Quand le gouvernement casse le CNRS, organisme connu de tous les français et dont la réputation internationale n’est plus à démontrer.
Le découpage du CNRS en Instituts dotés d’un directeur nommé par le ministre accentue le contrôle par le pouvoir politique et le dessaisissement de la communauté scientifique sur les orientations en matière de recherche. Le transfert de certains champs disciplinaires vers d’autres instituts à vocations plus finalisées affaiblit la recherche fondamentale et fait peser des risques majeurs sur l’interdisciplinarité que les chercheurs se sont attachés à largement développer.
Ces mesures s’ajoutent à la généralisation du financement de la recherche sur des projets finalisés, à court terme, par l’Agence Nationale de la Recherche et à l’augmentation de la proportion de postes précaires.
L’ensemble des dispositions, en pesant lourdement sur la liberté et la créativité des chercheurs, sont de nature à nuire à la production de connaissances et aux possibilités d’innovations qui en découlent.
Localement, ces dispositions mettent en danger l’ensemble des domaines et des équipes de recherches, particulièrement pour les équipes en formation, pour des disciplines entières comme celles des Sciences Humaines et Sociales, des Lettres et Langues. Le fonctionnement et le développement des établissements publics de tailles moyennes comme l’Université du Maine risquent d’être gravement mis en cause par ces dispositions visant à la recomposition marchande et concurrentielle de l’ensemble du service public d’enseignement supérieur et de recherche.
Cette inquiétude est partagée par des membres internationalement reconnus de la communauté scientifique et par ses organisations représentatives. Face à la gravité de ces réformes, les personnels des Laboratoires de l’Université du Maine s’associent à la démarche initiée dans d’autres Universités et demandent un moratoire permettant une réelle concertation avec l’ensemble des acteurs concernés.
Les chercheurs sont décidés à empêcher ce processus de destruction, d’abord en bloquant la tenue du CA du CNRS à Paris le 19 juin, seul habilité, aujourd’hui, à décider de cette restructuration. Une grève administrative qui paralysera le système sera déclenchée immédiatement si cette restructuration devait être décidée le 19 juin ou effectuée à la sauvette cet été. Cette grève pourra prendre des formes multiples : refus des directeurs d’unité de signer des documents administratifs, refus de remettre des rapports scientifiques ou financiers, refus de participer à des commissions d’évaluation pour l’AERES (Agence d’Evaluation de la Recherche et de l’Enseignement Supérieur créée en 2006) …
Christophe GIMEL CNRS Laboratoire PCI (syndicat FSU – SNCS)