A l’occasion de la première rentrée sous l’égide du nouveau Ministre de l’Éducation Nationale, la FSU dénonce les mesures prises en fin d’année scolaire et les annonces faites durant l’été. Concernant la mise en œuvre des CP à 12, renommés « CP 100% réussite », nous réitérons notre opposition au fait que cette mesure se fasse au détriment du dispositif « Maître de plus que de classes » de même qu’à l’ensemble des écoles du département, la dotation n’ayant pas été réévaluée pour prendre en compte les postes nécessaires à cette mesure. La désorganisation engendrée dans les écoles concernées par l’imposition de cette mesure en fin d’année a généré l’incompréhension et la colère de nombreuses équipes qui ont vu leur implication et leur travail remis en cause sans qu’aucune justification ne soit donnée. « Déshabiller Pierre pour habiller Paul » n’est pas une solution. Il s’agissait là d’un premier mauvais signal. Les annonces et contre-vérités qui ont été diffusées durant l’été ont continué à semer le trouble et confirmé les orientations du nouveau ministre : en effet, à quoi bon raviver la pseudo-querelle des méthodes de lecture, sinon à semer le doute sur le travail de nos collègues ? Rappelons-le, la méthode globale incriminée par le Ministre n’a jamais été mise en œuvre, et tous les chercheurs s’accordent à dire que pour devenir lecteur, il faut à la fois maîtriser le code, et être impliqué dans la recherche du sens. Ramener la lecture à la seule maîtrise du code, comme le sous-entend le Ministre, témoigne d’une conception rétrograde d’une manœuvre démagogique, et ne peut conduire qu’à augmenter les inégalités.
L’égalitarisme serait d’ailleurs la cause de tous les maux dont souffrirait l’École. Là encore, la conception élitiste que cette attaque révèle témoigne d’une orientation nuisible pour l’École et les élèves les plus fragiles. La lutte contre les inégalités scolaires, intrinsèquement liées aux inégalités sociales, doit être au contraire l’objectif que devrait donner au système éducatif celui qui le dirige. Rappelons par ailleurs que ces inégalités ne touchent pas que les écoles de REP/REP+. La soi-disant liberté revendiquée par M. Blanquer n’est à ce titre qu’un prétexte pour mettre en œuvre la dérégulation dont tout donne à penser qu’elle sera son cheval de bataille. Les recettes et la nov-langue néo-libérales sont utilisées à l’envie pour servir ce projet : autonomie des établissements, renforcement du pouvoir des chefs d’établissement et mise en œuvre de la casse du statut des enseignant-es, pilotage du système par l’évaluation, aboutissant à la mise en concurrence des établissements, des écoles, des personnels et donc, des élèves. Tels sont les leviers qui sont annoncés. On sait pourtant que là où ils ont été mis en œuvre, outre atlantique notamment, ils ont contribué à accentuer les inégalités. La FSU avec la profession, s’opposera à toutes les mesures allant dans ce sens et revendique une école de la réussite de tous et refuse celle de la concurrence libre et non faussée, celle du tri social organisé et décuplé.
Aujourd’hui, ce sont les mesures d’ajustement de carte scolaire du 1er premier degré qui sont à l’ordre du jour de ce CTSD. Nous réitérons notre positionselon laquelle il n’est pas envisageable que des écoles subissent une fois la rentrée faite des fermetures avec retrait del’enseignant-e. Réorganiser les écoles, avec comme conséquence l’augmentation des effectifs par classe, avec la création de classes à cours multiples bien souvent, est source d’inquiétude,d’incompréhension et de colère pour les élèves, les parents, les enseignant-es. La FSU soutient toutes les demandes d’ouverture, qui se traduisent par une amélioration des conditions d’enseignement, et soutiendra les écoles qui n’auront d’autre solution que de se mobiliser contre des fermetures après la rentrée. C’est la raison pour laquelle le SNUipp-FSU a déposé un préavis de grève qui permettra aux enseignant-es qui le souhaitent de se mobiliser auprès des familles et des élu-es. Comme nous l’avons déjà développé précédemment, l’École française souffre d’un manque de moyens, ce qu’attestent les nombreuses comparaisons produites notamment par l’OCDE. Si la dotation dont vous disposez, Monsieur le Directeur académique est insuffisante pour pourvoir aux besoins des écoles sans ponctionner dans les moyens en remplacement, nous demandons que l’administration prenne ses responsabilités et demande qu’il soit fait recours à la liste complémentaire afin que le service public d’Education soit en capacité d’accueillir dans les meilleurs conditions l’ensemble des élèves et ce partout sur notre territoire La création sur le long terme de postes permettant de compenser le retard pris devrait être la priorité pour lutter contre l’échec scolaire. Cela implique les moyens nécessaires à la formation continue qui a cruellement manqué ces dernières années. Les annonces faites, en lien avec la réduction des effectifs de la Fonction Publique, ne vont pas en ce sens.
Enfin, les attaques contre ses agents (gel du point d’indice, retour du jour de carence notamment, possible remise en cause de PPCR, hausse de la CSG non compensée), et plus largement celles contre le salariat que constituent les ordonnances visant à détruire le Code du Travail ont amené la FSU et ses partenaires syndicaux à appeler les personnels à se mobiliser, dès le 12 septembre et à construire les prochaines mobilisations, pour signifier notre refus de toute régression sociale. Cette rentrée s’annonce donc sous de sombres auspices. La FSU pèsera de tout son poids pour que les contre-réformes envisagées soient rejetées, et mettra en avant celles qui seront utiles au développement et l’amélioration du service public.