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Plus de 70% de grévistes, près du 1/3 des écoles fermées, la Sarthe n’est pas une exception, partout en France la grève est massivement suivie et les manifestations importantes. Et ce mouvement exceptionnel par sa force révèle le ras le bol et la colère que provoquent les déclarations et la politique ministérielle.

Massivement en grève pour refuser ce qu’il faut bien appeler un démantèlement du Service Public d’Education.

Démantèlement le mot est fort mais il traduit bien la réalité. De la maternelle à l’université, les annonces de réformes se succèdent et s’abattent sur l’école tel un couperet. Aucun secteur de l’éducation, aucun service n’est épargné.

Au quotidien dans les écoles, les établissements et les universités, nos conditions de travail se dégradent : perfomances, évaluation-résultat, efficacité-rentabilité, mise en concurrence, compétitivité sont les nouveaux mots qui font fureur tandis que les notions de service public, d’égalité, de solidarité et de laïcité sont reléguées au second rang.

Dans le cadre de la Révision générale des politiques publiques, un groupe d’audit a remis, courant 2008, un rapport qui devait rester confidentiel. Sa lecture croustillante donne tout son sens aux réformes actuelles. On y lit ainsi :

"À défaut de réforme, le scénario d’optimisation des moyens sera insuffisant pour atteindre les objectifs budgétaires et conduira à dégrader les résultats du système éducatif"

ou encore

il ne suffit pas de réduire l’offre éducative au collège et au lycée pour absorber les économies en emplois réalisées par le non-renouvellement d’un fonctionnaire sur deux partant en retraite.

Et le rapport d’envisager 3 scénarios

celui dit de l’optimisation de la gestion des ressources qui donnerait "une économie potentielle de 41 000 à 43 000 emplois nets sur cinq ans".

Ou ceux appelés "autonomie maîtrisée" ou ‘autonomie complète qui donnerait une économie entre 85 000 à 93 000 emplois nets sur cinq ans.

Toutes les régressions qui se mettent en place à cette rentrée est ainsi listée et cette liste est impressionnante :

-13 500 suppressions de postes prévues pour la rentrée 2009 !

– Les réseaux d’aides spécialisés pour les enfants en difficulté (RASED) sabordés

– Les IUFM et la formation professionnelle de tous les enseignants supprimés

– L’école maternelle malmenée et menacée

– L’université et la recherche mises au régime de l’austérité et de la concurrence

– L’enseignement privé priorisé et modélisé

– Les horaires d’enseignement pour les élèves diminués,

– Le soutien aux élèves sortis des horaires obligatoires et en voie “d’externalisation", – Les programmes modifiés contre l’avis des professionnels,

– L’offre de formation réduite en lycée et lycée professionnel,

– Des rythmes scolaires qui virent à l’absurde,

– Les écoles, les établissements, les universités mis en concurrence….

– Le service public éclaté avec des établissements aux pouvoirs et à l’autonomie renforcés, (y compris dans le premier degré avec la mise en place des EPEP)

– Le contrat comme nouveau mode de recrutement à côté des concours et la précarité comme mode de gestion des personnels (AE, AVS, EVS, enseignants contractuels et vacataires…)"

La réduction de la dépense d’éducation s’accompagne d’une diminution de l’offre éducative par la réduction du nombre d’heures d’enseignement. Ainsi, le rapport accompagnant le projet de budget 2009 n’est pas sans nous inquiéter quand il évoque la durée moyenne de scolarisation d’un élèv
e français supérieure de 2 ans à la moyenne européenne. Le ministre prépare-t-il les esprits à une augmentation importante des sorties du système éducatif aussitôt atteint les 16 ans.

Les réformes successives -du lycée à l’université en passant par le collège, l’école maternelle et élémentaire- sont imposées, d’autorité, en méprisant les personnels, les parents, les élèves et leurs organisations représentatives. Elles remettent en question les statuts des personnels et les fondements du service public.

Nos gouvernants tant attachés à réduire la dépense sociale, tant attachés à effacer du vocabulaire politique dominant les mots de solidarité ou d’égalité, réduisent leur rôle à ceux de simples agents commerciaux chargés de vendre à l’opinion publique le bien fondé d’une politique de destruction du service public qui ne dit pas son nom.

