Toute la réforme en détail et communiqués syndicaux FSU, SNESup, SNUipp, SNES ainsi que le point de vue de la conférence des directeurs d’IUFM et des présidents d’université

diaporama synthétique propositions ministérielles 13 nov 2009

communiqué CDIUFM

rapport de synthèse groupes de travail : réforme détaillée

CPU avis sur projet gouvernemental

Déclaration de la FSU à la réunion sur la formation des enseignants au Ministère de l’Education Nationale 13 novembre

Pour la FSU une réforme de la formation des enseignants s’inscrit dans notre volonté d’aller vers une École réellement démocratique qui assure la réussite de tous les jeunes, qui lutte contre l’échec scolaire et cherche à faire que les inégalités sociales ne se transforment pas en inégalités scolaires.

Une vraie réforme de la formation ne peut s’inscrire dans une logique d’économies budgétaires ou s’articuler avec des réformes régressives mais doit permettre une réelle élévation de la qualification de tous les personnels d’enseignement et d’éducation, articulant exigences scientifiques et professionnalisation, intégrant dimensions disciplinaire, didactique et professionnelle.

Cela implique une formation progressive et intégrée qui commence dès la licence, intègre le master et l’année de fonctionnaire stagiaire.

Mieux former les enseignants exige également de développer le lien enseignement-recherche à tous les niveaux et dans tous les domaines de la formation.

Il est indispensable de conserver et développer une structure de formation spécifique aux enseignants au sein de l’Université. Les IUFM doivent être rénovés et s’appuyer sur des coopérations avec les différentes composantes d’une université et entre établissements. L’Etat doit assurer un cadrage national de la formation et l’équité sur le territoire national. La formation suppose des approches plurielles avec des équipes pluri-catégorielles de formateurs comprenant aussi des enseignants en service partagé ou des maîtres formateurs.

Force est de constater que les annonces que vous nous faites et qui n’ont fait l’objet d’aucune concertation avec les partenaires sociaux ne répondent pas à ces exigences. Au contraire elles confirment une réforme qui se met en place contre l’avis de tous les acteurs concernés et débouchera à terme sur une ségrégation sociale plus grande et une dégradation de la formation.

La Fsu demande à nouveau l’abandon de cette réforme ainsi que le retrait des textes d’application déjà publiés au profit d’une toute autre réforme.

Cela implique que l’on se donne le temps d’une remise à plat complète- un anb selon nous- et que s’ouvrent des négociations autour des axes suivants

mettre en place un système d’allocations d’études et de pré-recrutement

assurer une carte des formations qui permette la préparation de tous les concours

élaborer un cadrage national qui articule la mise en place de masters de qualité et une préparation aux concours de recrutement

conforter le rôle des IUFM et de leur potentiel de formation pour la formation initiale et la formation continuée

mettre en place une année de fonctionnaire stagiaire qui comporte 60% du temps de service accordé à la formation professionnelle.

établir un plan pluriannuel de recrutement et de résorption de la précarité

C’est à ces conditions seulement que l’on pourra véritablement améliorer la formation des enseignants.

SNESup FSU

Les décisions gouvernementales issues des 4 groupes techniques de travail sont inacceptables.

Deux heures durant, vendredi 13 novembre, les cabinets des ministres de l’éducation nationale et de l’ensei
gnement supérieur et de la recherche ont communiqué aux organisations syndicales -exclues de toutes concertations- leurs décisions concernant la réforme de la formation des enseignants dite de « mastérisation ». Portant sur la structure des concours, le calendrier des épreuves (PE, PLC, PLP, agrégation) et le cadrage des masters et des stages, ces annonces ont fait l’objet de critiques extrêmement vives de la quasi unanimité des participants. Insatisfaction, amertume, colère, régression sont les termes qui ont été les plus utilisés pour qualifier les annonces faites.

« Mastériser la formation des enseignants », c’est se donner l’objectif d’amener les futurs enseignants à maîtriser les fondements scientifiques de leur activité professionnelle et les processus de conception des enseignements, en liaison avec la recherche. C’est aussi donner aux futurs enseignants les éléments indispensables pour connaître l’enfant ou l’adolescent. En capacité de concevoir leurs enseignements, entretenant un rapport avec la recherche initié lors de leur formation, les futurs enseignants doivent être formés pour comprendre leurs élèves et leurs erreurs, pouvoir adapter leurs pratiques à des situations inédites et être en mesure d’exercer le doute méthodique. Ainsi comprises, l’obtention des garanties d’une réelle élévation des qualifications relève d’un enjeu de société. La présentation gouvernementale est en totale contradiction avec cette ambition. Le SNESUP estime ces décisions inacceptables et dénonce cette conception de la formation des enseignants. Il considère que les décisions ministérielles prises constituent des entraves à la conception d’une formation des futurs enseignants portant l’ambition d’un net progrès dans la démocratisation de notre système éducatif.

