INTERVENTION lue par la FSU au nom de toutes les organisations syndicales devant L’INSPECTION ACADÉMIQUE
Nous avons voulu nous arrêter ici devant l’IA qui gère l’ensemble des personnels des écoles et pilote le système éducatif en Sarthe à la fois parce que l’EN est dans la tourmente mais aussi parce que demain avec la réforme générale des politiques publiques ce bâtiment risque de devenir une coquille vide démembrée, destructurée. Et cela en sera fini de la proximité et de la qualité du service public. Quand des réformes régressives se mettent en place, ce sont toujours les personnels les moins visibles aux yeux du public et ici ce sont les administratifs qui trinquent les premiers.
Le week end dernier X. Darcos a cru futé de traiter les milliers de lycéens qui défilent dans les rues de France depuis maintenant 2 mois de Bouffons. Et bien aujourd’hui, à n’en pas douter et si l’on se fie aux chiffres de grévistes qui nous sont remontés, les bouffons sont en grève par centaines de milliers et par dizaines de milliers en manifestation dans les rues de France.
L’UMP locale non plus n’apprécie guère l’art de la bouffonnerie. La colère Fillonnesque qui n’a pas goûté le gâteau offert mardi 6 par les lycéens a obligé la police scientifique à se déplacer pour analyser le rideau de fer de l’UMP et conduit un jeune lycéen sans histoire en garde à vue pendant quelques heures l’ump et la police n’ont vu qu’un coupable parmi les 1000 manifestants. Alors aujourd’hui, nous affirmons notre totale solidarité avec ce jeune.
Comme nous réaffirmons notre solidarité à tous les enfants et familles de sans papiers menacés d’expulsion. Il faut arrêter ces tartufferies liberticides et retrouver le chemin du véritable dialogue c’est à dire du respect de tous les acteurs sociaux quel qu’ils soient et prendre en compte les aspirations et les revendications, arrêter de faire semblant et de dénigrer systématiquement les services publics dont on est le ministre.
Que ce soit pour l’éducation nationale ou l’ensemble de la fonction publique ou des services publics, la méthode employée est toujours la même.
Cette méthode a été définie par Eric Woerth le ministre de la réforme qui veut supprimer 160000 emplois de fonctionnaires d’ici 2012 dont la moitié dans l’éducation nationale, avec son compère Renaud Dutreil lors d’un colloque de la fondation Concorde en 2004. Ils déclaraient à l’époque et c’est prémonitoire :
"Le problème que nous avons en France, c’est que les gens sont contents des services publics. L’hôpital fonctionne bien, l’école fonctionne bien, la police fonctionne bien. Alors il faut tenir un discours, expliquer que nous sommes à deux doigts d’une crise majeure mais sans paniquer les gens, car à ce moment-là, ils se recroquevillent comme des tortues."
Alors cette stratégie, M. Darcos ministre de l éducation nationale, l’applique à la lettre. C’est une campagne planifiée totalement reprise dans les médias à laquelle on assiste :
1/ les résultats des élèves se sont effondrés dans les dernières années ».
« la France est tout en bas du classement dans les comparaisons européennes (France Inter mi avril) « la chute est continuelle depuis 2002 au niveau des performances en compréhension écrite et orale des élèves français ».
2/ L’école coûte cher. « On dépense plus que dans les autres pays européens pour un temps d’école plus long et pour des ré
;sultats catastrophiques »
3/ Vous avez deviné la conclusion : on peut faire nettement mieux pour moins cher, il suffirait d’écouter les docteurs Sarkozy et Darcos. Les effectifs par classe, les recrutements le nombre d’emplois et leur qualité seraient à ranger au rang des accessoires.
Il suffirait de retourner aux programmes de 1923, de revenir à l’ordre d’antan voire à la non mixité comme l’Assemblée Nationale vient d’en voter la possibilité, de diminuer le nombre d’heures d’enseignement, d’organiser des stages pendant les vacances, d’allonger la journée scolaire pour les élèves les plus fragiles, pour stopper la faillite de l’école française, et pour aider les plus en difficultés. C’est fou comme ce gouvernement se préoccupe des plus pauvres et des plus faibles quand on l’écoute.
Le bac pro en 3 ans en est l’exemple typique. Cela fait beau sur la carte de visite, mais cela ne répond absolument pas à la prise en charge au sein de l’enseignement professionnel de tous les élèves en particulier ceux qui sont le plus en difficulté
Le problème de ce discours sur la faillite du système scolaire et nous tenons à l’affirmer fortement aujourd’hui devant l’opinion publique en particulier, devant les jeunes et les parents d’élèves, c’est qu’il relève d’un exercice de propagande.
