Intervention de la FSU lors du rassemblement du 2 mars 2022

Nous commençons ce rassemblement par une bonne nouvelle : le maire du Mans, Président de la Communauté Urbaine, renonce à l’assignation au tribunal judiciaire de nos camarades Philippe et Jean Luc.

Nous avons fait reculer la frénésie judiciaire de Stéphane Le Foll. C’est bien parce que nous sommes ici, parce que nous avons annoncé cette mobilisation, que nous pouvons compter à notre actif cette victoire par renoncement.

L’audience prévue à 14h n’aura donc pas lieu, ce qui permettra à Philippe et Jean Luc de nous dire quelques mots en direct tout de suite.

Nous n’avons pas annulé ce rassemblement parce que restait hier soir l’assignation au tribunal administratif. Deuxième bonne nouvelle, le maire recule aussi sur la procédure au tribunal administratif.

Ce matin l’audience au TA a été annulée. Notre avocat n’a pas été prévenu ; c’est un appel téléphonique à son initiative à la greffière de Nantes qui lui a permis de ne pas se déplacer depuis Paris. Pas de report, c’est un arrêt pur et simple de la procédure.

C’est donc une victoire sur les deux procédures.

L’avocat caractérise l’attitude du maire comme une intimidation inacceptable et injuste en menaçant deux personnes physiques au titre d’un mouvement collectif. C’est une négation de toute idée de dialogue social. Dans ces procédures les chances de gagner sont très incertaines et dépendent beaucoup des choix idéologiques et politiques du juge. Soit le Juge est courageux en faveur du droit de grève, soit il est conservateur et en reste à la logique de débarrasser le trottoir. Le risque encouru était de près de 5000 € sans compter les 250€ journaliers, par personne en cas de blocage prolongé du site de la Chauvinière.

Je voudrais souligner ici le soutien qui a été apporté par tous les syndicats de la FSU, la FSU elle-même, mais aussi les syndicats de la CGT, de l’ L’UD, ceux de de FO, de la CNT, de l’UNEF. Aussi ceux des organisations politiques : l’union populaire, le PCF, l’Union Communiste libertaire….. Et ce dans un délai plus que court.

Chacun et chacune comprend bien qu’un employeur public qui assigne en justice des syndicalistes est un précédent en Sarthe. Et cela reste exceptionnel à l’échelle nationale.

Quelle conception du dialogue social faut-il avoir pour agresser de la sorte les deux organisations syndicale les plus représentatives, en sachant qu’il s’agit des interlocuteurs privilégiés dans l’avenir proche et lointain. C’est affirmer un autocratisme inquiétant.

La violence judiciaire du maire témoigne d’une volonté d’en découdre avec les agentes et agents, notamment les plus revendicatifs, les plus résistants, les plus lucides sur leur situation. C’est leur capacité d’indignation qu’il veut soumettre. Mais pour cela il a besoin de bouc émissaires.

Alors il cible les organisations syndicales, dans lesquelles ces agents sont souvent solidarisés, organisés. Mais la justice nécessite de cibler encore plus précisément, alors il faut donner des fonctions. Il choisit les secrétaires généraux. Mais la justice veut des individus alors il donne, par l’intermédiaire d’un huissier, les noms de Philippe et Jean Luc. L’assignation en justice est personnelle, ce ne sont pas leur fonctions qui sont accusées, ni la personne morale des syndicats qu’ils représentent, mais bien eux en tant que personne.

Alors nous savons toutes et tous ici que le maire est mal tombé. Je connais très bien Philippe, mieux Jean Luc depuis hier et notre longue conversation avec l’avocat qui nous défend communément, mais je peux vous assurer que nous avons là des personnes exemplaires, de détermination c’est vrai, mais surtout d’honnêteté, d’intelligence, d’écoute, d’organisation pacifique. La manière de les traiter, comme des voyous, des délinquants, responsables de gaspillages publics, de jusqu’au boutisme, est indigne et inacceptable.

