Quatre jours après la rentrée, le constat est unanime pour les personnels qui font vivre le service public d’éducation.
Chaos, colère, épuisement, sentiment d’abandon et de mise en danger, mépris des ministres, … L’école est à l’arrêt, noyée dans une procédure de plus.

Disons-le !

Il n’y a pas de fatalité à l’origine du chaos que nous vivons, mais bien des conséquences de choix politiques exercés :

  • Réponses d’urgence qui ne sont pas là pour limiter la crise.
  • Réponses de long terme pour sortir de la crise dont on ne voit aucun début.

Nous, tous et toutes les personnels de l’institution scolaire publique, devons faire entendre cela par dessus les discours autosatisfaits assénés à longueur de communiqués gouvernementaux !

Toutes et tous en grève le 13 janvier pour exiger des moyens pour l’école et les personnels, à hauteur de l’enjeu de cette crise inédite, mais qui n’est plus nouvelle. 

L’intersyndicale de la Sarthe appelle, devant la DSDEN 72 (Boulevard Paixhans), à

  • Une AG des personnels grévistes à 13h

  • Un départ en manifestation à 14h vers la Préfecture.

Au niveau national, c’est maintenant la totalité des organisations syndicales de l’éducation, y compris les organisations des cadres, ainsi que l’association de parents d’élèves FCPE et trois syndicats lycéens qui appellent à la grève du 13 janvier dans les écoles et établissements scolaires.

Le communiqué intersyndical national appelant à la grève le 13 janvier est lisible en fond d’article.

Enseignant·es du premier et du second degré, du supérieur, cadres, AESH, AED, agent·es administratives·ifs, agent.es territoriales·aux des écoles et de la restauration scolaire, animatrices·teurs périscolaires, nous sommes tous·tes épuisé·es par la surcharge de travail liée au manque de personnels, aux changements incessants de protocoles, et à la gestion des tests et des absences des élèves.

Depuis des mois nous lançons des alertes (la dernière visible sur ce site par la FSU 72 le 30 décembre), par tous moyens administratifs, de presse, aux échelons locaux comme à celui national.

Face à un gouvernement qui ignore nos difficultés, qui nous méprise, qui refuse de voir la dégradation sans précédent de la situation, nous serons en grève jeudi 13 janvier pour imposer, ensemble, nombreuses et nombreux, une politique cohérente de protection et de prévention à la hauteur des enjeux sanitaires, scolaires et sociaux.

A jeudi, massivement dans la rue

 

Article du jour du café pédagogique :

L’Ecole unie dans la grève le 13 janvier

C’est le grand chelem ! Finalement, la gestion de la crise sanitaire par JM Blanquer réussit à réunir tous les syndicats de l’Education nationale dans la grève le 13 janvier. Toutes les fédérations syndicales de l’éducation nationale (Fsu, Unsa, Cfdt, FO, Cgt, Sud, SNE) appellent à la grève. Cela concerne les enseignants, mais aussi les inspecteurs, les chefs d’établissement, les infirmières. Des mouvements lycéens et des parents (FCPE) s’associent au mouvement. Tous convergent, malgré leurs différences vers une journée de grève inédite le 13 janvier. Après deux années d’inaction et de maltraitance des personnels, JM Blanquer réussit une première. Ce sera jeudi noir dans les écoles et établissements le 13 janvier.
 
Les cadres s’invitent dans le mouvement

« Malgré une amplification jamais vue de l’épidémie, l’Ecole ne bénéficie pas de l’organisation protectrice qui serait nécessaire pour assurer la sécurité des élèves, des personnels et de leurs familles. Les retours au compte-gouttes des élèves générant des aménagements pédagogiques rendent difficiles les conditions d’apprentissage ». La Fsu, l’Unsa, FO, la Cgt, le Snalc, le Sgen Cfdt et la Fep Cfdt, le SNE, Sud Education, la Fcpe, les mouvements lycéens MNL, FIDL et Voix lycéennes appellent ensemble à faire grève le 13 janvier.

