Déclaration liminaire CSA-SD 1er degré


Madame la Directrice académique,
Madame la Secrétaire générale,
Madame l’Inspectrice adjointe à la DASEN,

Mesdames et messieurs des services,
Mesdames et messieurs les représentant·es des personnels,

Que dire sinon que 2025 commence bien !

À l’international, les désordres du monde atteignent un niveau tel que les pires dystopies semblent se réaliser. Le dérèglement climatique s’accentue, et Donald Trump des pertes de droits pour certains groupes, des déportations de masse tout en considérant l’annexion du Groenland et du canal de Panama. Et cerise sur le gâteau, l’un de ses ministres, le milliardaire Elon Musk, soutient ouvertement un parti néo-nazi en Allemagne tout en exhibant des saluts nazis.

Alors oui, 2025 commence bien !

En France, nous ne sommes pas en reste ! Un nouveau gouvernement illégitime est aux affaires, avec à sa tête un Premier ministre qui déclarait de lundi 27 janvier : “Personne n’a gagné les élections, [personne] n’a de majorité, et personne ne peut imposer sa volonté à d’autres” oubliant que son parti avait 6% des député•es à l’Assemblée Nationale. Mieux encore, il a repris à son compte l’une des pires expressions de l’extrême droite, parlant de “submersion migratoire” en France. Et, là aussi, cerise sur le gâteau pour ce qui concerne l’Éducation, ce grand spécialiste de l’enseignement a affirmé qu’il fallait “reconquérir l’écrit”. D’aucun•e dirait qu’il est réactionnaire, mais lui prétend que c’est progressiste. Et de conclure son propos en insistant sur l’importance de faire de l’écrit à l’école tous les jours, dans tous les cours, (comme si ce n’était pas déjà le cas) pas seulement en français.

Pour les enseignant·es, c’est sûr, 2025 commence bien !

Heureusement, notre ministre de l’Éducation nationale s’y connaît… Ah, non ! Elle non plus n’y connaît rien. Lors de sa passation au Ministère, elle a d’ailleurs avoué qu’elle ne s’attendait même pas à être Ministre de l’Éducation nationale, de la Recherche et du Numérique, seulement quelques heures avant sa nomination.

Après le choc des savoirs, nous faisons face au choc des ignorances… Oui, 2025 commence bien !

Et lorsque le ministre de l’Intérieur, un certain M. Retailleau, félicite Némésis pour son combat, en se déclarant très proche de ce groupe qui promeut “la civilisation européenne comme le berceau de l’épanouissement des femmes” tout en prônant la remigration, il est évident que nous sommes en terrain dangereux.

M. Retailleau a également orchestré l’intrusion de gendarmes et l’arrestation d’une élève de 3e, dont le père est emprisonné dans leur pays d’origine. Ainsi, les ministres de l’Intérieur et de la Justice ont appuyé l’expulsion de cette élève, de son frère et de leur mère.

C’est sûr, 2025 commence vraiment bien !

Sur ce point, Madame la Directrice Académique, la FSU rappelle son attachement au droit à la scolarité de tout jeune. Tous les personnels doivent veiller à ce que leur élève soit en sécurité dans les établissements scolaires, et aucun·e jeune ne devrait être traqué·e par les forces de l’ordre dans un lieu de savoir, d’apprentissage et de culture. Nous vous demandons de protéger les élèves dont vous avez l’entière responsabilité pendant le temps scolaire.

Et alors, bonne nouvelle nous direz-vous, que la suppression de 4000 postes est confirmée… M. Bayrou, qui commence à avoir quelques trous de mémoire, a pourtant oublié de rappeler sur LCI, ce lundi 27 janvier, qu’il comptait tout de même supprimer 470 postes. Tout en réservant 200 postes, au cas où. Au cas où les personnels et les parents d’élèves se soulèveraient, peut-être.

