120 EVS et AVS ont participé à la réunion syndicale organisée par le SNUipp FSU. A l’issue de la réunion, nous sommes allés à 80 occuper l’agence ANPE du miroir pour obtenir des engagements sur le réemploi de toutes les personnes en fin de contrat. La presse quotidienne et télévisuelle en a largement rendu compte.


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Le hall est envahi. Sans incident. Une employée de l’ANPE tente de répondre aux questions, avant de faire appeler le directeur de l’agence, en rendez-vous avec un entrepreneur d’Arnage.

Depuis deux ans, ils épaulent les directeurs d’école ou encore des élèves handicapés. Menacés de perdre leur boulot, ils ont envahi hier une agence ANPE du Mans.

De la colère, un peu. Du désarroi, beaucoup. Environ 80 « EVS » (emplois vie scolaire) ont pacifiquement envahi, hier, vers 11 h, l’agence pour l’emploi du quartier du Miroir, au Mans. Pour qu’on leur explique pourquoi, à la rentrée prochaine, la plupart d’entre eux risquent de perdre leur boulot. Dans le département, ils seraient 350 à s’angoisser pour leur avenir. Comme Nathalie, ils épaulent le directeur ou les instituteurs d’une école primaire. En faisant un peu de secrétariat, en participant aux sorties scolaires, ou encore en venant en aide à des enfants handicapés scolarisés dans l’école. « Je termine mon deuxième contrat d’un le 30 juin. Pour septembre, je n’ai aucune nouvelle», s’agace Nathalie.

Pourquoi débouler à l’ANPE et non pas chez leur patron, l’Inspection d’académie ? C’est que le dispositif « EVS », lancé il y a deux ans, s’adresse à des demandeurs d’emplois ciblés (chômeurs en fin droit, RMistes, etc). Ce n’est pas l’Éducation nationale qui recrute directement, mais l’ANPE qui sélectionne les candidats éligibles à des contrats aidés (contrat d’avenir ou d’accompagnement à l’emploi). L’intérêt ? Proposer des emplois à une population peu qualifiée ou en difficulté. Le tout… à pas cher ! Rémunérés au Smic sur la base de contrat de 20 ou 26 heures, les EVS gagnent entre 630 et 780 € par mois.

Le problème, c’est que le compteur de ces contrats aidés reste bloqué à deux ans. Seul le gouvernement peut donner le feu vert à une année supplémentaire… Pour l’instant, peu importe la qualité du travail fourni, au bout de deux ans, il faut retourner à la case ANPE et laisser la place à de nouveaux candidats. Une aberration pour Bernard Lebrun, secrétaire départemental de la FSU, venu soutenir les protestataires : « Ces emplois seront reconduits à la rentrée. Pourquoi ne pas les pérenniser en laissant en place ces gens qui ont donné satisfaction ? »

Pour les EVS menacés de repointer au chômage, en majorité des femmes, dont pas mal de mamans célibataires, c’est un cauchemar. Certaines l’ont dit haut et fort au directeur de l’agence qui a accepté de recevoir tout le monde, en précisant qu’il ne pourrait « que faire suivre les demandes ». « On n’est pas ici pour quémander un contrat aidé. On n’est pas des handicapés sociaux. On a bien fait notre travail pendant deux ans. On veut garder notre boulot », s’écrie une jeune femme. Une quinqua reprend de volée : « Le gouvernement n’arrête pas de dire que les seniors ne travaillent pas assez en France. Moi je veux travailler. »

Patrick ANGEVIN.

Ouest-France