L’argent public, c’est pour l’école publique !
Pas ou bien peu de mixité sociale dans les établissements privés, un financement à hauteur de 73% de l’Etat sans contrôle ni conditionnement, des subventions extraordinaires accordées par la région Île de France alors que les lycées publics de région parisienne manquent de moyens… Demandons l’abrogation de la loi Debré ! Exigeons la fin du financement du privé par le public !
« La république est forte de tous ces systèmes… Il faut engager tout le monde dans les mêmes exigences avec une école publique forte et une école privée sous contrat qui s’engage. » Macron, 16 janvier 2024
Un cynisme insupportable, alors que Libération révèle cette semaine que l’établissement parisien Stanislas, où sont scolarisés les trois enfants de notre nouvelle ministre de l’Education Nationale, a touché 1,3 millions d’euros pour l’année 2022-2023, auxquels s’ajoutent une subvention extralégale, soit facultative, de la région à hauteur de 487 000 euros, et les frais d’inscription non négligeables (entre 2027€ et 2500€ l’année par élève). Cet établissement privé sous contrat, n’étant pas une association, affiche un chiffre d’affaires de … 22 millions en 2022. Des bénéfices donc, avec de l’argent public !!!
De quel engagement de l’école privée parle donc Macron ?
Au cours de son bref passage rue de Grenelle, Pap N’Diaye avait amorcé, avant d’y renoncer, une réflexion sur la mixité sociale imposée dans les établissements privés. En 2023, le sénateur communiste, Ouzoulias, avait déposé une proposition de loi visant à conditionner les subventions accordées aux écoles privées à des critères de mixité sociale, proposition rejetée par le Sénat.
Concernant l’établissement catholique privé Stanislas, Médiapart s’est procuré le rapport du Ministère suite à l’enquête conduite au sein de l’établissement par des inspecteurs : révélations de comportements homophobes, sexisme, humiliations, propagande anti IVG, culture du viol, dérives dans l’application du contrat d’association avec l’Etat. La liste est longue et explique sans doute les mensonges supplémentaires proférés par A. Oudéa Castéra, qui avait dans un premier temps nié avoir en sa possession ce rapport, avant de déclarer sur France 2 mercredi 17 janvier : « Je précise que ce rapport ne remonte aucun fait d’homophobie, ni aucun cas de harcèlement. Le seul cas d’homophobie a fait l’objet d’un signalement au procureur via la procédure de l’article 40. »
Pas ou très peu de mixité sociale. Un fonctionnement qui repose largement sur un financement public, depuis la loi Debré de 1959. Dans le cas de Stanislas, des manquements graves à la loi et au contrat d’association avec l’Etat.Les finances publiques doivent-elles encore être mises à contribution alors que l’école publique est à bout de souffle ?
Nous aussi notre école est privée…de moyens !
Bâtiments délabrés, problèmes de chauffage, manque de fonds pour acheter des manuels dans le second degré, taux de remplacement catastrophique, RASED réduits à peau de chagrin, manque d’AESH, manque de formation… Les conditions de travail dans le public, loin d’être à la hauteur des enjeux, sont scandaleusement indignes, d’autant plus au regard des déclarations provocatrices du président et de la nouvelle ministre. Le budget de l’école privée augmente plus vite que celui de l’école publique, notamment depuis l’obligation de scolarisation dès 3 ans. Le nombre d’élèves de 15 ans scolarisés dans le privé est passé de 16,4% en 2018 à 21,6% en 2022.
« […] Nous nous assurons que nos enfants sont non seulement bien formés, avec de l’exigence dans la maîtrise des savoirs fondamentaux, mais aussi qu’ils sont heureux, qu’ils ont des amis, qu’ils se sentent en sécurité. » A. Oudéa-Castéra, 12 janvier 2024
La FSU revendique elle aussi pour l’école publique le droit au bonheur et à la sécurité psychologique et physique pour tous·tes les élèves ET pour tous·tes les professeur·es. Elle rappelle le professionnalisme et l’expertise des enseignant·es sur le terrain et souligne l’importance d’une formation de qualité à l’entrée dans le métier, mais également tout au long de la carrière, pour l’ensemble des personnels de l’Education Nationale. Elle réclame des moyens correspondant à la réalité du terrain et mis à disposition de l’école publique, et non au service d’une école privée élitiste qui ne s’inscrit pas dans les valeurs de la république.Abrogeons la loi Debré !
Pour aller plus loin…
Pourquoi l’Etat finance-t-il à hauteur de 73% les établissements privés ?
Paul Devin, président de l’Institut de recherche de la FSU, écrivait ainsi le 7 juin 2023 :
« L’histoire des relations entre l’État et l’enseignement privé au XXe siècle est un renoncement progressif. Les lois de 1882 et de 1905 avaient exclu la possibilité d’un financement public de l’école privée. Mais en 1941, Pétain réintroduit la possibilité d’un subventionnement des écoles privées par l’État et les municipalités.
Par la suite, au double prétexte d’un soutien économique permettant aux familles populaires de faire le choix de l’école privée et de l’amélioration des rémunérations des institutrices et instituteurs, les lois Barangé (1951) et Debré (1959) vont instituer une légalité de l’aide publique au privé qui ne cessera de croître par des concessions légales successives tout au long de la seconde moitié du XXe siècle. »
RAPPEL : La nationalisation de l’enseignement privé sans indemnité ni rachat est un mandat de la FSU.