A aucun moment de la présentation, pas plus que dans le document distribué en séance, n’a été mentionné le terme « IUFM ». Alors que le SNESUP a interrogé les ministères quant au sort qui pouvait leur être réservé, les représentants des ministères n’ont pas apporté la moindre réponse. C’est bien la disparition des IUFM qui reste projetée. Le SNESUP réaffirme la nécessité de structures universitaires spécifiques -IUFM rénovés- chargées de la formation des enseignants de la maternelle à l’université, permettant la formation initiale et continue de ceux-ci. Le secrétaire général du Ministère de l’Education Nationale et du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, par son intervention en réunion, confirme la réduction de la formation professionnelle aux seuls stages, au 1/3 de formation continuée en année post-concours et à « quelques modules complémentaires » non intégrés à la formation. Outre le mépris du gouvernement pour les spécificités de la formation des enseignants, cela traduit une vision archaïque de la formation des enseignants, que le SNESUP condamne. Jamais, au cours de la présentation, les questions relatives aux aides financières –bourses, pré recrutements, …- dont pourraient disposer les étudiants n’ont été abordées par les ministères.

La conjugaison de la conception gouvernementale de l’admissibilité du concours (constituée d’écrits, exclusivement disciplinaires pour les PLC et PLP et portant sur « le français et la culture humaniste » et « les mathématiques et les sciences » pour les PE) et d’un calendrier échelonné des différents concours censé permettre aux étudiants de tenter des concours menant à différents métiers de l’enseignement -qu’ils y soient ou non préparés-, rend impossible la conception de formations universitaires de haut niveau qui permettent en même temps la réussite des étudiants. Ces formations – en lien fort avec la recherche et alliant les potentiels avérés des UFR et des IUFM – doivent intégrer harmonieusement toutes les dimensions nécessaires articulant les disciplines, leurs contextualisations, et l’apprentissage des savoirs et « gestes » professionnels pour préparer au métier d’enseignant choisi. En effet, comment serait-il possible d’articuler 2 semestres d’un M2 – à la suite d’un M1 « généraliste » (p.11 diapo.)-, intégrant la préparation à une admissibilité au concours PLC (du 1/12 au 20/12), validant « des compétences en langues et en informatique » (p.4 diapo.), intégrant 6 semaines de stages 108h entre les résultats de l’admissibilité (20/01) et l’admission (mai-juin), voire des stages d’observation au début de ce M2 (p.13 diapo.) ? En dehors du bachotage intensif, le temps de formation restant entre l’admissibilité et l’admission dont disposeront les équipes pédagogiques pour assurer leurs enseignements de master serait ainsi considérablement réduit !

Pour le gouvernement, enseigner n’est pas un métier qui s’apprend et la formation des jeunes ne constitue pas une priorité ! Dans ce contexte, le SNESUP réaffirme plus que jamais son exigence de retrait de cette réforme de la formation des enseignants, des concours de recrutement et de ses décrets d’application, pour pouvoir élaborer une tout autre réforme conduisant à une réelle élévation de la qualification de tous les enseignants.

Le SNESUP appelle à faire de la journée de grève et de manifestations du 24 novembre « pour des créations d’emplois et l’amélioration des carrières, pour une autre réforme de la formation des enseignants », un moment fort pour nos revendications. Les annonces faites par les ministères de l’EN et de l’Enseignement Supérieur et la Recherche sur la Formation des Enseignants n’ont fait l’objet d’aucune concertation : elles confirment une réforme qui se met en place contre l’avis de tous les acteurs concernés et débouchera à terme sur une ségrégation sociale plus grande et une dégradation de la formation professionnelle des enseignants et CPE.

Ainsi le potentiel des IUFM est délibérément sacrifié, le cadrage national des masters se réduit à de vagues principes qui renvoient la formation professionnelle à des stages en responsabilité et à des « modules complémentaires », l’année de stagiaire reste limitée à 30% de formation ; rien n’est prévu en termes de pré recrutement et l’articulation proposée entre concours et masters est contradictoire avec la conception de masters de qualité intégrant toutes les dimensions nécessaires à l’exercice du métier et permettant la réussite des étudiants.

Communiqué FSU

La Fsu demande &#22
4; nouveau l’abandon de cette réforme ainsi que le retrait des textes d’application déjà publiés au profit d’une toute autre réforme.