La FSU organisation légitime et représentative des personnels revendique une baisse du nombre d’élèves dans toutes les classes. Entre les classes dédoublées qui montent à 16 (ce qui impliquerait des classes à 32 élèves en éducation prioritaire) et les GS/CP/CE1 limités à 24, sans considération pour les conséquences de ces mesures sur la répartition dans les autres classes, cette politique basée sur le chiffre, malavisée, est un casse-tête pour les équipes. La FSU, largement plus légitime que le Premier ministre, rappelle que toutes les classes doivent être avec des effectifs limitées afin de permettre un travail de qualité, sans opposer les territoires, comme le font les mesures actuelles depuis plusieurs années.

Oui, il faut des moyens spécifiques dans les territoires populaires où les familles sont précarisées ou tout augmente sauf les salaires, tout comme il faut donner de l’air à toutes les écoles qui le demandent, car bien souvent elles sont le seul service public de proximité et structure la vie sociale. Or, quel avenir propose-t-on à des élèves dont les familles voient le service public d’éducation se dégrader ? Ces écoles sont tenues à bout de bras par des enseignants et surtout des enseignantes et des AESH qui n’en peuvent plus face au manque de moyens, au mépris des gouvernants qui racontent n’importe quoi sur l’école et face à la dégradation de leurs conditions de travail et de leur pouvoir d’achat ? Les seules choses qui augmentent avec Emmanuel Macron, ce sont les mauvais coups contre les agent•es des services publics (traitement indemnitaire des arrêts maladie à 90% et suppression de la GIPA) et, évidemment, l’âge de départ à la retraite.

Oui, 2025 commence bien !

Dans quelques jours, nous célébrerons d’ailleurs les 20 ans de la loi 2005-102 du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées.

On peut souligner qu’après deux décennies, seule la chance d’être mal pris en charge a vraiment progressé. L’égalité des drois, elle n’est pas assurée ! Cela soulève des questions quant à son efficacité. L’égalité des droits pour les élèves en situation de handicap demeure tout au mieux un slogan. En Sarthe comme ailleurs, nous constatons un manque de moyens, que ce soit en termes de places en ULIS, de salaires et de statut des AESH ou de formation de personnels spécialisé•es. La FSU appelle à une évaluation sérieuse de la situation : de nombreux élèves n’ont pas accès aux structures et aux ressources dont ils ont besoin. Il est essentiel que nos élèves en situation de handicap puissent bénéficier des mêmes droits que tous les autres.

Oui, décidément, 2025 commence bien !

Nous allons donc aborder dans quelques minutes la question de la carte scolaire.

Or, en Sarthe, vous avez la mission, Madame la Directrice académique, d’organiser le retrait de 5 postes…

  • D’un côté, une quinzaine d’écoles pourraient voir leur fonctionnement s’améliorer par l’ouverture d’une classe.
  • De l’autre, une quarantaine d’écoles sont susceptibles de fermer une classe d’après les documents que vous nous avez fournis. Ce n’est pas seulement un changement de donnée dans un tableau : la fermeture de postes, donc de classes, entraîne un·e collègue contraint·e de quitter l’école, une réorganisation de la répartition, des conditions de travail dégradées, etc.

Oui, pour 40 écoles et 40 équipes et 40 collègues possiblement dans l’obligation de quitter leur poste, 2025 commence bien !

Madame la Directrice académique, avez-vous l’ambition de créer des postes avec les 20 ETP qu’il vous reste ? Pour la FSU, ces postes doivent bénéficier aux classes, aux écoles et aux personnels. Nous attendons des réponses à ce sujet, avant d’engager des échanges sur telle ou telle école.

Madame la Directrice académique, vous avez dans cette instance un pouvoir performatif. Pour vous, dire, c’est faire. Cependant, ce pouvoir est ambivalent, car il peut être aussi puissant et créateur que violent et destructeur. Nous vous demandons de prendre soin de l’école, des élèves, des classes, et évidemment des personnels, dont nous sommes les représentant·es.

Car oui, malgré tout cela, 2025 pourrait ne pas commencer si mal… En effet, il y a à la tête de l’Éducation nationale en Sarthe une équipe entièrement féminisée. Et, en ces temps de Backlash réactionnaire, masculiniste, xénophobe et raciste à l’échelle de la planète entière, nous estimons qu’en Sarthe, pour l’École, 2025 aurait pu plus mal commencer.