La faute à la fusion ? À la crise ?

Pôle emploi voit trouble. Tout au moins ces huit employées syndiquées au SNU, tristes de voir leur métier se déshumaniser.

Enquête

De quoi se plaignent-elles ? Ces salariées de Pôle emploi, pour la plupart issues de l’ANPE, sont syndiquées au SNU. Elles ont un peu d’expérience dans la profession et assistent, désabusées, à la déshumanisation de leur métier.

La souffrance au travail est liée à l’absence de reconnaissance mais aussi, comme l’avait montré une étude ligérienne, au fait que les salariés ont le sentiment de ne pouvoir accomplir correctement leur tache. C’est ce que ressentent ces femmes qui signalent que Pôle emploi parle désormais « d’équipe de production et non plus d’équipe professionnelle ». Le choix des mots.

20 minutes le premier rendez-vous

La perte de sens dans le travail, voilà de quoi elles se plaignent : « Aujourd’hui, nos métiers changent, et on ne sait pas trop ce qu’ils nous demandent. Qu’est-ce qu’on attend de nous ? » interroge l’une d’elles. « On a 20 minutes pour un premier entretien, et on ne doit pas dépasser. Or, on veut bien faire, rester dans les temps pour l’usager, pour le collectif, tous ceux qui attendent et pour nous-mêmes parce que derrière l’entretien, plein d’autres taches nous attendent. »

Un peu de crise et du chômage en plus laissent des dossiers en souffrance, faute de temps. Le service rendu n’est plus tout à fait serviable : « Avant on donnait à l’usager le montant de l’allocation dès qu’il nous le demandait, au pire le lendemain. Aujourd’hui, on ne lui donne pas l’info avant dix jours. »

Convocations collectives

La fusion ANPE-Assedic devait simplifier la vie des usagers. « Non, déplore Valérie. Car si je suis maçon et que j’habite à la Chasse-Royale, mon dossier d’allocataire sera traité à la Chasse-Royale et mon suivi de recherche d’emploi aura lieu au Miroir. Que les agences soient spécialisées par secteurs d’activité, c’est plutôt mieux pour tisser un réseau avec les industriels, les employeurs en général. »

Pour l’instant, les ex-ANPE et les ex-Assedic ont conservé leur métier. Mais alors, de quoi se plaignent-elles ? « On fait du traitement de masse, les gens convoqués le sont collectivement. On les reçoit par quinzaines à peu près. Alors, certains repartent déçus, ils n’ont pas osé poser de questions », décrit Claudine. « Oui, c’est ça, on fait de l’aiguillage plus que du conseil », ajoute Audrey.

Toutes ont alors une pensée sincèrement émue pour les contrats à durée déterminée qui à l’accueil, occupent « le pire poste ». Et estiment, sur un effectif de trente, qu’un ou deux collègues sont absents chaque jour pour raison de santé, « sans compter ceux qui prennent des médocs ».

Florence LAMBERT.

Ouest-France du 25 mars 2010