Le fait du jour : ouverture du collège dit « nouvelle chance » au Mans.
Rappelons qu’il s’agit d’une initiative d’une fondation privée catholique, la Fondation des Apprentis d’Auteuil, appuyée par le diocèse qui fournit les locaux (ceux de l’ancienne école Sainte Anne, avenue Bollée), soutenue et relayée par le Rectorat et l’Inspection académique qui fournissent les moyens humains d’enseignement. Ce nouvel établissement privé mais financé par des moyens publics vise les élèves décrocheurs.
Rappelons aussi qu’il existe déjà au Mans un collège public spécialisé dans ce domaine, le collège Anne Frank. Or cet établissement n’accueille pour l’instant qu’une cinquantaine d’élèves, dont seulement 6 ou 8 en 6ème, pour une capacité totale de 84 élèves. Quelle nécessité et quelle urgence y avait-il donc à ouvrir un nouvel établissement positionné sur le même secteur ? Quand on pose la question au Directeur académique, il répond dans un premier temps que la démarche n’est pas la même entre les deux établissements, qu’ « Anne Frank » repose sur une adhésion des parents au projet pédagogique, ce qui lui est spécifique, et que donc les deux collèges sont complémentaires.
Cette réponse ne convainc qu’à moitié dans la mesure où, suivant les vœux mêmes de l’IA, le projet et le fonctionnement du collège A. Frank ont été revus de fond en comble au cours des deux dernières années, ce qui a conduit à le « normaliser » et à provoquer un très fort mécontentement d’une grande partie des parents qui, précisément, ne se retrouvaient plus dans ce nouveau projet.
La vraie bonne réponse est plutôt à trouver dans la suite des propos du Directeur académique, lorsque, dressant la genèse de ce nouvel établissement, il « confesse » au détour d’une phrase que la Fondation des Apprentis d’Auteuil a dû fermer l’an passé un établissement à la Bruère dans le Maine-et-Loire. Si l’on comprend bien, dans cette affaire, avant les élèves, c’est tout simplement la Fondation des Apprentis d’Auteuil qui est en difficulté. Et l’Éducation nationale, bonne fille, est venue à son secours en lui trouvant une solution de remplacement.
Quitte à gaspiller des moyens dont nous subissons par ailleurs la pénurie. Signalons tout de même que ce collège emploie cinq enseignants et deux éducateurs pour… cinq élèves recensés en tout et pour tout au moment des vacances de la Toussaint ! Voilà un H/E imbattable, loin de ceux que nous connaissons dans nos établissements publics standards. Nous n’aurions pas été chagrinés que ces moyens soient réattribués aux collèges du département qui fonctionnent trop souvent avec des classes frôlant les 30 élèves.
Quitte aussi à mettre, non pas en complémentarité mais en concurrence ces deux établissements, l’un public et l’autre privé. Et si l’Éducation nationale est bonne fille avec le privé, il paraît tout de même douteux que les largesses continuent indéfiniment et que soit longtemps toléré que d’un coté un collège fonctionne à seulement 60 % de sa capacité et que de l’autre tant d’enseignant-es soient mobilisé-es pour si peu d’élèves. En tout état de cause, l’ouverture de ce collège « nouvelle chance » n’est pas un cadeau pour Anne Frank qui peine à se remettre des virements de bords enregistrés ces dernières années. Il n’est pas dit que pour lui ce soit une « nouvelle chance ».
Le chiffre du jour : 1,235
C’est le H/E (Nombre d’heure de cours par semaine sur nombre d’élèves du département) constaté en octobre dans les collèges « standards » compte tenu des ajustements de dotation et des derniers effectifs connus. Il est … moins bon que celui de l’an passé à la même époque ! Ce qui signifie que les effets des soient disant 60 000 postes réinjectés dans l’E.N ont du mal à se faire sentir ! Parce qu’ils ont du mal à compenser la hausse démographique mais aussi, tout simplement, parce qu’ils sont loin de tous être au rendez-vous. Et encore ce H/E est-il calculé en intégrant les HSA qui représentent plus de 5 % de la dotation totale. Autrement dit, il n’y a pas plus de collègues dans les établissements, le taux d’encadrement n’est pas amélioré, les effectifs par classe augmentent donc mais nous devons travailler plus. Ça, c’est ce qui s’appelle revaloriser la profession et améliorer les conditions de travail et d’enseignement !
Mais rassurons-nous : si celles-ci sont trop dégradées au point que nous ayons du mal à aider les élèves les plus en difficultés, nous savons maintenant que la fondation des apprentis d’Auteuil s’occupe d’eux !
Scolarisation des élèves en situation de handicap
De nombreux élèves en situation de handicap ont commencé l’année sans AVS bien que la MDPH ait notifié la nécessité d’une prise en charge. Certes il y a une augmentation des demandes de l’ordre de 57% mais celle-ci était connue dès la fin juin. Devant notre insistance, le DASEN a finalement reconnu que cela était dû à l’insuffisance de l’enveloppe budgétaire. Celle-ci vient d’être abondée par le ministère seulement début novembre, ce qui permet une nouvelle campagne de recrutements bien tardive.
Nous avons suggéré au DASEN que l’institution s’interroge sur cette hausse de 57% qui pour la FSU correspond peut-être en partie à l’évolution des conditions d’enseignement et du traitement de la difficulté scolaire. En effet, les taux d’encadrement qui se détériorent et l’appauvrissement des dispositifs de prévention, génèrent de la difficulté scolaire, difficulté dont le traitement est désormais de plus en plus individualisé et médicalisé (développement de diagnostics type dys…).