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Communiqué de presse SNES-FSU, SNEP-FSU, SNUEP-FSU

Le ministère a transmis aux organisations syndicales un projet de décret et d’arrêté qui modifie profondément les modalités d’évaluation des personnels enseignants, CPE et Co-Psy. L’objectif est clairement de transformer radicalement le métier et le rôle de ces personnels. Le ministre organise un véritable passage en force en voulant soumettre son projet au comité technique ministériel avant les congés de fin d’année.

1/ Le chef d’établissement évaluateur unique des personnels enseignants.
Malgré son incapacité à évaluer le travail pédagogique concret des enseignants dans leur enseignement disciplinaire, le chef d’établissement serait seul chargé de l’évaluation des personnels enseignants.

2/ Des métiers bafoués.
Dans un contexte où les métiers des personnels enseignants, CPE et Co-Psy subissent une transformation forcée, contrainte par des contre-réformes refusées par les personnels mais imposées par le ministère (réforme des lycées, imposition du Livret personnel de compétences, dispositif ECLAIR en particulier), ce projet amplifie cette transformation. Le cœur du métier enseignant, c’est-à-dire l’enseignement d’une discipline et les activités pédagogiques qui l’accompagnent, ne serait plus évalué par les Inspecteurs Pédagogiques Régionaux (IPR), recrutés et formés pour cela dans la discipline des collègues qu’ils inspectent. Leurs missions seraient réorientées vers l’évaluation du système.
Ce serait donc la fin de la double évaluation des personnels enseignants qui constitue la reconnaissance de la spécificité de leur métier : une évaluation pédagogique par l’IPR de la discipline enseignée et une évaluation administrative par le chef d’établissement.
Ce qui deviendra de fait premier, ce n’est plus le cœur du métier, la capacité de l’enseignant à faire acquérir savoirs et compétences à ses élèves, mais tout ce qui est périphérique à l’acte d’enseigner. Cela changera le sens du métier d’enseignant mais aussi le rôle de l’Ecole envers les élèves, dans la mesure où l’appropriation et la maîtrise de savoirs, l’acquisition de compétences seraient minimisées.

3/ La progression de carrière dans les mains du chef d’établissement.
A compter de 2015, le rythme d’avancement pour tous serait le rythme actuel de l’ancienneté, soit le plus lent : la progression de carrière serait étalée sur 36 ans minimum. Les personnels ne pourraient bénéficier d’accélération de carrière que sur proposition du seul chef d’établissement. Cela entraînera des oppositions et des conflits entre collègues de l’établissement au moment où les solidarités devraient être renforcées pour favoriser le travail collectif.

4/ Le gel des promotions jusqu’en 2015.
Le projet ne prévoit, pour la période 2012-2015, aucune procédure d’avancement d’échelon autre que l’avancement au rythme le plus défavorable : l’ancienneté. Non content de sacrifier leur métier, le ministère veut aussi rogner le pouvoir d’achat des enseignants.

Ces projets sont donc totalement inacceptables pour le SNES, le SNEP et le SNUEP. Le ministère ne tire aucune leçon des élections professionnelles. En effet en apportant aux syndicats du second degré de la FSU plus de 50% de leurs suffrages, les personnels ont clairement exprimé leur rejet de telles réformes qui dégradent leurs métiers.

Pour le SNES, le SNEP et le SNUEP, ces projets constituent une agression frontale contre les personnels d’enseignement, d’éducation et d’orientation du second degré et transforment le rôle de l’Ecole. C’est aussi une marque de mépris à l’égard du travail accompli par les enseignants dans leur classe. C’est enfin une volonté de transformer des personnels concepteurs de leur métier en simples exécutants de directives imposées.

Le SNES, le SNEP et le SNUEP sont donc décidés à réagir avec puissance et détermination. Ils exigent l’abandon de ce projet et vont, dans les jours qui viennent, informer la profession sur les réalités de ce projet et mettre en place, avec les autres syndicats du second degré, des actions à la hauteur de l’agression qu’ils subissent.

Le communiqué du SNUipp-FSU

Évaluation des enseignants des écoles :
POUR l’équité et la transparence.

Le ministère annonce qu’il va ouvrir des discussions pour modifier en profondeur les modalités d’évaluation des enseignants. Pour le premier degré, l’inspection en classe serait remplacée par un entretien professionnel mené par un inspecteur et les notes seraient supprimées. Ce nouveau processus aurait des conséquences importantes sur le déroulement de la carrière qui se ferait à un rythme plus lent. Les enseignants seraient à nouveau les grands perdants puisque l’avancement dans le reste de la fonction publique se fait à un rythme plus rapide. Ce scénario entrainerait des évolutions de salaires beaucoup plus lentes. Le ministère chercherait-il ainsi à faire des économies sur le dos des enseignants ? De plus, les inspecteurs influeraient directement sur la rémunération des enseignants. Ils auraient le pouvoir de leur attribuer des mois d’ancienneté leur permettant d’avancer leur date de promotion. La reconnaissance de l’expérience professionnelle liée à l’ancienneté serait complétement minorée.

