Insultants et scandaleux, les propos tenus par X. Darcos constituent une provocation odieuse. Les réactions sont multiples et la mobilisation unitaire jusqu’au retrait des "contre réformes" sera la meilleure réponse !


"retrait"

maquettes

<!DOCTYPE html PUBLIC "-//W3C//DTD HTML 4.01//EN" "http://www.w3.org/TR/html4/strict.dtd">

X. Darcos sur RMC le 12 février 2009

Il n’y a « aucune raison aujourd’hui objectivement [repousser la réforme de la formation et du recrutement des enseignants à 2011, comme le demande le bureau de la CPU]. D’ailleurs, on me dit "les universités ne voudront pas préparer les étudiants à cela" ; vous savez, moi je recrute 14 000 personnes ; on va les trouver les gens pour passer nos concours. Et aujourd’hui, un professeur sur deux qui est recruté par moi, n’est déjà pas passé par des systèmes de formation des maîtres. Il a tout simplement une licence ou une maîtrise, et il se présente à nos concours et il les a. Donc moi je n’ai pas absolument besoin d’entrer dans des discussions sibyllines avec les préparateurs à mes concours. Je suis recruteur. Je définis les concours dont j’ai besoin. Je garantie la formation professionnelle des personnels que je recruterais. Après, chacun nous suit, ou pas. »

"Aujourd’hui (…) les professeurs passent un concours, ils sont mis dans l’Institut de formation des maîtres, où on leur apprend des théories générales sur l’éducation et de temps à autre, ils vont remplacer un professeur absent. C’est pas comme ça qu’on forme des gens. Autrement dit, ils sont sans arrêt devant un simulateur de vol. Alors que dans le système que je propose, ils ne seront pas dans un simulateur de vol",

LETTRE OUVERTE A XAVIER DARCOS (SNESup FSU)

Paris, le 13 février 2009

Monsieur le Ministre,

Les propos que vous avez tenus concernant la formation des enseignants et les IUFM sont indignes d’un ministre de la République.

Ils sont indignes car ils traduisent une grave méconnaissance de la réalité au sein du monde éducatif. Actuellement, les apprentis professeurs ont, avant et après le concours, des stages d’observation, en pratique accompagnée et en responsabilité. Après le concours, les professeurs des écoles (PE) comme les professeurs des lycées et collèges (PLC) ont, selon des modalités différentes entre les deux corps, un stage en responsabilité. C’est donc une contre-vérité de dire qu’ils sont dans un "simulateur de vol". Au contraire, ils volent de leurs ailes. Mais ils ont été, pour nombre d’entre eux, "lâchés" aux commandes d’une classe qu’après des stages de pratique accompagnée, en co-politage. Le SNESUP, la FSU et bien d’autres, ont demandé que cette prise en responsabilité progressive de la conduite d’une classe se fasse après des stages d’observation et de pratique accompagnée et se retrouve dans toute réforme de la formation des enseignants. Dans l’état actuel de vos propositions, ces conditions sont absentes de votre projet de réforme.

De plus, au cours de la même émission de radio du 11 février, vous avez qualifié de discussions "sibyllines" les réflexions que mènent les universitaires dans les UFR et les IUFM, pour construire les maquettes de master. C’est un affront au travail fait dans des conditions de précipitation que vous tentez de leur imposer à la hussarde. Vos propos affichent un mépris pour les universitaires sans précédent dans l’histoire récente de notre République. Cet anti intellectualisme rappelle les pires heures de l’histoire de France. L’immense majorité des collègues qui contribuent à la formation des futurs enseignants dans les universités, la quasi totalité des conseils des universités, et, depuis plusieurs jours, des dizaines de milliers d’universitaires et d’étudiants dans la grève, et dans les manifestations contestent vos dispositifs. La CPU s’associe maintenant à cette exigence. Aujourd’hui les spectaculaires opérations de "non remontée" des maquettes des masters liés à la formation des enseignants attestent de notre détermination.

Nous sommes, vous le savez, contre le statu quo, mais c’est parce nous pensons que la qualité
de la formation des enseignants est décisive pour la réussite scolaire et l’éducation des jeunes de notre pays que nous voulons une réforme cohérente et sérieusement pensée. C’est pourquoi nous vous demandons solennellement de retirer le dispositif actuellement si mal engagé et de négocier.

A la date où nous vous écrivons, nous vous demandons de maintenir les concours PE et PLC en 2010 dans leur format actuel avec des postes ouverts en nombre requis et que de nouveaux concours, réellement discutés dans leur temporalité et leur contenu, ne soient mis en place qu’en 2011. C’est à ces conditions que les parcours de master préparant aux concours pourront être mis en cohérence avec ceux-ci et, partant, pourront être pleinement efficaces. Tous les éléments de formation, de préparation aux concours et de concours, sont pour nous absolument liés aux statuts des futurs enseignants, à leur période de stage rémunéré, aux missions spécifiques des IUFM (composantes des universités) et de leurs personnels.

Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de notre considération.

Jean FABBRI Secrétaire Général

Communiqué de presse CPU/IUFM, le 13 février 2009

La CPU et la CDIUFM dénoncent les contre-vérités des déclarations du Ministre de l’éducation nationale et le caractère méprisant de ses propos, tout en rappelant leur attachement commun à une formation des maîtres de qualité sanctionnée par un diplôme de master.

Les présidents d’université et les directeurs d’IUFM considèrent que les propos du Ministre insultent tous les personnels aujourd’hui engagés dans une formation des maîtres qui répond à un cahier des charges national et qui est évaluée par une commission nationale présidée par un recteur.

Cette formation fait alterner des activités de formation et d’enseignement avec : un stage en responsabilité dans un des cycles de l’école primaire d’une durée de trente jours, à raison d’un jour par semaine et deux stages en responsabilité de trois semaines chacun dans les autres cycles de l’école primaire, pour les professeurs des écoles ; un stage en responsabilité représentant de 6 à 8 heures par semaine en collège ou en lycée pour les enseignants du second degré.

Il est donc totalement mensonger de prétendre que « temps à autre, ils vont remplacer un professeur absent » et de comparer cette formation à une vulgaire simulation de vol. Les présidents d’université et les directeurs d’IUFM rappellent que le ministère de l’éducation nationale n’a pas apporté toutes les réponses qu’il s’était engagé en septembre à fournir très rapidement, que les maquettes des concours n’ont été connues qu’en décembre et les premières modalités de stage à la mi-janvier.

Ces délais tardifs et ces imprécisions ont largement contribué à empêcher un travail serein sur les programmes de masters.

Présidents d’université et directeurs d’IUFM réaffirment ensemble leur attachement de fond à une formation des enseignants universitaire et professionnalisée et ne considèrent pas qu’une réflexion collective et approfondie sur la formation des maîtres du 21ème siècle relève d’une « discussion sibylline ».

école en danger


"tableau"