Formation intiale et continue au métier du professorat de l’éducation
Le premier enjeu de la formation est essentiellement qualitatif. La qualité d’un système éducatif tient d’abord à la qualité de ses enseignants. Les élèves ont non seulement besoin de professeurs, mais surtout de professeurs bien formés. La formation des enseignants est un levier majeur pour améliorer notre système éducatif et pour permettre son adaptation aux enjeux du 21 ème siècle. De nombreuses études attestent l’effet déterminant des pratiques pédagogiques des enseignants dans la réussite des élèves. Enseigner est un métier qui s’apprend.
Ce paragraphe est extrait de “Projet de loi d’orientation et de programmation pour la refondation de l’école de la République”, datant de mi-février 2013.
Où en sommes–nous de ces belles et bonnes intentions ?
Ce projet prévoit la disparition des IUFM au 31 août 2013 pour la création des ESPE : Ecoles Supérieures du Professorat et de l’Education.
Si, à l’échelon national, la mise en place des ESPE se réalise tant bien que mal, il faut savoir que cette opération se réalise après que les IUFM aient été intégrés à une Université entre 2007 et 2009. Pour notre académie, Nantes a été l’université intégratrice de l’IUFM des Pays de la Loire.
Ce “détail” a toute son importance puisque les Universités après avoir été déclarées autonomes (loi de l’Autonomie des Universités) se sont vues soumises à la LRU : loi relative aux libertés et responsabilités des universités avant que celle-ci ne soit “complétée” par les Responsabilités et Compétences Elargies (RCE) qui ajoutent une nouvelle dimension dans la gestion des emplois et de la masse salariale.
C’est dans ce contexte que l’ESPE arrive. Et pour être clair, l’Université de Nantes a annoncé un déficit budgétaire important (proche de 9 millions d’euros en 2012).
Mise en place de l’ESPE
Chargé de ce travail le nouveau recteur de l’académie a trouvé un dossier vide à son arrivée début 2013. Un groupe de pilotage pour élaborer le dossier d’accréditation à présenter aux deux ministères (E.N et E.S.R.) a été créé.
Après quelques semaines de travail, le dossier devait prendre le chemin de ces ministères pour le 25 mai. Ce qui a été fait… mais avec le passage obligé par le point 5 dont voici le contenu qu’il n’est même pas utile de résumer :
5 Modèle économique
5.1 Principes retenus pour la construction du modèle économique du projet
En cours de construction en fonction des directives ministérielles.
Cette absence de décision sur le modèle économique révèle les grandes difficultés existantes entre les trois universités ligériennes depuis septembre 2010, date de mise en œuvre de la réforme dite de masterisation.
Les personnels de l’IUFM (5 sites des 5 départements) sont restés personnels de l’Université de Nantes alors que les étudiants se sont inscrits dans l’université de proximité (Le Mans pour les sites de Laval et du Mans). Comme vu plus haut, la masse salariale est donc à la charge de l’université de Nantes. Pour “contrebalancer” ce coût, un accord de reversement a été prévu … mais a mal ou pas fonctionné du tout. L’université d’Angers ayant été dans cette affaire très rétive.
Cette approche financière est nécessaire pour comprendre que début juin 2013, rien n’est réglé pour la rentrée de septembre !
Evincée des discussions entre les universités la direction de l’IUFM a bien compris que le mode de financement de l’ESPE envisagé par l’université de Nantes constitue l’angle privilégié de la création de l’ESPE.
Se servir de l’arrivée de l’ESPE comme variable d’ajustement du déficit nantais, telle est, à cette date, notre crainte.
Alors que nos espoirs se fondaient sur une ESPE forte (lieux uniques de formation sur les 5 sites, gouvernance forte avec budget fléché…), nous sommes dans une phase où rien n’est en place. Si de nouvelles maquettes sont en cours d’élaboration (dans ce décor morose il faut savoir que la définition des nouveaux concours, qui organisent la première année, n’a été fournie que le 19 mars !), personne n’est en mesure d’annoncer de quels moyens l’ESPE et les sites disposeront.
Un seul point est acté :
l’ESPE sera une composante
de l’Université de Nantes.
Depuis la dernière semaine de mai, principes posés par les trois présidents des trois universités
1 – Le fonctionnement de chaque site IUFM sera assuré par l’université de proximité (budget de fonctionnement : eau, électricité, matériel pédagogique, déplacement, etc.).
2 – Idem pour l’immobilier (chaque université prend en charge la destination et la gestion des locaux).
3 – Nantes garde la main sur les emplois et la masse salariale (enseignants et non enseignants).
Or, lors d’une intersyndicale récente, le président de l’Université du Maine a affirmé “ne pas partager le positionnement nantais qui place la situation budgétaire en priorité dans les débats.”
Il y a donc, je cite : “ porte à faux pour discuter sur d’autres bases.”
Pour sa part, il demande au responsable site IUFM du Mans “de faire remonter les besoins. On ne peut pas faire fi des besoins pédagogiques sur le Mans”. Et propose un échange à venir avec les formateurs et personnels.
Si nous sommes prêts à prendre en compte ses bonnes dispositions, qu’en est-il de sa “force” pour s’opposer au dictat nantais !
Les personnels de l’IUFM (site du Mans) sont exaspérés. Epuisés par les trois années de masterisation dont aucun bilan n’a été réalisé, énervés qu’à aucun moment personne ne soit venu les consulter sur ce qu’est une formation d’enseignant, leur expertise acquise, les erreurs à ne pas reproduire…,
Ca suffit !
L’enjeu de la création des ESPE, c’est d’améliorer la formation des enseignants.
Le volet économique, s’il est essentiel, ne doit pas être la priorité !
La priorité c’est une ESPE forte : identité du lieu de formation ; avec une gouvernance identifiée, disposant de moyens.
Pour une véritable alternance, il est nécessaire, entre ESPE et Employeur, d’avoir des heures de suivi… se traduisant par des heures dans les maquettes … lesquelles sont au centre du problème !
Emilien Logeais (IUFM-SNEP-FSU)