L’évaluation des personnels est un sujet sensible, qui apparaît dans l’opinion publique comme une question corporatiste. Quel dossier plus stratégique dans la période actuelle pour tenter de faire oublier la casse du service public d’éducation ? Pour autant ne minimisons pas la cohérence des mesures prises par ce gouvernement : économies budgétaires, attaque du statut d’enseignant, renforcement du pouvoir hiérarchique, individualisation des carrières, mise à mal des collectifs de travail, tout ceci au service d’un processus de libéralisation de l’école publique.
En effet, les intentions du ministre ne sont pas un mystère. Il s’agit de modifier profondément le fonctionnement des écoles et le déroulement des carrières : augmentation de l’arbitraire, renforcement du rôle des IEN et des directeurs dans le premier degré, des chefs d’établissement dans les collèges et les lycées, difficultés à travailler en équipe, recentrage des apprentissages dans un contexte de pilotage du système par l’évaluation…
Ce texte serait une nouvelle étape dans la remise en cause des statuts. Après l’inflation des exigences administratives, la suppression de la formation, le développement des contrats précaires dans le primaire, l’instauration d’un jour de carence, les annonces concernant la nécessité de réformer le temps de travail et les missions des enseignants… aujourd’hui ce texte installe un peu plus la "gestion des ressources humaines" dans les écoles et les établissements. Comme dans le vademecum ECLAIR et plusieurs rapports ministériels récents, on retrouve les fondements des méthodes de management basées sur l’intéressement de l’individu et son supposé mérite. Dans le secteur privé, elles ont fait la preuve de leur efficacité pour pervertir le travail en cassant les solidarités et l’équité entre les personnels. Il s’agit bien d’un enjeu de société, la souffrance au travail est plus que jamais d’actualité et il est de notre responsabilité de nous y opposer ; ce sont aussi les missions de l’école publique qui sont ici en question.
Seuls les entrants au 3e échelon bénéficieront d’une augmentation significative (100 € bruts) alors qu’elle ne sera que de 24€ brut par mois pour ceux qui sont au 5e. Le salaire d’entrée dans le métier atteindra tout juste 1600 € nets. Seules sont concernées les 7 premières années de la carrière et essentiellement les 3 premières. Cette augmentation des débuts de carrière, même cumulée avec celle intervenue lors de la "mastérisation", ne compense pas la perte de l’année d’IUFM rémunérée, après le concours. Ces pseudo-revalorisations seraient largement compensés par un avancement dans la carrière au rythme pour la grande majorité des personnels !
Quant à l’augmentation mensuelle de l’indemnité de direction, elle s’élèvera à 8,40€ pour les écoles de 1 à 4 classes, 16,60€ de 5 à 9 classes et 25€ pour les écoles de 10 classes et plus. C’est bien dérisoire au vu de la charge de travail qui s’alourdit sans cesse !
Ces annonces interviennent dans un contexte d’austérité salariale (perte de pouvoir d’achat de – 10% depuis 2000) où les salaires de l’ensemble des fonctionnaires sont attaqués par le gel de la valeur du point d’indice, l’augmentation du taux pour pension et l’introduction d’un (voire deux) jours de carence.
Pour des progressions de carrières équitables, transparentes et revalorisées
JEUDI 15 DECEMBRE 10h
MANIFESTATION
départ devant le PCC
A l’appel de la FSU et ses syndicats enseignants, UNSA, CGT, FO.