Ils demandent « une autre gestion de l’épidémie à l’Ecole avec les moyens et les protections pour faire face à la crise en élaborant un protocole viable » ainsi que « les moyens humains nécessaires notamment par la création de postes via les listes complémentaires ».
Ce qui est particulier à cette grève c’est la participation des cadres. « Il est exceptionnel que le Snpden utilise cette forme d’expression », écrit par exemple Florence Delannoy. « La médiocrité exaspérante de la gestion de crise depuis deux ans, déconnectée du terrain, épuise les collègues ». Le Sui Fsu, syndicat regroupant les inspecteurs Fsu, dénonce « l’état de désorganisation des écoles, des collèges et des lycées, conséquence de 5 années d’affaiblissement du service public d’éducation ».
Dernier à avoir décidé de participer à la grève, le Sgen Cfdt revendique  » un protocole viable qui se fonde sur un ratio de cas positifs ou d’élèves absents pour entraîner des fermetures sans épuiser les personnels et les parents avec des tests chronophages sans parler du tracing qui mobilise les personnels » et  » des aménagements dans les programmes ou les évaluations ». Plusieurs syndicats académiques du Sgen Cfdt (Alsace, Franche Comté, Picardie, Bretagne, Créteil) avaient déjà pris l’initiative de se rallier au mouvement de grève.
Des revendications particulières
Si les organisations se sont mises d’accord sur une plateforme assez générale, elles gardent des revendications propres. Ainsi le Snuipp Fsu demande le retour à la règle de la fermeture de classe dès le 1er cas de covid, règle abolie depuis décembre. Le Snes Fsu juge que la désorganisation est telle qu’elle rend impossibles les épreuves de spécialité de mars et demande leur report à la fin de l’année, ce qui ramènerait au bac national avec des épreuves terminales. FO demande l’abolition de la loi Rilhac et de l’expérimentation Macron à Marseille ainsi qu’une augmentation indiciaire de 183€ net par mois, comme les hospitaliers. Le Snuep  Fsu demande la réduction du nombre de semaines de PFMP comme en 2021. Les infirmières du Snies Unsa demandent des masques FFP2 : elles en sont dépourvues alors qu’elles sont en première ligne. A coté des enseignants de l’éducation nationale, une autre intersyndicale s’est constituée dans l’enseignement agricole public pour appeler à la grève le 13 janvier, avec la Cgt, FO, le Sea Unsa, le Snetap Fsu et Sud.
Les raisons de la grève
Ainsi JM Blanquer a réussi à construire ce grand chelem historique. On n’a pas trace d’un mouvement de grève aussi large à l’éducation nationale.
Comment l’expliquer ? Il y a bien sur la façon dont la nouvelle version, ou plutôt, la succession de nouvelles versions qui se sont égrenées en une semaine, au gré de communications dans les médias. De jour en jour, le ministre a allégé la protection des professeurs et des élèves au fur et à mesure que le risque de contamination augmentait. On est passé de la fermeture de classe dès le 1er cas dans le 1er degré à trois cas puis finalement à la suppression des cas de fermeture de classe. Après la découverte d’un cas confirmé, les élèves reviennent en classe avec un seul test et y restent avec de simples attestations parentales. Dans le second degré les élèves vaccinés ne sont pas reconnus comme cas contacts. Tout cela aurait du empêcher les fermetures de classes. Ce n’est pas ce qui est arrivé. Les mesures prises facilitent la circulation de l’épidémie et professeurs et élèves tombent malades désorganisant le fonctionnement des écoles et établissements. la complexité du protocole est aussi grande que son inefficacité. Elle entraine une surcharge de travail pour les directeurs et les professeurs dans le 1er degré, la vie scolaire dans le second alors qu’ils sont les premiers exposés à la maladie. Tous les professeurs sont confrontés à un va et vient d’élèves ce qui rend impossible toute progression pédagogique. Plus généralement JM BLanquer n’a pas plus anticipé la 5ème vague que les précédentes. Alors que l’on savait qu’Omicron allait changer la règle du jeu, il a maintenu un protocole allégé comme si l’Ecole était à l’abri du virus, thème largement matraqué dans ses discours.
Jeudi noir
Mais ce n’est pas seulement la façon dont la crise sanitaire est gérée qui mobilise toutes ces organisations. C’est aussi la communication de JM BLanquer comme nous l’avions relevé dans cet article. JM Blanquer n’entend pas les demandes syndicales de renforcement du protocole et d’embauche de personnels supplémentaires. Il n’entend même pas les demandes de masques chirurgicaux et FFP2. Il laisse les professeures de maternelles enseigner avec un simple masque en tissu à des élèves non masqués en maternelle. Il nie la diffusion en premier aux médias des protocoles. Il ne cesse de parler de « l’absentéisme » des enseignants pour désigner les malades ou cas contacts confirmés.  Il accuse tous les critiques de vouloir fermer les écoles alors que c’est sa politique qui fait exploser les fermetures de classes.
A force d’humiliations, les enseignants en ont assez. Même ceux qui sont proches du gouvernement si on en juge par la volte face de la Cfdt. Mais ce sont aussi les cadres : chefs d’établissement et inspecteurs qui devraient entrer en grève. On savait depuis 2018, par exemple par le Baromètre Unsa, que la majorité des cadres sont hostiles à la politique menée par JM Blanquer, un phénomène tout à fait nouveau. On entre avec la grève du 13 janvier dans une nouvelle dimension. Cette hostilité sourde est maintenant assumée. Elle se traduit dans l’action. Le 13 janvier ce sera jeudi noir dans les écoles, les collèges et les lycées.
François Jarraud