Cela implique que l’on se donne le temps d’une remise à plat complète- un an selon nous- et que s’ouvrent des négociations autour des axes suivants

mettre en place un système d’allocations d’études et de pré-recrutement

assurer une carte des formations qui permette la préparation de tous les concours

élaborer un cadrage national qui articule la mise en place de masters de qualité et une préparation aux concours de recrutement

conforter le rôle des IUFM et de leur potentiel de formation pour la formation initiale et la formation continuée

mettre en place une année de fonctionnaire stagiaire qui comporte 60% du temps de service accordé à la formation professionnelle.

établir un plan pluriannuel de recrutement et de résorption de la précarité

Dans le prolongement de l’unité contre la vision gouvernementale obtenue en CNESER, la FSU propose de prendre les contacts nécessaires pour réunir les syndicats du MESR et du MEN. Elle appelle les personnels à faire de la réussite de la journée de grève du 24 novembre un moment fort de la lutte contre les projets gouvernementaux.

SNUipp 16 novembre

Enseigner est un métier qui s’apprend

sauf pour le ministère de l’Education Nationale.

Le ministère de l’Education nationale vient d’annoncer vendredi 13 plusieurs décisions à la suite des travaux des groupes ministériels qui se sont tenus depuis le mois de septembre. Le SNUipp déplore que ces annonces n’aient fait l’objet d’aucune concertation avec les organisations syndicales.

Alors que le rapport Marois-Filâtre, la déclaration de l’Académie des sciences, le mouvement des formateurs et les déclarations intersyndicales montraient la nécessité de retirer les textes déjà publiés et d’engager une véritable concertation pour une toute autre réforme le ministère s’entête dans la politique du pire.

Il maintient la suppression de toute référence aux IUFM.

Il maintient, en supprimant les modalités d’organisation de l’actuelle année de stagiaire, l’affectation dès septembre 2010 des étudiants lauréats des concours en pleine responsabilité de classe alors que ceux-ci n’auront effectué aucun stage en responsabilité !

Il renforce le contenu disciplinaire des épreuves du concours revenant même sur l’introduction d’éléments de didactique acceptés par Xavier Darcos dans le projet précédent.


En fixant en septembre la place des épreuves d’admissibilité du concours de professeur des écoles et en leur donnant un strict contenu disciplinaire, le ministère risque d’écarter de la préparation au concours et de la première année de master toute dimension pédagogique et professionnelle à la formation des futurs enseignants et de la réserver à la deuxième année de master !

Le SNUipp est favorable à une élévation de la qualification des enseignants et à une reconnaissance de celle-ci au niveau du master. Il demande que le concours de recrutement se situe en M1 et intègre comme les masters les dimensions disciplinaire, pédagogique et professionnelle en lien avec la recherche.

Le SNUipp dénonce la volonté d’économies budgétaires qui guide cette réforme et appelle les enseignants des écoles à participer à la journée de grève du 24 novembre.

Paris, le 16 novembre 2009

Masterisation : un projet toujours inacceptable ! (SNES)

17 novembre 2009

Les ministres de l’Éducation nationale et de l’enseignement supérieur ont rendu publiques leurs intentions définitives sur la « masterisation ». Si l’élévation du niveau de recrutement au master est actée, le projet contient de nombreuses dispositions le rendant inacceptable en l’état :

  • La confirmation et le développement de stages en responsabilité pour les étudiants

  • La remise en cause de l’année de formation professionnelle après le concours

  • L’absence de pré-recrutements et de dispositifs d’aides sociales suffisants.

Le gouvernement choisit de mettre en péril la formation des maîtres pour répondre à ses objectifs budgétaires. En effet, l’affectation des lauréats des concours sur un service à 12 heures – contre 6 avant 2007 – aura nécessairement des conséquences sur la qualité du service rendu, donc des enseignements. La « professionnalisation » au cours du master ne suffira pas, d’autant qu’elle se limite à deux périodes de stages facultatives, dont l’une vise à utiliser les étudiants comme des moyens d’enseignement ou d’éducation. Par ce dispositif le gouvernement généralise une pratique déjà en œuvre avec les enseignants non titulaires : celui d’une prise de fonction sans formation ni réelle préparation, en cours d’année scolaire, alors que l’enseignant titulaire de la classe a déjà prévu sa progression et mis en place ses habitudes de travail. Cette conception de l’enseignement va à l’encontre de bonnes conditions d’études pour les élèves. En outre, jamais les IUFM et leurs potentiels de formation ne sont évoqués.

C’est d’une tout autre réforme dont la formation des maîtres a besoin. Tout d’abord, reconnaître la qualification réelle des enseignants nécessite de situer le concours du CAPES et de CPE après le master, et en tout état de cause au plus tôt en fin de M2. L’intégration d’éléments pré-professionnalisants aux masters existants ne peut se limiter à de simples stages mais doit inclure des éléments qui seront utiles aux futurs professionnels de l’enseignement et de l’éducation pour prendre le recul nécessaire et adapter leurs pratiques à un public hétérogène.