Le SNUipp-FSU va entrer dans les discussions avec la détermination d’améliorer concrètement le système d’évaluation des enseignants. En effet, si le dispositif actuel est vécu comme injuste tant le poids de la première inspection pèse su
r toute la carrière et inefficace tant il se résume à une simple mise en conformité, le SNUipp-FSU refusera que le dispositif futur accentue ces défauts. Certaines lignes rouges ne doivent pas être franchies. Il s’opposera à une conception managériale basée sur un mérite largement arbitraire qui entrainerait individualisme et division des équipes. Il est également hors de question que l’évaluation ne se réduise à un contrôle administratif et à une opération de classement des enseignants. Le SNUipp-FSU portera le projet d’une évaluation formative qui soit une aide au développement professionnel pour que les enseignants soient encore mieux armés pour faire réussir tous les élèves. Il défendra les principes d’équité, d’égalité de traitement, de transparence. Il s’engage à informer et consulter les enseignants des écoles maternelles et élémentaires.

Paris, le 16 novembre 2011
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nouveau système d’évaluation des personnels enseignants : non merci !

Le snU.pden-FSU s’oppose à la réforme envisagée de l’évaluation des enseignants.
Le seul chef d’établissement ne peut évaluer seul les compétences pédagogiques et disciplinaires de tout enseignant , n’ayant pas lui-même des compétences dans tous les domaines requis pour mener à bien cette évaluation.
Une expérimentation d’entretiens professionnels pour les personnels enseignants ayant 2 ans ou 20 ans de métier a été menée l’an passé. Une partie d’entre eux l’ont d’ailleurs refusée. Aucune évaluation n’a été rendue publique à ce jour et malgré cette absence, le ministère envisage, comme à son habitude, d’étendre à tous les personnels ces entretiens professionnels.
La pratique des entretiens professionnels existe dans nos Établissements Publics Locaux Enseignement pour les personnels administratifs avec tous les effets néfastes que l’on connaît : lourdeur du dispositif pour le chef d’établissement, grande difficulté d’harmonisation, rancœur de certains, recours très difficiles en CAPA. ..

Le snU.pden-FSU rappelle qu’avec la FSU, il s’oppose au rapprochement de l’évaluation des fonctionnaires avec celle menée dans les entreprises. Ce type d’évaluation a pourtant montré ses conséquences néfastes tant pour les personnels que pour la performance à long terme des entreprises. C’est pourquoi il est de plus en plus souvent abandonné au sein même des structures concurrentielles.
Un rapide survol des critères à évaluer montre que nous serons en difficulté face à certains d’entre eux. Comment évaluer :
  • la progression de chaque élève ?
  • la progression de l’enseignant dans ses compétences disciplinaires ?
  • la pratique professionnelle au sein de l’établissement notamment pour celles et ceux qui pour des raisons particulières ne peuvent s’investir autant qu’attendu par le chef d’établissement ?
  • et cerise sur le gâteau : la qualité du cadre de travail, comme mesure-t-on ceci ? En ayant des oreilles dans les couloirs ???
Enfin et cela est plus préoccupant, cet entretien aura un impact non négligeable sur la carrière des personnels et notamment sur leur bulletin de salaire . Nous sommes déjà face à cette difficulté avec les personnels administratifs et savons tous les dégâts que cette réforme a causés. Nous ne voulons pas au snU.pden-FSU perpétuer ce système et rappelons que tous les fonctionnaires doivent être traités de façon équitable. Cette réforme est un encouragement à l’individualisme au moment où l’Ecole a besoin de travail collectif pour assurer l’avenir de nos élèves.

Cette réforme doit être retirée et l’évaluation si elle doit évoluer tout comme les métiers le font, doit se faire suite à des débats sereins entre toutes les parties concernées.

Comment évaluer individuellement des pratiques pour une part collectives ?


Evaluation des enseignants : La réforme appliquée rentrée 2012

Par François Jarraud sur le café péda

Qui doit noter les enseignants et comment les évaluer ? La question pourrait bien s’inviter dans la campagne des présidentielles après la publication, le 15 novembre, par le Café pédagogique des projets d’arrêté et de décret sur l’évaluation des enseignants. Mais pour Josette Théophile, DGRH du ministère de l’éducation nationale, la route est toute tracée. Les textes sont prêts et la nouvelle évaluation des enseignants va s’appliquer à la rentrée 2012.

Après la publication des projets de texte sur l’évaluation des enseignants, nous avions trois questions pour Josette Théophile, directrice générale des ressources humaines du ministère de l’éducation nationale. Comment un chef d’établissement peut-il évaluer les compétences disciplinaires d’un professeur ? Comment évaluer les progrès des élèves, ceux-ci étant un des 4 critères d’évaluation ? Et enfin quel calendrier pour la réforme ?

Comment va noter le chef d’établissement ?

