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Communiqué de la FSU 72

Face à l’émotion provoquée par l’incendie du collège Val d’Huisne et pour réagir à la visite de Luc Chatel au collège ce matin, les personnels de l’éducation, les parents d’élèves ou des salariés d’autres secteurs ont décidé, en assemblée générale, sur proposition de la FSU de se rendre dans le quartier des Sablons. La manifestation de plusieurs centaines de personnes s’est rendue jusqu’à la maison de quartier Edith Piaf.

En défilant dans le quartier jusqu’au collège, tous les manifestants ont voulu marquer leur solidarité avec les élèves, personnels du collège, les parents d’élèves et plus généralement la population du quartier profondément affectée par ce drame. Le collège Val d’huisne, par un travail éducatif en profondeur de tous les personnels, était profondément ancré et inséré dans le quartier.

Rien ne peut justifier qu’un service public soit incendié et détruit.

Tous les moyens doivent être débloqués pour que ce collège soit reconstruit et que les personnels poursuivent leur mission. Des mesures immédiates d’accompagnement des familles et des personnels doivent être prises pour permettre, dans les meilleures conditions, la continuité du service public.

Par ailleurs, ce serait une nouvelle violence que d’utiliser ce drame pour réorganiser, opportunément et à la baisse, la carte des collèges sur la ville du Mans. Cette tentation ayant déjà fait partie des hypothèses de travail des différents décideurs, notre vigilance n’en sera que renforcée.

Mais, en se déplaçant jusque dans le quartier des Sablons, les personnels ont aussi voulu réagir à la visite du ministre et porte-parole du Gouvernement Luc Chatel et mettre en garde contre toute récupération politique au profit d’une politique sécuritaire ou tentative de discréditer le mouvement social en défense des retraites.

Il n’y a pas de rapport, à ce stade de l’enquête, entre les actions des collégiens la veille et l’incendie criminel de la nuit. Et nous refusons et dénoncerons tous les amalgames que certains seraient tentés de faire comme nous dénonçons l’utilisation nationale d’incidents qui se sont produits à la sortie de lycées ou lors de manifestations pour discréditer la convergence du mouvement lycéens / étudiant avec les salariés ou crier à la manipulation. La révolte de la jeunesse traduit un malaise et une angoisse profonde de l’avenir. Les jeunes lycéens et étudiants perçoivent très bien, consciemment et inconsciemment, à travers la vie de leurs propres parents et leurs propres difficultés d’insertion dans la vie active, les enjeux d’une réforme qui va les conduire à travailler au moins deux ans de plus. Ce sera plus d’usure, plus de fatigue pour leur famille et moins de travail pour eux !

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C’est le mépris affiché par plusieurs membres du gouvernement ou par certains éditorialistes envers les mobilisations des jeunes qui est source de violence.

Mais, dans le même temps, les actions qui se sont développées ces derniers jours devant certains collèges de Sarthe ou d’autres départements ne sont pas sans nous interroger sur la profondeur de la crise sociale et le désarroi d’une grande partie de la jeunesse.

La politique gouvernementale au service exclusif des puissants et des couches sociales les plus favorisées de ce pays provoque une aggravation insupportable des inégalités et de l’exclusion. L’affichage « décomplexé » de la richesse revendiqué par Nicolas Sarkozy est une provocation quotidienne pour toutes les familles et les jeunes qui subissent durement les conséquences de la crise.

Le refus de tout dialogue social traduit cette rupture du contrat social. La délinquance et la violence sont la conséquence de la brutalité économique et institutionnelle du néolibéralisme.

Personne, et surtout pas les personnels, ne peut penser que des blocages de collège relèvent d’une action ordinaire comparable aux blocages de lycées ou d’université. Oui des jeunes collégiens se posent ou peuvent se poser des questions sur le dossier des retraites comme sur l’emploi et le mal vivre. Oui, des jeunes collégiens peuvent vouloir exprimer ou expriment leur sentiment sur les questions sociales mais ce n’est pas à l’entrée d’un collège qu’il doit se manifester mais avec leurs familles, leur parents dans les manifestations appelées et
organisées par les organisations syndicales.

Comment aussi, ne pas entendre ces réflexions entendues « Si je suis pénalement responsable, alors je suis aussi responsable pour bloquer mon collège ». Curieux effet boomerang d’une politique qui a abandonné tout projet éducatif au profit du tout sécuritaire et d’une criminalisation d’une partie de la jeunesse des quartiers populaires.

Oui, les jeunes collégiens ont besoin d’exprimer leur préoccupations, leurs questions d’adultes en devenir. Et l’école, le système éducatif en général, par l’acquisition des savoirs et la construction d’une culture commune doit être un des lieux privilégiés où cette écoute se fait et les problématiques se mettent en place .

Comment passer sous silence, au moment où s’ouvre la discussion budgétaire, que Luc Chatel et son gouvernement sabrent les moyens du service public. L ‘abandon de la politique des zones d’éducation prioritaire, les suppressions massives d’emplois, les crédits pédagogiques supprimés mettent à mal la qualité du service public d’éducation et le droit à une école de qualité pour tous.

Il est facile pour un ministre de surfer sur l’émotion provoquée par l’incendie du collège, mais la responsabilité politique implique qu’il réponde des conséquences de sa politique et de celle de son gouvernement pour l’école, les jeunes et la société en général.

La politique gouvernementale, dont la contre-réforme des retraites est une illustration, conduit à une impasse. Il faut remettre la justice sociale au centre, réouvrir le dialogue et entendre les aspirations profondes de la grande majorité des salariés et de la population. C’est ce qu’exprime la puissance des manifestations. C’est ce mouvement qu’il faut amplifier pour obtenir l’abandon de ce projet et une autre réforme. C’est ce mouvement qui est porteur d’espoir, pour tous !