Toutefois, cette pré-professionnalisation ne saurait suffire et doit se prolonger par une véritable année de formation après la réussite au concours, avec un temps de service réduit, et non augmenté, et une alternance entre théorie et pratique. Cette formation devrait être délivrée dans le cadre d’IUFM rénovés.

Enfin, aucune mesure ambitieuse n’a été annoncée pour compenser l’allongement de la durée des études. La création de véritables pré-recrutements et d’une allocation d’autonomie devrait pourtant être plus que jamais à l’ordre du jour.

Le projet de mastérisation du gouvernement reste inacceptable en l’état et s’apparente à une somme de « bricolages » successifs : par exemple, l’articulation entre le master et la préparation au concours n’est toujours pas définie, pour des concours censés être mis en place dès la rentrée prochaine. C’est aussi pour peser sur cette question d’importance que les personnels des lycées et collèges sont appelés à la grève le 24 novembre.

MASTERISATION : FRONT SYNDICAL CONTRE LE GOUVERNEMENT !
Enseignants et étudiants dénoncent le projet de formation des maîtres

LE MONDE | 16.11.09 |

La réforme de la formation des enseignants, un des sujets centraux dans la contestation qu’a connu l’université au printemps, continue de semer la zizanie. Le projet que les cabinets des ministres Valérie Pécresse pour le supérieur et Luc Chatel pour l’enseignement scolaire, ont présenté vendredi 13 novembre comme "définitif" a été accueilli par un tollé général. Au point qu’il pourrait être amendé.

Le sujet de la formation des maîtres, dit de la masterisation, est un des cadeaux empoisonnés laissés par l’ancien ministre Xavier Darcos à son successeur. Si le principe de base est simple – élever les niveaux des enseignants en les recrutant à bac + 5 contre bac + 3 aujourd’hui – dans le détail, tout pose problème: la date des concours, leur contenu, la définition des masters suivis par ces étudiants. Parce que ces "détails" dessinent une philosophie du métier. Et que sur ce sujet deux approches se heurtent.

Il y a, d’un côté, la volonté gouvernementale d’enterrer les IUFM, de revenir à une formation disciplinaire et à un enseignant qui se définit par sa discipline. Et de l’autre, l’idée que ce métier s’apprend et que le meilleur enseignant n’est pas forcément celui qui fera les meilleures dissertations au concours.

"RÉGRESSIF ET CONSTERNANT"

Le ministère propose une formule qui s’inscrit dans la première approche. "Les concours auront désormais deux épreuves d’admissibilité à caractère disciplinaire et deux épreuves d’admission comportant une dimension professionnelle", précise le document ministériel. La "dimension professionnelle" tenant essentiellement dans la capacité à élabor
er une leçon.

Cette approche fait bondir le Syndicat des enseignants (SE) qui estime "catastrophique, régressif et consternant", une réforme qui relègue à l’après-concours "la question des méthodes pédagogiques, la prise en compte de l’hétérogénéité", comme le souligne Christian Chevalier, son secrétaire général.

De l’avis général, la professionnalité sera la grande oubliée. Il sera bien difficile d’insérer une véritable plage de stages – fortement conseillés mais non obligatoires – entre l’admissibilité et les épreuves d’admission aux concours du second degré. Surtout entre la fin janvier et la fin avril, c’est-à-dire au moment où le futur enseignant prépare ses épreuves de master 2 (M2) et son admission, les écrits du capes ayant lieu en décembre et les oraux en mai-juin.

Cette surcharge de l’année de M2 fait regretter à la cosecrétaire générale du SNES, Frédérique Rollet, que la préprofessionnalisation ne soit pas plus progressive, c’est-à-dire proposée dès la licence. Thierry Cadart, secrétaire général du SGEN-CFDT, se dit lui aussi "très en colère contre les apprentis sorciers du ministère".

Le texte précise par ailleurs que les futurs enseignants du second degré seront formés dans des masters disciplinaires. Ils opteront seulement pour un "parcours complémentaire de professionnalisation" avec en première année un module de "culture générale et histoire de la discipline", en seconde, une "préparation aux épreuves orales". Sur ce point, c’est l’UNEF qui voit rouge et refuse cette approche, estimant lui aussi qu’"enseigner est un métier qui s’apprend".

Les jeunes profs, dont le renouvellement est important dans les années à venir risquent d’arriver bien démunis devant les classes. Pour le concours du premier degré qui aura deux épreuves écrites (une de français-culture humaine et une de mathématiques et sciences) à mi-septembre, les syndicats sont légèrement moins critiques. Ce qui ne signifie pas qu’ils apprécientla disparition totale des arts des épreuves de concours !

Maryline Baumard

Article paru dans l’édition du 17.11.09