Il y a d’un côté le discours mysthificateur des objectifs affichés “donner plus à ce qui ont plus besoin” et une réalité qui est tout autre : en finir avec le long et dificile processus de démocratisation de l’école, et renvoyer les familles des élèves en difficulté à la culpabilité et à la responsabilité de leurs propres échecs.

Il y a les pseudos consultations, les fameux audits dont les conclusions sont écrites à l’avance, les comparaisons européennes où l’on tronque les mises en garde de leurs auteurs pour démontrer la faillite du système éducatif français. Nous l’avons dit et nous le redirons, l’école française n’est pas en faillite, même si elle peine à faire progresser les élèves en difficulté. Et au lieu de s’atteler aux vrais problèmes, les chercheurs et les pédagogues le confirment, les mesures et les réformes programmées, ne feront qu’aggraver l’échec scolaire, la sortie précoce du système scolaire, sans aucun diplome, de toute une catégorie d’élèves !

Il y a, relayé allègrement par certains médias, le dénigrement systématique des enseignants et de leurs organisations représentatives, soi-disant accrochés à la défense de leurs intérêts personnels et rétifs à tout changement.

Il y a les petites mesures mesquines, la prime pour lui mais pas pour elle, dont l’objectif consiste à ne surtout pas augmenter les salaires et à diviser les personnels.

Il y a aussi, la remise en cause du droit de grève, des droits syndicaux et du paritarisme. Les instituteurs et institutrices, les professeurs des écoles sont perçus comme une catégorie de personnels qu’il convient de mettre au pas. Mais, ce ne sont pas seulement les écoles maternelles ou élémentaires qui sont touchées, ce tous les niveaux du système éducatif.

Si les rythmes sont parfois différents, la rapidité et l’ampleur des attaques font que si nous n’y portons pas un coup d’arrêt la rentrée 2009 verrait se mettre en place une école dont le caractère public et égalitaire serait à ranger au rayon des livres d’histoire.

Le récent appel d’offres concernant la veille de l’opinion, lancé conjointement par le ministère de l’éducation nationale et le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche montre la peur ministérielle qu’un mouvement d’opposition à sa politique se développe dans la jeunesse ou chez les personnels.

Si le ministre voulait connaître l’état de l’opinion, il lui suffirait d’ouvrir de véritables négociations ou d’écouter les manifestants d’aujourd’hui ou ceux du 19 octobre.

Mais le véritable visage du ministère et du gouvernement c’est celui de l’autoritarisme, du faire semblant de la communication, du fichage et fliquage des enseignants, des étudiants ou des lycéens.

Pendant qu’il en est encore temps, ensemble, portons un coup d’arrêt à cette politique.

Ensemble, Exigeons

– un autre budget et les créations d’emplois qui répondent aux besoins et permettent une rénovation et une transformation du système éducatif favorisant la réussite de tous les élèves

– l’abandon des réformes ministérielles et l’ouverture d’un véritable dialogue et des négociations

– le respect des droits syndicaux, le maintien du paritarisme

Oui, l’école en général a besoin de réformes pour répondre aux défis qui lui sont posés mais ces réformes doivent être concertées et pensées à partir des besoins exprimés par les personnels, les parents et les jeunes scolarisés et des tra
vaux et réflexions menés par les chercheurs.

Nous refusons ce simulacre de dialogue et les opérations de communication comme la réunion des 600 lycéens le week end dernier a pu l’illustrer et dont heureusement le ministre a fait les frais.

Parce que nous sommes profondément attachés au service public,

parce que c’est la réussite de tous les jeunes qui nous motive,

parce que c’est notre professionnalité qui est en jeu,

parce que nous ne voulons pas que la jeunesse et l’école publique paient les pots cassés d’une crise qui n’est pas la notre,

nous disons NON à cette politique !

C’est dans la convergence de nos forces que nous pourrons mettre échec les projets ministériels. Cette journée de grève massive doit marquer le début d’un vaste mouvement d’ensemble qu’il nous faut construire.

Réunions dans tous les secteurs avec les personnels et les usagers, actions médiatiques, gel ou refus d’appliquer les réformes phares, grève reconductible… comme dans les autres départements ces questions se posent aujourd’hui. Ne nous interdisons rien, toutes les pistes doivent faire l’objet de discussions entre nous. C’est pourquoi nous invitons tous les collègues à l’AG qui va se tenir maintenant salle des Concerts.

L’heure est à la poursuite de l’action unitaire, tous ensemble, et le plus vite sera le mieux.