Confier la conduite de l’entretien d’évaluation au chef d’établissement dans le secondaire lui semble naturel. "Les entretiens doivent être réguliers (tous les 3 ans dit le projet d’arrêté) et il faut qu’ils soient menés par quelqu’un de présent dans les activités quotidiennes des enseignants et susceptible de mettre en place une aide et un appui". Mais, pour J Théophile, l’évaluation "ne se résume pas au chef d’établissement". "On part d’une dynamique d’auto-évaluation où l’enseignant réfléchit sur la façon dont il enseigne et dont il s’évalue". Ce processus "sera mis au point avec l’inspection. Il y aura une première validation par l’inspecteur". Le projet d’arrêté stipule que "la méthode et les résultats de l’auto-évaluation sont validés par les corps d’inspection", ce qui semble laisser peu de marge à ceux-ci. En tous cas l’inspection traditionnelle disparaît.

Un chef d’établissement peut-il évaluer les compétences disciplinaires ? Pour Josette Théophile, "on ne peut pas découper une personne en tranche et évaluer des morceaux. Or c’est au chef d’établissement de formuler l’appréciation de synthèse". Mais son avis s’intègre "dans une appréciation globale" avec "un regard de l’inspection sur les critères proposés".

Comment évaluer les progrès des élèves ? "Dans l’absolu c’est une difficulté", nous dit J Théophile. Mais "dans le cadre d’une évaluation régulière tous les 3 ans, on peut utiliser des indicateurs comme la réussite aux examens ou le niveau de la classe".

Le compte à rebours est enclenché. Josette Théophile prévoit le passage des textes en comité technique d’ici la fin de l’année et son application à la rentrée 2012.

Pour Josette Théophile, "le chantier de l’évaluation des enseignants reste ouvert". Il se situe dans le cadre général de l’évaluation de la fonction publique et dans la démarche ministérielle du "contrat de carrière". Il va être l’objet, nous dit-elle, de concertations avec les syndicats des cadres de l’éducation et des enseignants. "C’est un dialogue soutenu pour arriver à un projet dont le contenu reste très ouvert". Toutes les organisations n’ont pas encore réagi à ces projets. Nul doute que l’avis des syndicats de chefs d’établissement et d’inspecteurs pèse sur ce dossier.

François Jarraud

Les projets de textes sur l’évaluation des enseignants

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2011/11/15[…]


Les syndicats face à la nouvelle évaluation

Au rejet plus ou moins violent des syndicats d’enseignants, s’oppose pour le moment le silence des syndicats de cadres. "Totalement inacceptables", pour le Snes, le Snep et le Snuep, les projets de texte sont vivement critiqués. "Ce qui deviendra de fait premier, ce n’est plus le cœur du métier, la capacité de l’enseignant à faire acquérir savoirs et compétences à ses élèves, mais tout ce qui est périphérique à l’acte d’enseigner", écrit le Snes. "Cela changera le sens du métier d’enseignant mais aussi le rôle de l’Ecole envers les élèves, dans la mesure où l’appropriation et la maîtrise de savoirs, l’acquisition de compétences seraient minimisées". Le syndicat fait allusion au fait que l’inspection n’évaluera plus. Il dénonce aussi "le gel des promotions jusqu’en 2015" du fait du changement de système d’avancement.

Interrogé par le Café, Guy Barbier du Se-Unsa, estime ces textes "pas acceptables". "On est attaché au regard croisé IPR – chef d’établissement. Ce dernier a son mot à dire dans certains aspects mais le regard pédagogique ne peut venir que de l’inspection. Comment le chef d’établissement pourrait-il apprécier les compétences disciplinaires comme le demande le texte ? C’est aberrant". Le Se-Unsa rappelle quand même les défauts du système actuel : irrégularité des inspections, absence de critères objectifs et connus.

Le Sgen "salue la disparition de l’inspection individuelle" et demande de "déconnecter la question de l’évaluation des modalités d’avancement… Il est inacceptable qu’avec le nouveau système les personnels soient perdants dans le déroulement de leur carrière".

Les syndicats de chefs d’établissement et d’inspecteurs n’ont pas encore réagi aux projet d’arrêté. En février 2011 ils avaient jugé négativement l’entretien d’évaluation des enseignants annoncé par J Théophile. "Le Snpden, premier syndicat de chefs d’établissement, ne voyait pas comment techniquement il sera possible de passer de la gestion de masse des enseignants à une gestion individuelle. P Roumagnac, pour le SIEN, syndicat d’inspecteurs, disait : "le fait de mener de tels entretiens ne s’improvise pas et ni les chefs d’établissement, ni les inspecteurs ne sont formés pour cela. La généralisation brutale de la démarche apparait donc totalement contre-productive".

Changer l’évaluation pour bloquer les carrières ?

Dans ce domaine comme dans d’autres, le ministère vise-t-il avant tout les économies ? La question peut être posée en reconstituant le déroulé des carrières tel que le prévoit le projet de décret. Sur ce graphique l’axe de gauche correspond aux années.

A l’ancienneté, dans le système actuel il faut 12,5 ans pour atteindre le 8ème échelon. Il en faudra 15 avec le nouveau. Au grand choix, une carrière théorique dure 16 ans et 9 mois aujourd’hui. Elle nécessiterait 25 ans avec la nouvelle évaluation. C’est une énorme masse salariale d’économie potentielle et un coup d’arrêt à l’augmentation de la masse salariale par l’effet GVT.