CTSD 1er degré du 23 février 2016- Déclaration de la FSU.

Il fut un temps, pas si lointain, où on parlait de « refonder » l’Ecole et de donner la priorité au primaire. Cette refondation était souhaitée par la communauté éducative, après les années de casse orchestrée par les gouvernements de la précédente mandature. Après 4 ans bientôt, force est de constater que l’on est loin des ambitions annoncées :
"-" une formation initiale éclatée qui s’apparente à un bachotage permanent, et ne fournit pas aux jeunes enseignant-es les cadres ni les outils nécessaires à une entrée dans le métier satisfaisante.

"-" parallèlement, une formation continue qui a complètement disparu alors que sa nécessité s’impose. Même la Cour des Comptes tire la sonnette d’alarme sur ce point, dans un récent rapport !

"-" une réforme des rythmes scolaires incohérente qui renforce les inégalités territoriales.

"-" une détérioration des conditions de travail des enseignant-es dont les tâches augmentent sans cesse, sans que leur salaire ne soit revalorisé ni leur investissement reconnu.Bien évidemment, dans un tel contexte, la lutte contre l’échec scolaire et l’ambition d’une école de la réussite pour toutes et tous sont des objectifs de moins en moins réalistes ! Les opérations de carte scolaire qui sont l’objet de ce CTSD revêtent par conséquent un caractère très particulier. Il s’agit d’anticiper la dernière rentrée scolaire d’un quinquennat qui s’ouvrait sur des promesses favorablement accueillies par la communauté éducative mais qui, au nom d’un pacte de responsabilité dont l’échec est patent en terme de lutte contre le chômage, aura tourné le dos à ses engagements. Ce quinquennat restera celui des renoncements. Renoncements dans le domaine des services publics où la MAP poursuit la même logique que la RGPP, dans les domaines social, économique, écologique où la préservation et l’accroissement des profits de quelques-uns justifient la dégradation des conditions de vie et de travail de l’immense majorité, la casse de la protection sociale, la perte de droits fondamentaux… Pour couronner le tout, c’est notre démocratie déjà fortement malmenée par le recours au fameux 49-3, qui est remise en cause dans le cadre de la prolongation d’un Etat d’urgence dont chacun sait qu’il ne constitue en rien un rempart contre les attaques terroristes. L’objectif est ailleurs

La priorité à l’Ecole primaire tant promise, les enseignant-es n’en voient donc pas la traduction concrète dans leurs classes. Si des recrutements ont bien eu lieu, ils ont la plupart du temps été absorbés par la hausse démographique, et ne se sont pas traduits par des allégements d’effectifs, dont de nombreuses et récentes études confirment pourtant l’effet positif sur les résultats des élèves, notamment les plus « fragiles ». La scolarisation des moins de 3 ans reste marginale, et marque le pas. On est ainsi loin du taux de presque 40% de scolarisation de cette tranche d’âge qui caractérisait notre département dans les années 2000. La non-prise en compte des élèves de cet âge dans les effectifs amène les écoles à refuser d’inscrire les élèves, alors que les demandes (et les besoins) existent. La mise en œuvre du dispositif PMC, inspiré d’une revendication historique du SNUipp-FSU comme un moyen de transformer les pratiques ne concerne lui aussi qu’une minorité d’écoles. Les RASED, dont la saignée a certes été stoppée, n’ont pas été reconstitués à la hauteur des besoins, et la formation prend parfois des détours inquiétants, soit par l’incitation à passer le CAPA-SH en candidature libre, soit par des formations « maisons » qui ne correspondent pas au cahier des charges institutionnel.

Ce constat, nous en voyons aujourd’hui la traduction dans les propositions de mesures qui nous ont été transmises. S’appuyant sur une baisse de la démographie, le Recteur a retiré 12 postes à notre département. On peut penser que cette baisse démographique est en partie la conséquence de la situation économique difficile qui caractérise la Sarthe. Les secteurs qui se dépeuplent correspondent en effet à ceux concernés par les suppressions d’emplois, amenant les personnes touchées à se déplacer pour retrouver un travail. On sait les conséquences néfastes que la dégradation des conditions de vie, l’accroissement de la précarité ont sur les conditions d’ apprentissages des élèves et leur disponibilité pour exercer leur « métier d’élève ». Appliquer la règle à calcul sans prendre en compte cette réalité n’est donc pas acceptable. Ainsi, 47 écoles seraient concernées par des suppressions de classes, 8 par des ouvertures. D’autres, qui ont pourtant des effectifs justifiant une ouverture n’ont pas été retenues. La caractéristique rurale de notre département fait que de nombreuses écoles sont constituées d’un nombre de classes allant de 2 à 4. Une fermeture dans ce contexte n’a pas les mêmes conséquences que dans une école où le nombre de classes est plus élevé. Les classes à niveaux multiples constituent une richesse dès lors que leurs effectifs sont adaptés. Or elles ont tendance à augmenter, dans ces petites écoles où l’on constate une augmentation du nombre d’élèves en grande difficulté sociale et scolaire. Les nombreuses situations de détresse professionnelle qui sont signalées à l’administration comme aux représentant-es des personnels montrent à quel point il devient de plus en plus difficile d’exercer le métier. Pourtant les propositions de mesures ne proposent aucune création de postes RASED (maîtres G notamment), et comme nous l’avons dit plus haut, le nombre de fermetures envisagées approche la cinquantaine. Une seule création de maître de plus (qui vient « compenser » une fermeture dans la même école), et deux ouvertures pour une fermeture de dispositif « moins de trois ans » : comme nous l’avons dit plus haut, la refondation ne passera pas par notre département.

Si le projet de création de 15 postes de titulaires remplaçant-es va dans le bon sens, il reste insuffisant pour mettre en place un véritable plan de formation continue. En revanche, le fait de conserver 10 postes pour des mesures d’ajustement de rentrée reviendrait à entériner l’idée d’un étalement du calendrier et d’une rentrée scolaire perturbée pour un nombre important d’écoles. Nous demandons que l’utilisation de ces postes soit définie dès maintenant pour permettre la préparation d’une rentrée dans les meilleures conditions.

Pour conclure, nous vous demandons Monsieur le Directeur académique, de prendre en compte la spécificité de notre département particulièrement touché par la crise économique. La Sarthe est le département de l’académie où l’Education prioritaire est la plus importante (4 réseaux REP+ et 4 réseaux REP). C’est également un département au secteur rural important, avec comme nous le soulignions plus tôt, des élèves scolarisés qui sont eux aussi très fragilisés. Cette spécificité nécessite l’attribution de moyens, et non leur retrait comme il en a été décidé par le Recteur, lors du dernier CTA. Faute de quoi, malgré la baisse démographique, les conditions d’apprentissage des élèves, et les conditions de travail des enseignant-es vont encore se dégrader ! Pour que la priorité au primaire ne se limite pas à un effet d’annonce il donc est indispensable que le Recteur revienne sur sa décision et qu’une dotation positive nous soit attribuée, il vous appartient d’intervenir en ce sens.