fonction publique d’Etat, le nombre de contractuels a progressé de près de 4 % en 2008, compensant partiellement la baisse du nombre de titulaires. La tendance est générale et concerne autant les ministères (+ 2.200 contractuels) que les universités (+ 3.000), le CNRS (+ 1.100) et les lycées (+ 900). Des augmentations qui s’accompagnent, à chaque fois, d’une baisse du nombre de fonctionnaires, reconnaît le ministère du Budget. Ce recours aux contrats flexibles n’est pas toujours un bon calcul budgétaire, l’Etat devant payer l’allocation chômage des contractuels qui perdent leur emploi.

Lucie Robequain, Les Echos