CDEN du 26 février 2019- Déclaration préalable
Ce CDEN est le premier d’une mandature où la FSU a vu sa représentativité confortée, puisqu’elle y a obtenu un siège supplémentaire. Elle reste ainsi l’organisation des personnels majoritaire dans cette instance comme dans les autres. La délégation FSU ici présente, forte de cette confiance que les personnels lui ont accordée, continuera à porter leur voix, à travers ses mandats, pour défendre et contribuer à l’amélioration du Service Public d’Education.
Or, ce Service Public est particulièrement menacé actuellement. Le Ministre vient en effet de faire voter une loi dont le nom est significatif de la novlangue qu’il pratique couramment. De la même manière que chez Orwell, « la guerre, c’est la paix », ou « l’esclavage, c’est la liberté », on peut raisonnablement dire que chez JM. Blanquer, «la confiance, c’est la défiance, la confiance, c’est l’autoritarisme» . Il instaure ainsi le contrôle de l’expression des enseignant-es, remet en place le pilotage par l’évaluation afin d’imposer le formatage des pratiques, et promeut le retour à des méthodes qui ont fait la preuve de leur inefficacité. La scolarisation à partir de 3 ans, qui est déjà une réalité, n’aura pour seul effet que de contraindre les communes à financer les écoles maternelles du privé. La réforme de la formation initiale permettra d’une part au Ministre de nommer directement les directeurs des nouveaux INSPE, d’autre part de recruter des assistants d’éducation qui pourront rapidement constituer un vivier de remplaçant-es et de contractuel-les, dans la droite ligne du projet CAP22 dont l’objectif est de casser le statut de la Fonction Publique. Pour un Ministre qui ne souhaitait pas faire de loi, on a déjà ici des remises en cause aux conséquences fort inquiétantes. Mais notre Ministre de la confiance ne s’arrête pas là. S’il estime que l’évaluation, c’est bon pour les autres, il s’exonère par contre de celle que le CNESCO aurait pu porter sur sa politique éducative. Et le remplace par le Comité d’Evaluation de l’Ecole, rattaché à son Ministère et dont il nommera les membres, suivant sans doute l’adage selon lequel on n’est jamais aussi bien servi que par soi-même !!! Et puis, tant qu’à faire, allons-y gaiement et introduisons dans un amendement quasiment passé en catimini la mise en place d’un nouveau statut de direction qui permettra de regrouper administrativement dans un premier temps les écoles et collège d’un secteur. On introduit ainsi un nouveau statut hiérarchique dans le premier degré, ce qui est pratique pour s’assurer que les personnels seront bien « dans la ligne ». La limitation de la mission de l’Ecole au « Lire Ecrire Compter et Respecter autrui » témoigne du manque d’ambition que le Ministre porte pour les élèves. Cela revient à faire reposer la responsabilité du rapport à la Culture sur les familles, et révèle la conception qu’il se fait de l’Ecole et de la société : un espace non préservé au sein d’une société de la compétition où chacun est responsable de son avenir, de sa performance et de son échec. Curieuse conception de « l’élévation du niveau général » et de « la justice sociale » proclamées par Jean-Michel Blanquer lors du vote à l’Assemblée. Enfin, cerise sur le gâteau, les drapeaux tricolore et européen, et les paroles du refrain de l’hymne national sur les murs de chaque classe. Il y a là, à la fois une symbolique des plus discutables à imposer ce genre d’artifice quand dans bien des écoles les moyens matériels et humains font cruellement défaut et la recherche d’une polémique afin d’utiliser le bruit médiatique produit pour tenter de masquer les autres articles évoqués plus haut qui eux, sont tout sauf des artifices…
Puisque le manque de moyens vient d’être évoqué, il est temps d’aborder la question de la carte scolaire dont les mesures vont être présentées. La FSU rappelle dans un premier temps son opposition solennelle à la suppression des seuils que vous avez, madame la Directrice académique, décidé unilatéralement. Les seuils permettent en effet un traitement objectif, transparent de la carte scolaire. On peut toujours les améliorer, c’est notre combat permanent, ou les dégrader, comme cela s’est fait il y a quelques années. Mais cette dégradation, lorsqu’elle a lieu, est la conséquence d’une dotation insuffisante. Elle pose cependant un problème politique : cela se voit ! La disparition des seuils évite cet écueil et permet de gérer la carte scolaire sans que soient mis en évidence les besoins. De plus, ce traitement « au cas par cas » introduit inévitablement la mise en concurrence des écoles entre elles, dans un contexte où celle des territoires a déjà été exacerbée par la mise en place des CP et CE1 dédoublés sans financement spécifique. Pour la FSU la baisse démographique brandie pour justifier les retraits de postes aurait pu permettre d’améliorer les conditions d’enseignement, en réduisant le nombre d’élèves par classe. Pourquoi le Ministre qui se flatte des résultats dans les classes dédoublées n’en tire-t-il pas toutes les conséquences en appliquant une réduction du nombre d’élèves à toutes les classes ? La politique austéritaire poursuivie et amplifiée par le gouvernement interdit ce qui constituerait pourtant un levier majeur pour lutter contre les inégalités scolaires.
L’injustice fiscale, qui prive l’État de ses ressources, et l’injustice sociale qui en découle font aujourd’hui l’objet d’une contestation large. Loin des débats feutrés, où l’on est invité à se poser la question de quels services publics on devrait se passer, c’est dans la rue que l’on dénonce un système qui réduit une part croissante de la population à la misère, à la survie. Les multiples mutilations subies, comme les lourdes condamnations, disproportionnées, témoignent de la violence d’un régime qui n’a plus que les armes de la police et de la justice pour tenter d’imposer son illégitimité. La FSU appelle l’ensemble des personnels, retraité-es, précaires, privé-es d’emploi à s’inscrire dans les mobilisations, notamment celle du 19 mars prochain, pour mettre un terme à la politique de casse sociale menée par le pouvoir, et promouvoir un Service Public, dont celui de l’Education, à la hauteur des besoins et des enjeux.