Le Maire justifie sa démarche en accusant de façon diffamatoire les organisations syndicales de jusqu’au boutisme.

La réalité est toute autre. Le mouvement a été dans la mesure. Si les repas des cantines scolaires ont été bloqués, ceux des ephad ont été livrés. Distinction a été faite dans les conséquences du mouvement. Un sandwich est évidemment envisageable pour des enfants, pas pour des personnes très âgées potentiellement grabataires. Les choses ont donc été mesurées. Si jusqu’au boutisme il y a c’est celui du maire

C’est bien dans la démarche du maire, qu’il y a un jusqu’au boutisme, lui qui est resté sourd très longtemps aux revendications et qui aujourd’hui pose un acte grave, inédit en Sarthe, de criminalisation de l’action syndicale.

Entre le 17 septembre, date de la première demande de revalorisation, et la première réponse de l’employeur, 49 jours se sont écoulés sans aucune rencontre ni négociation. Devant l’inertie du maire, le 17 décembre 2021, 300 agents et agentes sont venu-es de tous les services s’inviter en Comité Technique Paritaire pour exiger l’ouverture de négociations.

Comment ne pas comprendre que cette action qui débute mardi dernier, est la conséquence d’une exaspération bien légitime ?

Accuser les organisations syndicales, et tout particulièrement leurs responsables, c’est refuser de voir que l’initiative est venue d’agents et agentes excédé-es par une négociation désespérante.

L’employeur porte donc la responsabilité des blocages qu’aujourd’hui il attaque en justice.

Que reprocher à des organisations syndicales qui organisent l’action ?

Les responsables syndicaux qu’il incrimine n’ont rien fait d’autre que d’accompagner et organiser le mouvement. Il y a eu des revendications d’agent-es bien au-delà des 100€. Les discussions, les délibérations organisées ont tranché entre ce qui devrait être dans un monde meilleur, et ce qui est négociable aujourd’hui.

Si ce travail collectif, d’intelligence collective n’avait pas lieu, alors effectivement les mouvements sociaux seraient d’un ordre moins organisé, mais beaucoup plus violents. Faut-il préférer un champ social guerrier, débordé par les colères quand bien même elles sont légitimes ? Est-ce cela que souhaite le maire du Mans ?

Au-delà de Stéphane Le Foll, l’ensemble de la classe politique néo libérale est la promotrice de ce rapport judiciarisé, policier, répressif, aux corps intermédiaires revendicatifs. En tête le pouvoir exécutif actuel. Ce n’est pas un phénomène partiel, anecdotique, c’est un continent de répression qui s’étend. Le maire du Mans en participe manifestement.

Nous avons eu droit à une leçon économique de la part du maire : 150000€ de coût, 11000 repas perdus. Nous n’insisterons pas sur les chiffres annoncés, qu’un rapide calcul montre fantaisistes. Mais bien sûr qu’une action syndicale coûte à l’employeur ! C’est toujours le cas. Quand des ouvriers et des ouvrières arrêtent de travailler, la production s’arrête, l’argent ne rentre plus en caisse. Les patrons savent le dire. Depuis que le syndicalisme existe nous entendons cela.

Mais autant décréter l’interdiction du droit de grève si on conteste ce coût économique. Monsieur le maire ne devrait pas oublier que la grève, le blocage, sont les seuls moyens dont disposent les salarié-es quand leur direction ne les entend pas suffisamment.

Cette assignation exprime un mépris à l’égard des catégories populaires, une méconnaissance du réel.

Au fond, ce que n’entend pas l’employeur c’est la profondeur du malaise de ses salarié-es, mais aussi de l’ensemble du monde du salariat aujourd’hui. Les Gilets Jaunes ont fait peur au pouvoir pour moins que ce qui nous arrive aujourd’hui. Le prix des carburants était bien moins élevé le 17 novembre initial du mouvement. L’évolution actuelle du prix des carburants, des énergies pour se chauffer, est une augmentation extraordinaire, inédite. Et les salarié-es aux salaires les plus faibles, catégories C qui sont nombreuses aujourd’hui parmi nous, sont les premières à entrer dans une détresse économique qui n’est tout simplement plus possible, qui est devenue inacceptable.

