Jamais l’extrême droite ne sera attendue en soutien des combats de la FSU
A propos de l’article
Le 16 mai dernier un article du Maine Libre a pu créer un doute sur le rapport de la FSU à l’extrême droite.
La FSU 72 tient à préciser sa position ferme, en cohérence avec le texte de congrès national voté à Metz lors de son dernier congrès national reproduit ci-dessous sous le titre « zoom extrême droite », que l’extrême droite qui comprend aujourd’hui le rassemblement national, le parti reconquête, et debout la France est un immense danger pour la démocratie. Aucun soutien n’est attendu de telles forces.
Le SNEPAP-FSU (Syndicat National de l’Ensemble des Personnels de l’Administration Pénitentiaire), syndicat majoritaire au Centre Pénitentiaire Le Mans Les Croisettes, organisait une mobilisation au nom des professionnel.les très ému.es et touché.es par le drame survenu dans l’Eure deux jours plus tôt, pour dénoncer leurs conditions de travail.
Le représentant a dénoncé le manque d’écoute des responsables de l’administration pénitentiaire. Il a par ailleurs souhaité que ce drame ne soit pas l’objet d’une politisation.
En venant ainsi s’inviter à la porte de la maison des Croisettes Marion Maréchal Le Pen a précisément, comme le fait coutumièrement l’extrême droite, instrumentalisé le drame à des fins électorales.
La proximité des expressions de Marion Maréchal, qui fustige la dépense sociale, et du propos rapporté du syndicaliste FSU crée un malentendu que nous levons ici. La FSU réaffirme avec force que l’extrême droite, avec ses discours de haine et ses politiques discriminatoires, est incompatible avec les valeurs de démocratie, d’égalité et de justice sociale que défendent au quotidien les membres et les militant•es de la FSU, en Sarthe comme ailleurs. Lutter contre l’extrême droite et ses idées nauséabondes fait partie intégrante de nos valeurs et de nos actions.
Toute tentative de récupération de nos luttes par des forces politiques qui défendent des mesures inégalitaires, liberticides, antisociales et anti-écologiques est et sera systématiquement et avec force dénoncée, combattue par la FSU et l’ensemble de ses syndicats.
Jamais l’extrême droite ne sera attendue en soutien des combats de la FSU.
Zoom Extrême droite
Les mandats de Clermont-Ferrand restent valables.
En Europe et dans plusieurs régions du monde, des mouvements d’extrême droite et/ou nationalistes, autoritaires continuent de monter en puissance, voire parviennent au pouvoir. Ce qui entraîne de nombreuses conséquences notamment sur les droits des femmes, l’accueil des réfugié·es et la liberté d’expression.
En France aussi, les idées de l’extrême droite, contaminent le débat politique sont relayées avec beaucoup de complaisance par certains médias et les réseaux sociaux. Elles continuent à se diffuser dans l’opinion, corrélées avec le poids du Rassemblement National dans les urnes et la société. Elles participent à une surenchère délétère qui déborde le seul champ de l’extrême droite historique et diffusent dans une partie du champ politique jusque dans les rangs du gouvernement. Les attaques successives du modèle social et l’accroissement des inégalités font le lit de ses idées et favorise l’apparition de nouvelles figures dans le débat politique. Il ne s’agit pas seulement pour la FSU d’en faire le constat, mais d’ouvrir des pistes de réflexions et des répertoires d’actions, unitaires, pour affronter cette menace.
Des polémiques nauséabondes, des offensives réactionnaires voire des actes violents se multiplient. De plus, la forte audience de l’extrême droite dans les forces armées et de police, parmi les membres ou sympathisant·es de certains syndicats et chez une partie de la hiérarchie militaire participe d’un climat toujours plus violent et dangereux.
Le développement du complotisme, notamment au cours de la crise sanitaire favorise la montée des idées de l’extrême droite et la résurgence de l’antisémitisme. Des « collectifs de réinformation » surfent sur la crise démocratique, la gestion erratique et les mensonges du gouvernement, les angoisses, les colères, les peurs, les ignorances, le scepticisme des citoyen·nes, pour diffuser des discours présentés comme « alternatifs ». Ils développent des théories confuses et dangereuses qui présentent un risque réel de récupération par l’extrême droite.
Même si des groupuscules identitaires comme le Bastion social ou Génération Identitaire ont été dissous, ils se recomposent. D’autres groupuscules reprennent de la vigueur et mènent impunément des actions violentes. Des projets d’attentats ont été déjoués, une tribune de généraux proches de l’extrême-droite menaçant d’une insurrection armée publiée. Des militant·es de syndicats, d’associations, des personnalités politiques, des journalistes mais aussi des locaux sont ciblés. Dans ce contexte de plus en plus inquiétant, la protection des personnes et des locaux doit être assurée.
Le virage sécuritaire et la remise en cause des libertés mais aussi les discours opportunistes de partis politiques, concourent à légitimer et à banaliser toutes les formes de racisme et les idées de l’extrême droite : instrumentalisation de la laïcité, défiance vis-à-vis des migrant·es ou supposé·es tel·les, montée de l’islamophobie qui qualifie les situations de rejet, de violence, de stigmatisation des musulman·es ou des personnes perçues comme tel·les…
Il est urgent que le mouvement syndical s’unisse afin de proposer des perspectives sociales, démocratiques, féministes, écologiques, solidaires aux politiques libérales et néocoloniales qui ont légitimé les idées d’extrême droite et qui aggravent les inégalités. Pour reconstruire l’espoir dans le progrès social et stopper la montée de l’extrême droite, il doit mettre l’accent sur ce qui fait ses fondamentaux, notamment la solidarité internationale, la justice sociale et l’égalité des droits.
