Le film d’animation "Baiser de la lune", suite aux pressions d’associations conservatrices, n’a plus le soutien de l’Éducation Nationale
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Communiqué de presse commun
FSU, Sgen-CFDT, Ferc-CGT, Unsa-Education, FCPE, UNL, FIDL, UNEF
Mercredi 3 février, le ministre de l’éducation nationale s’est exprimé sur l’affaire du « baiser de la lune ». Il s’agit d’un film d’animation à destination des CM1 et CM2 qui est destiné à évoquer les relations amoureuses entre deux personnes du même sexe à travers l’amour d’un poisson-lune et d’un poisson-chat. L’inspection académique d’Ille-et-Vilaine a retiré son soutien et le logo du ministère, à la suite de pressions d’associations conservatrices. Le ministre a déclaré qu’il trouvait « prématuré de traiter de ces sujets en primaire ».
Depuis 2004, le Collectif éducation contre les LGBT-phobies œuvre pour que l’éducation nationale, dans le cadre de la lutte contre les discriminations, prenne en charge de façon spécifique la lutte contre l’homophobie et la transphobie. Il aura fallu des années pour que le ministère se lance timidement et sans moyens dans une campagne d’affichage au lycée, oubliant volontairement les collégiens, et inscrive cette « préoccupation » dans les deux dernières circulaires de rentrée.
Tout montre que c’est très tôt, avant que les stéréotypes et les comportements discriminatoires soient intériorisés, qu’il faut agir. L’instruction civique, l’éducation à la citoyenneté ne sont pas seulement destinées à répondre à des situations difficiles dans les établissements scolaires, elles ont aussi et surtout pour rôle de les prévenir. Dès la maternelle, il est possible de parler de la diversité des familles, de travailler sur les stéréotypes filles-garçons, il est possible de parler d’amour.
L’école n’est pas en dehors de la société. Cette dernière a évolué. En 2004, le ministère chiffrait à 100 000 le nombre d’élèves dont un des parents vivait avec une personne de même sexe. Les questions d’homophobie et d’homosexualité, les questions d’identité de genre, entrent dans l’école. Les enseignants doivent être en capacité d’y répondre : injures dans les cours de récréation, éducation à la citoyenneté et respect de l’autre, éducation à la sexualité, les champs où il est possible d’intervenir sont nombreux, évidemment de manière adaptée à l’âge des enfants. C’est bien dès la maternelle que se construit le « vivre ensemble ».
Le Collectif éducation appelle solennellement le ministre de l’éducation nationale à revenir sur ses déclarations. Il lui a d’ailleurs déjà adressé en ce sens, ainsi qu’à son cabinet et ses services, un mémoire qu’il a réalisé sur « la nécessité de lutter contre l’homophobie et les discriminations de genre dès l’école primaire ». Il réaffirme que l’engagement du ministère ne peut plus aujourd’hui en rester à de simples déclarations d’intention. On ne peut plus, en 2010, accepter que des adolescents se suicident encore pour cacher leur différence, il convient d’intervenir au plus vite en amont.