A trois jours des élections municipales, Madame Lagarde se glorifie d’un taux de chômage de 7,8% qui aurait, dit-elle retrouvé son niveau de 1983.
C’est oublier un peu légèrement que les changements de calcul intervenus dans l’enquête emploi, lors de sa reprise en novembre 2007, après six mois de disparition, ont produit un différentiel que l’INSEE estimait alors à 1 point :
– certes, le nouveau mode de calcul intègre les DOM, ce qui n’est que justice et majore de 0,3 points le taux de chômage.
– mais il le minore, en excluant de ce taux, les personnes qui déclarent être inscrites à l’ANPE sans mentionner d’autres démarches de recherche d’emploi. Ce qui est contradictoire avec le fait que le suivi mensuel auxquelles ces personnes sont contraintes, les amène nécessairement à multiplier les démarches. Ce changement fait baisser le taux de chômage de 0,7 points.
– comme le font baisser d’autres mesures telles que l’intégration des « non-répondants » dans l’échantillon de l’enquête emploi, la modification des méthodes de pondération des données, et la restriction du champ aux ménages ordinaires (excluant ainsi les personnes en prison, en foyer, internats ou sans domicile), ce qui le réduit encore de 0,3 points.
Si on le ramenait, pour la France métropolitaine, aux mesures du thermomètre antérieurement utilisé, le taux de chômage ne se situerait pas alors à 7,5%, mais bien plutôt à 8,5%, ce qui le ramènerait à celui du second trimestre 2005.
Madame Lagarde se targue également de 340 000 créations d’emploi en 2007.
Ce chiffre global qu’il conviendrait d’affiner, ne prend en compte que les créations d’emploi du secteur concurrentiel ; il se gonfle de tous les glissements d’emplois du secteur public au secteur privé : fermetures de services, externalisations de services divers et sous-traitances.
Le nombre de personnes en emploi n’augmente pas, loin s’en faut, du nombre de postes créés dans ce secteur.
Madame Lagarde ne fait pas, non plus, état du nombre d’emplois supprimés dans le secteur public.
Il est également regrettable que Madame Lagarde ne nous éclaire pas davantage sur ce qui lui permet d’affirmer la prépondérance de CDI à temps plein dans ces emplois créés.
Par ailleurs, les expressions de souffrance au travail des salariés, notamment signifiées par le phénomène des suicides liés au travail, laissent quelques doutes sur l’affirmation selon laquelle il n’y aurait « pas de dégradation de la qualité de l’emploi mais au contraire une légère amélioration ».
Enfin, les derniers éléments en notre possession sur les inflexions de l’emploi et l’entrée prévisible dans une situation de crise économique, devraient inciter Madame Lagarde à modérer ses expressions de triomphalisme.