On ne tient pas un piquet de blocage par plaisir. Il faut de la détermination et un engagement physique pour cela. De 20h à 10h le lendemain, c’est long, parfois déprimant parce qu’on est peu nombreuses et nombreux. C’est une responsabilité engagée, un risque permanent d’être délogé de force. C’est un engagement d’abord pour les autres.

Le Maire du Mans ferait bien de mesurer cela, avant de caricaturer l’action syndicale comme irresponsable, légère, inconséquente.

Ce n’est pas pour rien que ce sont les premiers et premières de corvée, du ramassage des ordures ménagères, de la restauration scolaire, qui se sont mobilisé-es spontanément.

Je m’adresse à vous tout particulièrement, vous êtes les postes avancés d’une contestation sociale beaucoup plus générale et qui espérons le s’exprimera le 17 mars prochain de façon interprofessionnelle et massive.

Il y a un autre événement que nous devons aussi réussir, c’est le 8 mars. Journée internationale pour les droits des femmes. Car nous le savons toutes et tous ici, cette question salariale nous rassemble, mais les femmes sont particulièrement touchées par la précarité et les bas salaires. Elles sont majoritaires dans les emplois les plus mal payés, et les premiers de corvée sont plus souvent des premières de corvée.

Alors merci à nous toutes et tous ici pour le soutien chaleureux apporté à l’action syndicale, et aux libertés démocratiques !

Restons en lien, en vigilance, pour que le droit syndical soit respecté, défendu âprement comme nous l’avons fait en défendant Philippe et Jean Luc. !

Et de toute façon au 8 mars, puis au 17 pour qu’enfin nos exigences d’une société juste, démocratique et égalitaire, s’imposent.

Le maire du Mans assigne en justice

des responsables syndicaux !

Nous assistons depuis hier soir, dans notre département, à une criminalisation de l’action syndicale.

Le maire du Mans est à l’initiative de l’assignation en justice qui touche les secrétaires généraux départementaux des syndicats FSU et CGT des territoriaux.

L’audience aura lieu mercredi 2 mars à 14h au tribunal du Mans.

Les organisations FSU, CGT et FO appellent à cette date, à 13h30 et en ce lieu à un rassemblement de soutien à nos camarades.

Rappelons que le contexte est celui d’une action syndicale de revendication salariale menée par les territoriaux du Mans, prenant la forme d’une grève et d’un blocage du site de la Chauvinière. L’intersyndicale (FSU CGT FO) a apporté son soutien à ce mouvement.

Depuis mardi soir dernier des salarié-es occupent nuit et jour le site après que les négociations avec l’employeur ont accouché de propositions jugées totalement insuffisantes par les Assemblées Générales de grévistes.

Les quelques dizaines d’euros mensuels promis par la mairie ne permettent pas aux agentes et aux agents de catégorie C de vivre décemment. Ils et elles veulent de véritables revalorisations.

Plutôt que de criminaliser ce mouvement, plutôt que de porter plainte contre des responsables syndicaux, plutôt que de se féliciter d’avoir été force de propositions alors que la principale a été rejetée par les assemblées générales et l’intersyndicale, le maire du Mans devrait interroger fortement sa conception du dialogue social et mesurer la portée symbolique indigne d’une telle démarche.

Si cette répression aboutissait, ce seraient tous nos droits qui seraient menacés. Toutes les organisations syndicales sont concernées.

Tous les syndicats de la FSU 72 apportent leur soutien aux deux secrétaires départementaux incriminés.

Soyons nombreux et nombreuses mercredi 2 mars à 13h30 devant la cité judiciaire du Mans pour soutenir nos camarades et nos droits syndicaux…