Environ 300 enseignant-es auront bravé le froid ce mercredi à l’appel de la FSU et de la CGT.

Ci-dessous la déclaration faite par la FSU à l’issue de la manifestation.


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Nous sommes en grève aujourd’hui pour dénoncer des conditions de travail dégradées, une refondation que l’on nous vante dans le discours mais qui dans les faits est loin d’être au rendez-vous.

Effectifs de classes trop lourds, remplacement non assurés, formation initiale et continue insatisfaisante, dispositif d’aide et de prévention de la difficulté scolaire insuffisants : la situation faite au service public d’éducation, aux personnels, aux élèves, est loin de corroborer l’image de priorité gouvernementale affichée dans les médias.

Quid des 60 000 créations de postes annoncés ?

En novembre dernier, donc à la moitié du quinquennat, le ministère affirmait que 28 000 supports stagiaires avaient été budgétés pour assurer la formation des futur-es enseignant-es. (Des supports stagiaires, entendons-nous bien)

Certes… mais qu’en est-il des créations postes ? Le ministère devait reconnaître dans le même temps que les créations n’étaient que de 3 856 postes (2 906 dans le primaire et 950 en collèges et lycées). 3956 sur les 60 000 annoncés à mi-mandat !!!

Dans un contexte de hausse démographique ces créations sont presque exclusivement absorbées par les départements où la croissance est élevée mais n’améliorent en rien les conditions d’enseignement, ni dans ces départements, ni dans les autres !

Alors oui, si nous en sommes en grève aujourd’hui c’est pour dire qu’il y a urgence, que l’école doit être réellement une priorité :

"-" oui il faut alléger les effectifs dans les classes pour revoir les seuils en élémentaire et maternelle, pour ne plus voir des classes de collèges à 28 ou plus, des classes de lycée à 35. Une note de la DEPP a récemment confirmé, à partir de différentes études nationales et internationales, que le nombre d’élèves par classe joue sur la réussite de tous ! Et que la réduction de la taille des classes bénéficie davantage, aux élèves issus d’un environnement social ou scolaire défavorisé, et notamment à ceux scolarisés en éducation prioritaire. Le rapport publié mi-janvier par l’OCDE indique qu’un grand nombre des pays ont intégré les résultats de ces études dans leur politique scolaire et ont engagé une baisse sensible des effectifs par classe au cours des quinze dernières années. Alors pourquoi pas en France ?

"-" oui il faut une vraie réforme des rythmes scolaires qui gomme les inégalités territoriales, qui respecte les rythmes de l’enfant, qui améliore les conditions de travail des enseignant-es et de nos collègues de la territoriale plutôt que de les détériorer !

"-" oui il faut abonder les moyens de l’enseignement agricole public qui faute de places, est contraint de refuser des élèves, qui de fait se tournent vers le privé !

"-" Oui il faut repenser l’éducation prioritaire mais avec les enseignant-es et sans laisser de côté bon nombre d’écoles et d’établissements dont les caractéristiques demandent également des moyens spécifiques.

"-" Oui, il est grand temps de tirer un bilan de la réforme Chatel des lycées, la réforme du bac pro…

"-" Oui il faut cesser le recours au HSA, créer des postes partout où c’est nécessaire, assurer tous les remplacements.

"-" Oui il faut augmenter les postes d’infirmier-es, d’assistant-es sociaux, des personnels admnistratifs qui au sein des équipes, ou encore en complémentarité avec elles, assurent des missions essentielles. Sans eux le service public d’éducation ne peut pas fonctionner.

"-" Oui il faut alléger la charge de travail des prof et de l’ensemble des agents confrontés à de nouvelles tâches, une nouvelle organisation du travail, des pressions manégériales source de stress et de souffrance. Et tout cela nous le subissons sans reconnaissance en temps de service et sans reconnaissance financière.

Les événements récents mettent l’école en première ligne, une école qui loin d’assurer la transmission des connaissances, de former des citoyenn-es libres et éclairé-es reforcent les inégalités sociales. Ce n’est pas de cette école que nous voulons. Ce n’est pas dans cette école que nous voulons exercer ! Parce que oui l’école peut et doit jouer tout son rôle dans l’important travail à mener pour retisser du lien, assurer une réelle cohésion autour des valeurs de notre société. Elle le peut en étant à l’écoute de tous les élèves, en s’efforçant de dépasser les blocages et les postures provocatrices et certainement pas en s’enfermant dans le rôle de censeur-es que l’administration et la police voudraient nous faire jouer. Les valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité ne peuvent pas s’imposer, elles ne prennent sens que si chacun a l’assurance d’être traité équitablement à l’école et dans la société toute entière.

Dans une société qui assure l’égalité de toutes et tous dans l’accès à des services publics de qualité, dans l’accès à l’emploi… Une société qui doit rompre avec la spirale infernale de l’austérité qui ne fait qu’accroitre les fortunes de quelques uns tandis que l’immense majorité s’enfonce plus dans la pauvreté et la précarité.

Dans la fonction publique, les cinq années de gel du point d’indice, les salaires nets qui diminuent du fait de la hausse des cotisations de retraite, conduisent à une baisse importante des revenus. L’OCDE a une fois de plus souligné l’écart de rémunération des enseignants français avec leurs homologues des pays tels que l’Allemagne, les Pays Bas ou l’Angleterre. Ce déclassement salarial des personnels de l’éducation alimente d’ailleurs la crise du recrutement.

Nos revendications salaires, emplois, conditions travail s’inscrivent ainsi dans un combat général contre l’austérité. Combat qui espérons-le est en train de prendre une tournure différente depuis l’arrivée au pouvoir de Syriza en grèce. Il faut en effet rompre avec cette logique qui n’est en rien une fatalité économique. Elle correspond à des choix politiques, des choix société. Mais ce n’est pas de cette société là que nous voulons ! Nous allons continuer à l’affirmer ensemble dans la rue, auprès de nos collègues dans nos établissements et nos écoles pour les convaincre de nous rejoindre.

Cette journée de mobilisation appelle des suites. Pour obtenir la revalorisation financière que nous revendiquons, pour construire une école de l’égalité au service de toutes et de tous. Restons mobilisé-es et amplifions le mouvement !