Suite au Colloque « Éduquer contre l’homophobie dès l’école primaire » organisé le 16 mai, fruit d’une recherche-action de trois années et dans le contexte actuel de libération de la parole homophobe, le journal Le figaro s’est fait l’écho d’extrapolations infondées concernant notre travail en titrant sa Une du 29 mai sur « Ces professeurs qui imposent la théorie du genre à l’école primaire ».

Loin d’une telle affirmation, le SNUipp se propose de questionner très tôt les représentations et les stéréotypes liés au genre et de dévoiler les inégalités qu’ils véhiculent. Il inscrit sa réflexion et son travail dans une démarche d’éducation à la lutte contre le sexisme, pour l’égalité fille-garçon et pour l’accueil de toutes les familles à l’école.

Une préoccupation ancienne

Cette éducation s’inscrit d’ailleurs depuis longtemps dans les missions de l’éducation nationale : dès 1961, un décret mettait en application la Convention des Nations-Unies de 1960 concernant la lutte contre la discrimination dans le domaine de l’enseignement et préconisait l’élimination de « toute conception stéréotypée des rôles de l’homme et de la femme à tous les niveaux et dans toutes les formes d’enseignements ». On pourrait évoquer également la lutte contre l’homophobie, mentionnée explicitement dans les circulaires de rentrée du Ministère en 2008, 2009…et 2013. La Convention interministérielle pour l’égalité entre les filles et les garçons, les femmes et les hommes dans le système éducatif, signée dans sa version renouvelée le 7 février 2013, stipule quant à elle que : « Les savoirs scientifiques issus des recherches sur le genre, les inégalités et les stéréotypes doivent nourrir les politiques publiques mises en place pour assurer l’égalité effective entre filles et garçons, femmes et hommes. »

Avec la FSU, le SNUipp poursuit donc la promotion d’une éducation non-sexiste, en luttant contre les inégalités filles-garçons. Il appelle le ministre à mettre en œuvre de la formation et à proposer des ressources pédagogiques au service des enseignants pour leur permettre de combattre dans leurs classes, toutes les représentations et comportements discriminatoires.

Relayé par le café péda :

Circulaire nationale du secteur Droits et libertés

Genre et école primaire :

Après l’article du Figaro, argumentaire

Après la polémique autour des manuels de SVT de 1ère, les lobbys conservateurs mènent une nouvelle offensive contre ce qu’ils appellent « la théorie du genre »… Mais la vision qu’ils veulent en donner est caricaturale et mensongère, laissant entendre qu’on mettrait dans la tête de nos élèves l’idée qu’ils pourraient choisir leur sexe une fois adultes !!

Après le colloque du 16 mai « Éduquer contre l’homophobie à l’école primaire », aboutissement d’un travail de trois années, le SNUipp-FSU est devenu une cible des réactionnaires, et de la presse qui les soutient.

Qu’est-ce que les études sur le genre (ou gender studies) ?

Il s’agit en fait, non pas d’une théorie, encore moins d’une idéologie, mais d’un concept, un domaine de recherche pluridisciplinaire, né il y a une trentaine d’années en Europe, qui fait référence aux qualités, rôles, responsabilités associés traditionnellement aux hommes et aux femmes dans une société. En France, on a longtemps préféré les expressions « rapports de sexe » ou « rapports sociaux de sexe » plutôt que la notion de genre.

Le genre est parfois défini comme le « sexe social », différencié du sexe biologique. Il s’agit d’une construction sociale de la différence des sexes, telle que Simone de Beauvoir l’écrivait en 1949 « On ne naît pas femme, on le devient », expression tout aussi symétriquement applicable aux hommes. Cette différenciation des sexes fonde une hiérarchie au profit du masculin qui varie en fonction des lieux, des époques et du contexte socioculturel. Pour d’autres chercheurs et chercheuses le genre (traduction de gender) est le système qui produit la bipartition hiérarchisée entre les hommes et les femmes.

Ce cadre normatif peut se révéler très étroit, générant sexisme et homophobie, et enfermant les individu-es dans des rôles dans lesquelles ils et elles ne se reconnaissent pas forcément.

Être sensibilisé aux études de genre, c’est donc faire la part du culturel, des stéréotypes pesant sur les individus en fonction de leur sexe, et avoir conscience des rapports sociaux inégalitaires entre les sexes. En gros, le chromosome Y n’est pas incompatible avec les tâches ménagères, et le destin des femmes n’est pas exclusivement d’être mères, par exemple !

(Il ne s’agit pas non plus de nier les différences biologiques, mais de les remettre à leur juste place). Ces études se heurtent à de puissants discours qui rapportent les différences perçues et la hiérarchie entre les hommes et les femmes à un substrat biologique, à un invariant naturel.

A l’école :

Il ne s’agit pas de faire la promotion d’une orientation sexuelle mais d’éduquer à l’égalité filles-garçons. De même, il n’est pas question d’enseigner les études sur le genre à l’école primaire.

Mais il est nécessaire que l’école les prenne en compte aussi bien dans son enseignement que dans sa gestion des relations entre enfants. A l’école, ces rapports sociaux de sexe ont cours et sont maintenant bien connus. Le système éducatif les reproduit par ses hiérarchies entre professionnels, l’orientation des élèves, les pratiques de classe et les interactions enseignant/élèves, l’image des disciplines, l’évaluation des élèves, les manuels scolaires, la littérature de jeunesse, l’occupation de l’espace dans la cour et la présence symbolique dans la classe…

Nous devons veiller à ne pas enfermer nos élèves dans des schémas étriqués, afin de leur laisser ouvert le champ de tous les possibles : choix d’orientation scolaire et professionnelle, choix de loisirs, et de permettre l’épanouissement de toutes et tous. Il s’agit de lutter contre les stéréotypes, de promouvoir la diversité. Cela se pratique au quotidien, dans nos attitudes et nos réactions, et peut également être traité lors d’activités pédagogiques plus spécifiques.

Lutter contre les discriminations et les stéréotypes véhiculés sur les filles et les garçons est précisément un des objectifs de l’école républicaine : depuis 2000, la Convention interministérielle pour l’égalité entre les filles et les garçons, les femmes et les hommes dans le système éducatif (nouvelle version signée en février 2013) entend sensibiliser les élèves (et les personnels) à l’égalité filles/garçons.

Le document téléchargeable du SNUipp-FSU :

"-" Il explique justement tout cela, mais nos détracteurs en citent des extraits hors-contexte de manière caricaturale.
"-" Invitons-donc (les collègues, les journalistes) à le lire attentivement !

Papa porte une robe : Il est intéressant de noter que cet album cristallise beaucoup de critiques, alors que justement le vêtement est un marqueur purement culturel ! Des hommes portent des robes ou des vêtements similaires dans de nombreuses cultures : kilts, djellabas, pagnes et même soutanes !!

Dans cette histoire, on a un papa qui n’est ni transsexuel, ni homosexuel ! C’est juste un ancien boxeur qui a pris trop de coups sur la tête ! Cet album propose de manière humoristique de réfléchir aux normes sociales et aux codes du genre.