Motion du Conseil des Etudes et de la Vie Universitaire de Nantes

« Le CEVU du 29 janvier 2009 demande au Conseil d’administration du 30 janvier de refuser la remontée de l’ensemble des projets de maquettes des masters « Enseignement ». Ce refus ne doit pas être considéré comme un désaveu du travail accompli par les porteurs de projet, mais bien plus comme un refus des conditions imposées par le Ministère (manque de cadre de travail, incertitude sur les moyens mis en œuvre pour l’application de la réforme, absence de précisions sur le contenu des concours…)

Le Conseil dénonce une logique qui conduirait les universitaires à déposer, contrairement à leurs convictions, des maquettes de formation par souci de préserver les intérêts de leur discipline, de l’I.U.F.M. ou de l’U.F.R. Il exprime sa vive inquiétude quant aux conséquences que pourrait avoir une réforme accomplie dans la précipitation sur les étudiants qui ne disposent d’aucune information leur permettant de construire leur projet personnel et sur la qualité de leur formation.

En conséquence, il demande que soit suspendue la réforme des concours jusqu’en 2011 de façon à permettre une réelle concertation et une véritable élaboration. ».

Pétition des enseignants de l’Université de Nantes

Comme de très nombreux universitaires, nous sommes très inquiets par les récentes décisions ministérielles qui proposent une refonte accélérée pour la formation des enseignants du primaire et du secondaire : une mastérisation qui allonge arbitrairement, sans sérieuse contrepartie, la durée des études, en supprimant l’année de formation pratique rémunérée, pénalise gravement les étudiants et les jeunes recrutés. Nous condamnons la place plus restreinte laissée en L et M à la maîtrise par les étudiants de la matière qu’ils auront à enseigner ; tel qu’il est prévu dans les décrets, le recrutement des enseignants se fera sur la base d’épreuves où l’oral ne fera presque aucune place aux connaissances dans la discipline concernée. Il y a là une mise en cause préoccupante du service public d’enseignement, dont la qualité est une condition de l’accès égal et démocratique de chaque élève aux savoirs et à la culture.

Nous refusons également les principes inégalitaires du décret modifiant le statut des enseignants-chercheurs, dont l’application est prévue des la rentrée 2009, en particulier l’article 4 qui remet en cause le service annuel statutaire des enseignants-chercheurs de 192 heures TD annuelles : nous n’admettons pas que s’instaure une concurrence malsaine entre collègues, dont les uns devraient être pénalisés par un horaire accru pour en favoriser d’autres.

C’est pourquoi nous demandons le retrait du projet actuel de mastérisation, et le maintien d’une année de stage rémunéré pour les enseignants nouvellement recrutés.

Nous demandons également que soient revues les dispositions du décret qui portent atteinte à l’unité de statuts entre les enseignants-chercheurs.

Nous interpellons le Conseil d’Administration et le Président de l’Université de Nantes, en leur adressant une double demande :

prendre nettement position pour ne pas transmettre de maquettes concernant les nouveaux masters d’enseignement.

n’imposer à aucun enseignant-chercheur à partir de la rentrée 2009, un service excédant les 192 h statutaires (en effet, d’après le même article 4 du décret, c’est au Président et aux directeurs d’établissement qu’appartiennent les "décisions individuelles d’attribution de services") : toutes les heures au-delà doivent être comptées comme heures supplémentaires.

Compte rendu du CA de l’Université de Nantes

Le vendredi 30 janvier 2009 s’est tenu à partir de 8h30 à la Présidence de l’Université de Nantes le CA qui avait à l’ordre du jour le débat sur la remontée ou non remontée des maquettes de masters-professionnels pour la formation des futurs enseignants du primaire
et du secondaire. Une cinquantaine d’étudiants (syndiqués à Sud, à l’UNEF et non-syndiqués) s’étaient retrouvés devant la Présidence. Une délégation d’enseignants-chercheurs était venue pour demander à être reçue par le CA afin de présenter la pétition du collectif inter-composantes.


Après une courte attente, l’ensemble des étudiants et la délégation ont accès à la salle du conseil.
Les étudiants déclarent leur opposition aux mesures gouvernementales actuelles qui s’inscrivent parmi les conséquences de la LRU. Ils demandent une ferme prise de position du CA en rapport avec la mobilisation qui se développe à l’Université de Nantes.

Puis la délégation des enseignants-chercheurs présente au CA la pétition diffusée par la coordination inter-composantes, déjà signée par plus de cent enseignants et soutenue par deux cents étudiants. Elle insiste sur la nécessité d’un refus par le CA de la remontée des maquettes et demande une claire prise de position du président pour la non-application de la modulation des services des enseignants-chercheurs.
Un large débat se déroule entre les élus du CA et les intervenants extérieurs. Le président déclare son opposition de principe au dépassement des 192h statutaires. Un élu de l’UNEF souligne les risques pour la qualité de l’enseignement d’une concurrence accrue entre enseignants, entre composantes et entre universités.

Sur les maquettes, trois positions se dégagent : le représentant SNESUP de l’IUFM soutenu par celui du SGEN-CFDT se déclare inquiet pour l’avenir des IUFM et prend position pour la remontée des maquettes. La CGT et l’UNEF sont au contraire pour un ferme refus, suivant l’exemple de nombreuses universités à Paris comme en province, soulignant que l’existence de maquettes n’apporte aucune garantie pour la survie des IUFM. Les autres représentants du SNESUP et FO présentent une position intermédiaire et demandent un report tactique de la décision, pour attendre de voir ce que feront les autres universités de l’académie, Le Mans et Angers. Vers 10h15, les intervenants extérieurs quittent le CA pour le laisser délibérer en connaissance de cause.
De son côté le collectif inter-composantes appelle à la grève reconductible appelée par les colllectifs nationaux Sauvons L’Université et Sauvons La Recherche.