M. Darcos ne fera pas carrière comme bouffon, par contre il excelle comme bonimenteur.
1/ Sans rentrer dans les détails, rétablissons les faits, les résultats de l’école française s’ils ne demandent qu’à être améliorés, se situe dans la moyenne européenne et donc loin « du tout bas du classement » comme le dit le président de la R. Mais, plus, si on ne prend en compte que les non redoublants, les résultats des élèves français se situent largement dans la frange supérieure des comparaisons internationales.
Le problème du système éducatif français ce n’est donc pas sa faillite mais sa difficulté à faire progresser les enfants les plus en difficultés.
2/ l’école française coûterait trop cher ? D’abord on pense toujours que l’école comme tous les autres services publics, est un investissement collectif pour le bien et l’intérêt du plus grand nombre. Mais, pour M. Darcos « les dépenses se sont envolées ces dernières années ». Là encore il y a mensonge. Depuis 1995, les dépenses de la France ont augmenté moins que celles de l’OCDE et moins que celle des pays européens ».
Alors, pourquoi tant de mensonges ? Pourquoi tant d’énergie à dénigrer le travail des personnels ? On est en droit de se le demander. Et bien parce que nos gouvernants tant attachés à réduire la dépense sociale, tant attachés à effacer du vocabulaire politique dominant les mots de solidarité ou d’égalité, réduisent leur rôle à ceux de simples agents commerciaux chargés de vendre à l’opinion publique le bien fondé de cette politique de rigueur budgétaire qui ne dit pas son nom.
11 800 suppressions d’emplois cette année, 25 000 depuis 5 ans et 80 000 annoncées pour les 3 ans qui viennent uniquement pour l’éduc nat, le double pour l’ensemble des fonctionnaires. On crée un poste pour 45 élèves supplémentaires mais on en supprime 1 pour 8 élèves en moins.
En fait, toutes les réformes ministérielles de l’université à l’école primaire ont comme seule et unique objet de rendre possible des suppressions d’une telle ampleur.
C’est une démarche étroitement et uniquement mercantile dont il s’agit. Il revient aux fonctionnaires et aux services publics le « privilège » de payer les cadeaux fiscaux octroyés aux plus favorisés de ce pays.
Les véritables victimes au-delà des fonctionnaires et de notre statut sont les usagers : les familles à qui ont fait miroiter que demain en choisissant leur établissement les résultats de leur enfant s’amélioreront, les élèves qui seront soumis à une concurrence permanente, et pour les plus en difficultés une incitation à quitter de plus en plus tôt les bancs de l’école.
Au niveau des personnels, les premières victimes de cette politique et ce quel que soit le service public où l’on travaille, ce sont les précaires. On ne dira jamais assez que l’école ne fonctionne aujourd’hui, que par la conscience professionnelle de personnels à contrats à durée déterminé qui sont payés pour un grand nombre tout juste au seuil de pauvreté. Sans eux et surtout sans elles point d’intégration des enfants porteurs de handicap. Multiplication des précaires et contractuels, multiplication des heures supplémentaires, tout conduit à une dégradation des conditions de travail des personnels et de la qualité du service public.
Bonimenteur M. Darcos mais aussi provocateur de bas étage. Quand il insulte la principale fédération de parents d’élèves et nous ressort le service minimum, le ministre montre ce visage haineux qui caractérise tous les populistes qui ont mal à la démocratie.
Si les parents d’élèves ont des problèmes de garde ce ne sont pas les 2 ou 3 jours de grève par an qui posent problème mais l’incapacité de l’administration, par manque de moyens, de remplacer à longueur d’année les enseignants absents y compris les congés de maternité prévus de longue date.
Alors, M. Darcos, votre politique budgétaire et éducative imposée aux établissements et aux personnels nous n’en voulons plus, nous ne la supportons plus.
La grève très massive d’aujourd’hui attend une réponse gouvernementale, notre exigence est simple nous voulons un moratoire sur toutes les suppressions d’emplois et les réformes actuellement en cours La transformation de l’Ecole implique une toute autre dynamique pour le système éducatif et pour les métiers de l’éducation. C’est une autre politique éducative visant la réussite de tous les élèves dont nous avons besoin.
Après cette grève, il nous faut assurer le succès des initiatives futures et en prévoir de nouvelles. C’est maintenant que se conjugue le mot résistance. En ce mois de mai 2008, ensemble tout pourrait devenir possible.
· Le 18 mai à Paris
· Le 22 mai en grève, public privé, avec le privé sur les retraites, reconduisons la grève éduc
· Le 24 mai avec les parents d’élèves manifestation dans toutes les villes de France