La FSU poursuit résolument le travail accompli dans le cadre intersyndical, avec VISA, avec l’intersyndicale éducation contre l’extrême droite mais aussi d’autres cadres unitaires, comme dans Plus jamais ça, en organisant des campagnes, des formations, des rencontres pour démonter l’imposture sociale et la dangerosité de l’extrême droite.
Elle travaillera à l’articulation de ce combat avec les luttes antiracistes et, féministes, et s’attellera à un travail en profondeur visant à contrer le confusionnisme et le complotisme.
Pour mettre en échec l’extrême droite la FSU prend toute sa place dans les initiatives visant la déconstruction des idées, des discours et la dénonciation des actions de l’extrême droite qu’elle ne cessera pas de combattre, tant à l’échelle nationale que départementale ou locale car les SD prennent toute leur part dans ces luttes et souhaitent être intégrées à la réflexion syndicale nationale.
A propos de la vidéo concernant ce même évènement.
Suite aux propos d’un secrétaire National du SNEPAP FSU filmés par LMTV le 16 mai dernier à la prison sarthoise des Croisettes en présence de Marion Maréchal Le Pen, et alors que des interrogations légitimes sont suscitées par cette vidéo, la FSU72 affirme comme elle l’a toujours fait que l’extrême droite est un péril immense et absolu pour les travailleuses et les travailleurs, les milieux populaires dans leur ensemble, pour la société française, pour la démocratie et pour la paix. Les différents dirigeants tels que Meloni, Orban, Trump, Bolsonaro, Mileï… le démontrent avec force.
Le titre de la vidéo est « Marion Maréchal, Stéphane Ravier : deux figures du parti “Reconquête!” en visite aux Croisettes ». Les témoignages des syndicalistes sont lancés ainsi par le journaliste : « Ce déplacement est éminemment un acte politique » et conclus par « le ministre, les politiques sont concernés. Les agents font feu de tout bois ». Le traitement est juste journalistiquement et politiquement.
Mais il relève d’une réflexion à distance de temps et de point de vue.
Les acteurs et actrices locaux-ales que nous voyons sont au contraire dans l’immédiateté, l’émotion et la soudaineté parce que ce qui était prévu (administrativement organisé) était uniquement la visite du sénateur dans les locaux de la prison.
A l’extérieur Marion Maréchal Le Pen s’invite et attire la presse. Du point de vue des réprésentant-es syndicaux-ales, comment ne pas s’y rendre ? Elle est sur le piquet de gréve. Comment expliquer aux adhérent-es que leurs représentant-es ne vont pas profiter des micros disponibles ?
Les deux représentants qui s’expriment disent leur volonté de ne pas faire un usage politicien du drame, et tiennent un discours commun centrant sur les conditions de travail.
Ci-après voici le verbatim de la vidéo : « Le plus important c’est que la parole des surveillants remonte au plus haut sommet et qu’elle soit enfin entendue. Parce qu’on en a ras le bol. Nous on s’en fiche. On n’est pas là dans la politisation de ce drame ».
Pour autant les deux représentants ne voient pas, dans l’émotion et l’urgence qui les tient, que la situation qui capte leur image, dans laquelle on les voit en attente de parole comme s’ils étaient en soutien, à proximité de Marion Maréchal, dit tout autre chose que ce qu’a en tête celui de la FSU.
Dans ce contexte d’image et de montage, les propos indifférenciant les possibles soutiens (« Peu importe qui c’est qui serait venu aujourd’hui. On est là juste pour dénoncer nos conditions de travail »), alors que celle qui est là est Marion Maréchal Le Pen, donnent un sens de banalisation de l’extrême droite inacceptable pour la FSU.
Le responsable national du SNEPAP-FSU auteur des propos est-il coupable d’une allégeance à l’extrême droite ? Non.
Est-il coupable d’un propos banalisant l’extrême droite ? Non. Il indique en substance, dans des termes hésitants d’émotion qu’il faut entendre en haut lieu les conditions de travail dans l’administration pénitentiaire. Il demande que la maltraitance qu’ils et elles vivent s’arrête.
Pour la FSU 72, les professionnel-les rassemblées ce 16 mai, ainsi que les journalistes, participent d’un piège propagandiste tissé par une politicienne en quête de voix et profitant de la mort de deux agents. Un jeu historiquement coutumier de l’extrême droite.
On peut hélas constater que ces situations se multiplient tous syndicats confondus.
Une exigence de prudence que la FSU72, et au-delà la FSU nationale, et encore au-delà le mouvement syndical, auront bien sûr à mieux anticiper à la lumière de cette expression malheureuse.
Pour finir, et à une semaine des élections européennes, la FSU réitère son appel, constitutif de ce qui la fonde, en toute indépendance de toute orientation politique partisane : aucune voix pour l’extrême droite !