Rentrés 2008 : Les personnels de l’EAP dans l’action
La rentrée dans l’enseignement agricole public a eu l’apparence d’une rentrée sans problèmes… Le rétablissement des moyens obtenus par la mobilisation des personnels à l’appel de l’intersyndicale pendant la dernière année scolaire et annoncés par le ministre lors d’une entrevue avec les syndicats le 15 février 2008 va dans le bon sens. Les 160 ETP d’emplois d’enseignants rétablis et les quelque 3 millions d’euros supplémentaires redéployés ont permis d’augmenter le nombre de postes ouverts aux concours et de favoriser le recours aux listes complémentaires .
Pourtant de nombreuses inquiétudes demeurent, ce que ne disent pas les communiqués de presse du Ministère de l’Agriculture, c’est que c’est notamment en refusant des élèves grâce à des abaissements de seuils et des regroupements de sections que la DGH tient !
C’est aussi les ATS (personnels administratifs, techniciens et de santé) qui ont payé un lourd tribut aux suppressions d’emplois et de nombreux agents contractuels qui avaient été recrutés pour pallier le déficit des dotations qui se sont vu signifier la fin de leur contrat au 31 août 2008. Les conditions de travail des agents restants se sont bien sûr dégradées et un certain nombre de tâches ne peuvent désormais plus être effectuées.
Sur ce sujet, le secrétariat du Ministère nous a répondu que dans le cadre de la RGPP, il fallait désormais repenser l’organisation de ces fonctions, en particulier en mutualisant certaines tâches entre le niveau local et le niveau régional mais aussi en externalisant certaines d’entre elles !
Sur cette question des moyens, d’autres voix que le SNETAP tirent la sonnette d’alarme. Un rapport parlementaire intitulé « A la croisée des chemins » vient d’être remis au Ministre de l’Agriculture par le groupe consultatif pour le 5ème Schéma Prévisionnel National des Formations, présidé par la sénatrice Françoise Férat. Pour ce groupe d’experts indépendants, l’alternative est sans ambiguïté : « Soit l’enseignement agricole se résigne à l’abandon, soit il choisit de prendre un nouveau départ pour répondre aux défis d’aujourd’hui » et d’ajouter « A ce rythme, pour passer dans l’enveloppe annuelle, jusqu’où faudra-t-il réduire l’activité ? En bonne logique jusqu’à la fermeture de la dernière classe du dernier établissement »…
Un autre sujet d’inquiétude : la généralisation du Bac Pro en 3 ans annoncée dès la rentrée 2009. Si certains collègues se faisaient encore des illusions en espérant que cette refonte du cursus BEPA-BAC Pro pouvait permettre des avancées pédagogiques, la présentation de l’avant projet dans les établissements a démontré qu’elle n’était basée que sur des considérations financières. Elle fait fi de l’intérêt des élèves, notamment les plus fragiles, qui risquent de se retrouver exclus du système. Cela va se traduire par un recul de l’offre de formation des établissements publics avec l’ouverture d’un nombre de classes de Seconde professionnelle inférieur à celui des classes de BEPA existantes.
Face à ces menaces, afin de résister et de peser sur les décisions budgétaires qui vont conditionner les trois années à venir, les personnels se mobilisent. Dans nos établissements, à l’appel de l’intersyndicale, ce sont les actions de rétention de notes et de blocage des Contrôles en Cours de Formation qui se mettent en place ; dans la Sarthe, le LPA de Brette Les Pins est déjà dans l’action comme plus de 80 établissements au plan National. Des points réguliers sont faits avec les parents et les élèves pour les informer des raisons de cette action. De nombreux parents d’élèves ont d’ailleurs apporté leur soutien à cette initiative.